┏ Point de vue de Jimin ┓
Dire que ma vie a du sens serait la pire des calomnies. Elle n'a, au contraire, plus aucun sens. Si jamais elle en a eu, du sens... Ah oui, peut-être lorsque j'étais jeune, un enfant sans soucis sauf celui de savoir quoi demander pour Noël. Ça me semble bien loin, et cette époque est révolue depuis un sacré bon bout de temps. Donc oui, ma vie est un vrai bordel. Un gros foutoir, même. Mon état d'esprit actuel se résume en un seul et unique mot : blasé.
Je suis blasé de tout ce qui m'arrive, blasé par le tournant que mon existence semble entêtée à prendre. Il n'y a plus rien qui va ; je ne vais plus en cours par manque d'intérêt, même si je risque de me faire passer un savon par mon père. Il trouve que je ne prends pas assez mes études au sérieux ? Et il a tellement raison. À l'heure actuelle, devoir rester plusieurs heures dans un amphi à me faire bourrer le crâne d'une matière vide de sens à mes yeux, est une totale perte de temps. Rester en position fœtale dans mon lit temporaire, dormir pendant des heures et déprimer semble plus adéquat à mon état d'esprit. Bien sûr, c'est un comportement d'enfant gâté que j'adopte, c'est exactement ce qu'il me dirait. Et c'est là qu'il entamerait le point culminant de son sermon, me jeter le même vieux argument à la figure.
« Remue-toi Jimin, tu ferais honte à ta mère. »
Je ne le dis jamais à voix haute, comme si le dire ferait en sorte de rendre ce concept moins abstrait.
Ma mère est décédée, trois ans après que j'ai perdu la trace d'Hoseok.
On peut dire qu'avec sa disparition, j'ai perdu tout espoir. Avec ma petite sœur Aina, ma mère était la seule à m'accepter tel que je suis. Elle tenait toujours tête face à mon père, pour me défendre. En plus de la perte du garçon que j'aimais, la disparition soudaine de ma mère a laissé un grand vide dans mon intérieur. Je n'étais plus capable de ressentir des émotions. Je n'étais qu'un corps vide, vidé de toutes ses forces. Je n'avais pas vraiment de raison d'avancer, jusqu'à temps que je rencontre Sam. Et pour ce que ça avait donné, je me demande si ça n'aurait pas été mieux si j'étais resté dans ma coquille dénudée de vie et d'essence humaine.
Ce n'est pas tellement le pire, dans tout ça. Maintenant, tout est bon prétexte pour dire que je ferais honte à ma mère. Que ce soit pour mon homosexualité, mes fréquentations ou ma façon d'agir. Mais c'est surtout parce que si ma mère est décédée, c'est de ma faute. Comme si ce n'était pas assez de perdre sa femme, l'amour de sa vie, la mère de ses enfants, mon père me maudissait à un tel point qu'il voulait que je ressente le poids étouffant de la culpabilité.
Il n'y avait pas à s'inquiéter pour ça, tous les jours je la ressens, cette foutue culpabilité.
Jungkook et Taehyung ont beau me rassurer en me disant que ce n'est pas de ma faute, sauf que je sais que ce n'était que des paroles pour me redonner de la force. Alors je cachais bien mon mal-être. Je suis redevenu ce garçon enjoué et de bon vivant, juste pour faire croire à tout le monde qu'il n'y avait rien d'alertant. J'y ai cru un moment, que j'avais le droit de regagner goût à la vie. Mais maintenant, je pense que c'est juste une suite d'événements destinés à m'achever.
Ça s'est passé quelques jours avant le retour de Chihaya, après son échange étudiant en Australie. Nous lui avions organisé une énorme fête avec toute la famille et tous ses amis. En plus de ça, comme si la présence des gens qui l'aimaient n'était pas suffisante, nous lui avions acheté un tas de cadeaux. C'est comme ça que ça marche chez les gens fortunés ; pour nous prouver notre amour, nous nous étouffons sous des présents les plus fastidieux les uns que les autres. J'avais comme pour seule mission d'aller chercher un bijou que ma sœur voulait tant, à la boutique Cartier. Mais tellement débordé avec mes études, j'avais oublié d'aller chercher la commande à la bijouterie. Mon père n'avait pas manqué de m'hurler dessus quant à mon manque de subordination.
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sounds like a phobia
Fanfiction« J'envie les gens. Parfois il m'arrive d'imaginer que j'ai la possibilité d'échanger ma vie avec celle d'un autre. Ce serait tellement plus facile, d'échanger mon passé avec celui de n'importe qui ayant passablement une enfance heureuse. Je ne dema...