Chapitre 103 : Il souriait, mais ses yeux ne suivaient pas.

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Nous avons passé énormément de temps à parler avec Nono. Harry se faisait discret, mais j'ai bien vu qu'à chaque intervention de sa part, mon grand-père l'aimait encore plus.

- On revient te voir demain, Nono, je te le promets.

Je dis cela, sans savoir s'il aura un lendemain.
Mais je vais prier ce soir, et demain même, s'il le faut. Je vais prier pour que mon grand-père reste auprès de nous le plus longtemps possible. Pour qu'il continue à m'appeler "ma mayonnaise" et me dire qu'il m'aime.
Nono me sourit, puis nous quittons l'hôpital. Dans la voiture, je reste silencieuse durant la moitié du trajet.

- Tu veux qu'on aille quelque part ? demande Harry au bout d'un certain temps. On avait prévu de faire les achats pour le bébé.

Je décline sa proposition.

- Je n'ai pas la tête à ça, aujourd'hui.

Il hoche la tête en signe de compréhension.

- Je comprends. Ton grand-père est quelqu'un de génial.

- Je sais. C'est le meilleur.

Même si cela part d'une bonne intention, je n'ai pas envie de continuer de parler de Nono.

- S'il te plaît, on pourrait parler d'autre chose ?

- Oh ! Euh, ouais, bien sûr.

Finalement, je secoue la tête.

- En fait, non, je ne veux pas parler.

Je regarde le paysage défiler à travers la vitre de ma portière. Harry augmente le volume de la musique pour combler notre silence, et en moins de temps qu'il n'en faut, je m'endors.

[...]

Lorsque j'ouvre les yeux, il fait noir et je suis sur quelque chose de mou - le lit. Je me redresse sur mes coudes et appelle :

- Harry ?

Aucune réponse. Je réitère plus fort :

- Harry ?

La porte de la chambre s'ouvre. Il est debout dans l'encadrement de la porte. La lumière du couloir nous éclaire.

- Tu es réveillée ? Tu as faim ? Il est vingt-et-une heures.

Il me donne cette information comme s'il lisait dans mes pensées. C'est exactement ce que je comptais lui demander.

- J'ai dormi combien de temps ?

Il jette un coup d'œil à sa montre.

- Presque trois heures. Tu as faim ?

Je secoue la tête.

- Je ne suis disposée à avaler rien du tout.

- Tu devrais quand même manger, tu sais. Pour le bébé...

Je le coupe.

- Je n'ai pas faim.

Il semble voir mon regard glacial car il se résigne et n'insiste pas.

- Très bien. Hum, si tu me cherches, je suis en bas.

- Pourquoi ?

- Je travaille.

Je fronce les sourcils. J'aurais préféré qu'il propose de venir se coucher avec moi et qu'il me tienne dans ses bras en me murmurant que tout va bien se finir, que Nono ira mieux, qu'il s'en sortira, que je serais heureuse et qu'il m'aime.
Mais il préfère travailler.

- Ok.

Il préfère travailler.
Je me recouche lentement, prête à m'endormir seule dans un lit XXL. Je vois la luminosité de la chambre baissée, signe qu'Harry referme la porte derrière lui. Puis ses pas s'éloignent.
Dire que je ne suis pas affectée par son comportement serait mentir. Je suis mal parce que mon grand-père est à l'hôpital et il préfère travailler plutôt que rester avec moi. Je suis blessée par son acte et je n'ai même pas la force de le lui dire.
Mon esprit vagabonde quelques temps, puis il finit par s'arrêter sur des souvenirs que j'ai de mon grand-père. Il avait un humour à chier, ses blagues étaient si mauvaises qu'il m'arrivait d'avoir un fou rire juste parce que la blague n'était pas drôle et qu'il était ridicule. Pourtant, il pensait pouvoir faire un one-man-show et cartonner. Pour lui faire plaisir, je lui disais que tout était possible et que ses blagues méritaient plus de succès. Bien évidemment, je n'arrivais pas à rester sérieuse et je sais qu'il ne me croyait évidemment pas. Mais il faisait tout comme. Nous avions même cherché des noms qu'il pourrait donner à ses spectacles avant de conclure que "Blues'Berry" était le meilleur, car il était un très grand amateur de Blues et que cela faisait un jeu de mot avec le fruit.
Une larme roule sur ma joue en revoyant la flamme joyeuse qui étincelait dans ses yeux mais qui avait malheureusement disparu aujourd'hui. Il souriait, mais ses yeux ne suivaient pas.
Très vite, d'autres larmes se joignent à la première. Mais je ne les arrête pas et mouille même mon oreiller.
La lumière jaillit d'un coup dans la chambre au moment-même où j'entends la porte s'ouvrir.

- Mais si tu préfères, je reste avec toi.

Je ne lui réponds pas, n'en voyant pas l'utilité.

- Tu pleures ?

Aucune réponse de ma part là non plus.
Le matelas s'affaisse sous son poids et je le sens poser sa main sur mon épaule. Il me tire en arrière et me force à m'asseoir. Il me prend ensuite dans ses bras en me murmurant les mots typiquement rassurants que le petit ami idéal est censé sortir à sa copine.

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J'aime assez ce chapitre, surtout la fin, aww 😍 Et vous ? 😊 Je suis désolée pour mon retard, il est actuellement 00:12, on est mardi (demain je vais voir Maaaaatt 😍) et j'ai encore la masse de devoirs à faire... 😆😂

Don't run away » h.s ─ TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant