chapitre 30

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Lorsque je mis enfin un pied dans mon appartement, je fus frappé par l'étrange contraste qu'il y avait entre mon chez-moi et l'endroit où j'étais quelques minutes plus tôt

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Lorsque je mis enfin un pied dans mon appartement, je fus frappé par l'étrange contraste qu'il y avait entre mon chez-moi et l'endroit où j'étais quelques minutes plus tôt. Mes yeux prennent un certain temps à s'habituer à la pénombre des lieux, tandis que le club où je me trouvais, était beaucoup plus lumineux.
Et surtout, très sale. Je désigne bien le lieu de notre QG comme un environnement sale ou je ne me sens pas à l'aise... En fait, j'ai l'habitude de la crasse. J'ai grandi dans une vieille caravane et je ne vais pas mentir, la propreté était de loin la dernière priorité des deux personnes qui m'ont élevé. Je ne parlerai même de ce vieil appartement, où par la suite, nous avions vécu quelques années, avant que les services sociaux me prennent sous leur coupe. Mais même sans l'aide de mon oncle bienveillant, j'aurais appris la propreté par moi-même. Je ne suis pas l'enfant négligé qu'on pourrait supposer que je suis.
J'ai tellement un profond dégoût pour moi-même, que la propreté est le seul moyen pour moi de me sentir moins en décalage avec mon être. Quand je me lave, peut-être avec un peu trop d'excès de zèle, c'est le seul moment où je me sens moins souillé par mes défaillances ou mes choix peu reluisants.

Ma soirée d'anniversaire avait pris exactement la tournure que j'avais imaginé. Malheureusement, je n'avais pas réussi à en sortir avant l'heure. Après avoir « tiré mon coup » j'avais eu peine à cacher mon trouble. Mes actions commençaient à me dégoûter de plus en plus. Est-ce que j'avais envie d'être ce garçon, sale, avec un comportement déplaisant et très peu de complaisance pour l'être humain ? D'accord, je déteste les gens en général. Parce que l'Homme est bien trop cruel. Il n'y a rien qu'à voir tout ce qu'on m'a infligé. Mon mépris pour moi-même ne vient pas seulement de moi, mais aussi de l'image qu'on m'a renvoyé de ma personne. Le garçon dont personne ne veut. Le petit garçon qui ne mérite pas l'amour ou l'affection humaine. Alors oui, je déteste les humains. Je pourrais bien clamer, haut et fort, qu'il ne sert à rien d'être sympathique face à cette espèce méprisante.
Mais alors, pourquoi m'abaisser à leur niveau ? Et infliger le même sort à ceux qui ne le méritent pas ?

J'avais un certain problème de conscience. Pendant que les autres discutaient autour de moi, je n'étais qu'un spectateur de ce paysage désolant qu'était ma vie. Un peu comme si mon esprit avait quitté mon corps et que j'étais un simple voyeur. Il ne méritait pas ça. D'aimer un homme incapable de donner en retour. Car je prends et je prends sans compter, sans mesurer, sans prendre en compte mes excès. C'est une faute impardonnable. Et je ne peux pas y remédier.
Mais mon humeur sombre s'est remise en accord avec ma personnalité froide, lorsque j'étais en compagnie de mon unité. J'avais effacé mes tourments d'un revers de la main, pour me concentrer sur les propos de Roger. Quelque chose dans son discours m'avait alarmé, et je n'étais pas sûr de vouloir être mis dans le secret. Plusieurs hypothèses ont fait leur place dans mon esprit.  D'accord, je sais que de vendre de la drogue, c'est illégal et immoral. Mais je ne blesse personne, ne force personne. Mes clients sont tous conscients et viennent chercher mes fournitures par eux-même. Ce n'est pas moi qui va leur forcer la main pour qu'ils se poudrent le nez. Ils sont tous responsables de leurs dépendances, comme je l'ai été de la mienne.
Mais faire quelque chose de plus illégal et de plus payant ? C'est souvent contre nature. Et je ne crois pas avoir les tripes pour le faire. Encore moins si c'est en contradiction avec mes valeurs morales.
Et oui, même les sales types dans mon genre, ont des valeurs...

sounds like a phobiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant