sounds like a phobia

chapitre 4

J'inspecte le bout de mes chaussures. On est à nouveau lundi et j'essaie de passer le temps en marchant dans les couloirs. Tout le monde est en cours ou sauf moi, puisque je suis dispensé de sport. Je n'ose pas m'aventurer plus loin que le pavillon des garçons. J'aurais pu sortir dehors, mais aujourd'hui il pleut. Étrangement, moi c'est l'un des temps que je préfère. Et encore plus lorsqu'il fait orage.

Ça me fait penser, lorsqu'on habitait encore dans notre caravane miteuse avec mes parents. Je me cachais sous la table en bouchant mes oreilles. Ma mère me racontait alors des histoires pour me changer les idées. Et lorsque je n'arrivais toujours pas à m'endormir, elle me hurlait dessus. C'était le seul moment où elle était un peu gentille avec moi. À l'époque, l'orage m'effrayait, maintenant ça ne me fait ni chaud ni froid. Je trouve ça plutôt rassurant même. J'ai l'impression que c'est ma mère qui m'hurle dessus en direct du ciel. Pour me dire comme un avertissement céleste ''Hoseok tu n'es qu'un foutu incapable''. Oui, ça a un petit côté rassurant pour moi... Ma mère n'était pas ma mère sans être horrible avec moi.

Je continue à marcher dans les couloirs sans savoir où je vais vraiment. Puis finalement, je m'arrête en voyant un étudiant, l'air mal en point, assied sur le banc devant le bureau du directeur. Évidemment, ce n'est pas n'importe quel élève, il faut que ce soit Park Jimin. Je sais qu'il m'a remarqué alors je ne peux pas rebrousser chemin comme si de rien était. Depuis l'épisode de vendredi soir, j'ai évité de penser à lui. Je ne vois pas pourquoi j'ai paniqué comme un gros mongole. Je croyais quoi ? Que parce qu'il avait un penchant pour les garçons, il allait inévitablement me sauter dessus ? Je ne crois pas, surtout après m'avoir demandé de ne rien dire à personne.

Je me rapproche lentement de lui. En fronçant les sourcils, je remarque qu'il a la lèvre du bas fendue. Dans quelle merde avait-il pu se foutre ?

''Qu'est-ce que tu fais là ? je lui demande.

- Hum ? Je me suis juste battu avec un garçon...''

Je m'assieds à ses côtés. Sans blague, je ne l'aurais même pas deviné moi-même. C'est drôle de le voir si peu bavard pour une fois. C'est toujours lui qui parle trop et c'est toujours moi qui désire qu'il ferme sa grande bouche. Il faut une première fois à tout.

''Sans blague Jimin...

- Il m'embête pour... tu sais quoi.

- Et tes potes ne font rien pour te défendre ?

- Je ne veux pas qu'ils sachent ça.''

Moi qui croyais qu'ils se disaient tout entre eux. D'un côté je peux comprendre. À notre âge, c'est dur de porter des étiquettes. Je le sais que trop bien. Mais c'est encore plus dur de porter une étiquette qui apporte plusieurs préjuger, comme la sexualité. Pour ma part, je me fiche bien de savoir s'il préfère les filles, les garçons, les portes-manteaux ou les plantes. C'est personnel et ça ne devrait pas définir qui l'on est.

Tout comme mes problèmes ne devraient pas définir qui je suis, mais ça c'est une autre histoire.

Je sens qu'il va changer de sujet et ça ne me dérange pas. C'est son droit.

''Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ?

- Dispensé de sport...

- Hoseok ?''

Sa voix a l'air hésitante. Peut-être parce que je passe mon temps à la rembarrer comme une merde. Mettons ça sur le compte de mes sautes d'humeur.

''Ouais ?

- Tu sais, j'ai vraiment envie de te connaître.''

Il est bien le seul à vouloir s'aventurer par ici. Personne ne désire vraiment me connaître, parce qu'on réalise bien assez vite que je suis un peu trop tordu. Ou que ma misérable vie m'a rendue assez tordu. Mais d'un côté, c'est comme si un mur venait de s'abattre en moi. Certes, Jimin a beaucoup moins de problème que moi, mais je sais ce que c'est de cacher qui on est vraiment face aux autres. C'est pesant. Alors peut-être... Peut-être que je devrais le laisser me connaître un peu mieux. Juste en surface. Jusqu'à temps qu'il se lasse. De toute façon, je ne risque certainement pas de m'attacher à lui donc je ne risque rien. Et je ne suis pas assez con pour lui révéler des détails sur mon enfance non plus.