sounds like a phobia

chapitre 28

┏ Point de vue de Hoseok ┓

Un mois et demi. Voilà ce qu'il m'a fallu pour me tenir sur mes deux jambes, avec quelques faiblesses, mais surtout avec l'aide de plusieurs supports. J'en suis à la dernière étape de mon long périple vers mon autonomie ; la canne avec laquelle marcher. J'évite toutefois de sortir à l'extérieur, de peur qu'on me regarde comme si j'étais un vieillard avant mon âge... Même si, bon, l'avis des inconnus me passe plusieurs mètres par-dessus la tête. Je n'accorde pas d'importance à ce que mon prochain pourrait bien penser de mon enveloppe physique et charnelle. Même s'il n'y a que ça qui compte, dans ce bas monde.

Un mois et demi seulement, et pourtant, tout semble sur le point de changer. Comme si le vent changeait de sens, comme si tout ce sur quoi on se basait, nos connaissances, nos habitudes, tout ce que je croyais - du moins - acquis, n'avait plus raison d'être. J'aurais eu raison de croire que c'était moi qui était en phase de changement. Les paroles du médecin me reviennent en tête. C'est moi, qui apparemment, selon son degré de connaissances médicinales, avais perdu la carte. C'était moi, qui associait les mauvais concepts aux mauvaises personnes.
Mais rien n'a changé, de ce côté là.

Les gens, à mes yeux, restaient les mêmes. Pas de failles, ni de bribes, laissant planer le doute. Comme si je m'étais réveillé dans nouveau monde, avec tout ce que je croyais permanent, n'était plus d'actualité. Comme si j'étais dans un monde parallèle, dans mon sommeil, et où les gens que j'aimais, ne me reconnaissent plus.

Parfois, j'ai terriblement peur de vivre dans un rêve. Suis-je encore dans le coma ? Et que ce semblant de vie, n'est qu'une illusion ? Est-ce que je suis encore un jeune homme dans un sommeil profond, suite à un accident criminel, et qui rêve d'une vie qui pourrait être la sienne ? Est-ce seulement mon cerveau, qui tente de ne pas lâcher, tant que mon entité réelle n'émerge pas à la surface ?

Est-ce donc seulement un rêve ? J'ai l'impression de vivre, de faire deux pas vers l'avant, mais en fait, ce n'est qu'une putain d'illusion ? Un rêve qui prend des proportions un peu trop réelles ?
Ou suis-je seulement fou ? Et personne n'ose me le dire ?

Les changements se sont imposés d'une façon tellement lente, que je ne l'ai même pas remarqué. Je n'ai pas tout de suite compris que les gens autour de moi, se transformaient. Pour ne plus être ce sur quoi je me basais ; pour réduire à néant cette image, de ma vie, que j'avais, dès mon réveil. Est-ce un genre de complot pour me faire revenir à la réalité ? Ils semblent presque tous d'accord pour dire que je vis dans une fabulation éveillée. Je ne suis pas d'accord. Je sais discerner le vrai du faux. C'est eux, qui vivent dans une illusion. Mais ils veulent à tout prix que je me plis à cette image qu'ils ont de moi. Une personnalité façonnée de toute pièce, un garçon avec un passé totalement décalé au mien.

Je ne sais pas de quoi il s'agit et je n'ai aucune envie de le savoir. Je ne peux pas me permettre d'embarquer dans leur jeu. Ce serait se montrer faible, se plier à leurs désirs et déclarer forfait. Je sais ce qui est vrai. Je sais qui je suis.

Les changements ont commencé comme suit. C'est Yoongi qui a commencé à changer en premier. Mais je ne l'ai réalisé que trop tard, toutes traces de mon frère bien aimé étaient disparues. Et il semble que parfois, il n'y a plus aucun moyen de retourner en arrière. Les choses sont telles qu'elles le sont et vous ne pouvez plus rien faire pour rattraper le coup. C'est comme ça. Une fatalité douce et amère. Il est juste trop tard, pour vous, de retrouver ce qui n'existe plus.

Yoongi est revenu à la maison, sous prétexte qu'il se sentait seul, sans une présence et l'occurrence, la mienne. N'est-ce pas un peu flatteur, de voir que votre présence peut tout changer ? Que vous faites la différence, dans la vie de quelqu'un ? Je me suis souvent demandé comment les choses se seraient déroulées, si je ne m'étais jamais réveillé. Et si tout organismes vivants, dans mon corps, avaient décidé de cesser de se régénérer. Certes, en voilà une façon plus légère de dire que je serais, à l'heure actuelle, mort ; quelque part sous terre ou encore, n'étant que poussière dans une urne. Aurais-je manqué à qui que ce soit ? Il y a avait fort à parier que la réponse se trouvait à être non. Je ne manquerais à personne, sur terre.