Dix-septième chapitre

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Point de vue de Nek:

Une semaine. Une semaine que j'étais à la rue. Une semaine que je filtrais les appels de ma mère et ses messages me suppliant de revenir ou de simplement dire où j'étais. Une semaine que je n'avais pas de nouvelles de mon père. Et une semaine que je scouatais à droite à gauche chez des potes, enfin, des frères plutôt.

 Ils se démenaient pour me sortir de cette merde, tandis que je commençais à baisser les bras, après seulement une petite semaine. Moi qui pourtant détestais perdre, j'avais tout perdu. Le pire dans tout ça, c'est que je n'ai jamais été autant minable de toute ma vie, qui elle se résumait aux soirée, à boire, fumer, et aux salopes. J'avais pris mes distance avec Elena, par honte qu'elle ne me voit comme cela.Alors qu'au fond, c'est en ce moment même que j'avais le plus besoin d'elle. Elle me... Manquait. Pourtant, elle avait essayée plusieurs fois de me voir, et demandait souvent de mes nouvelles aux gars. 

Je n'allais également plus en cours. Ma vie était un foutoir. Je n'avais plus l'envie de m'en sortir, plus l'envie de me battre. Je commençais même à croire que mon père avait raison, que je n'étais qu'un petit branleur.

J'étais sur le canapé de Mekra, en pleine redescente, quand je le vis s'asseoir à mes côtés, l'air très sérieux.

Mekra: Ecoute Nek, tu le sais, t'es un frère pour moi. Mais te voir te détruire comme ça, ce n'est plus possible. Donc tu vas reprendre ta vie en main, pour toi et pour nous. Et on va t'aider, d'accord?

Nekfeu: C'est plus facile à dire qu'à faire.

Mekra: J'ai jamais dit que ça serait facile, mais t'en es capable. Sérieux frère, t'as pas envie de faire fermer la gueule à ton père?

Nekfeu: Si... Mais comment?

Mekra: On va trouver une solution.

Après cette discussion, Mekra me passa comme modèle sa lettre de motivation, pour que j'aille déposer mon CV pour décrocher un petit boulot. Puis, j'allais recommencer les cours pour enfin décrocher mon bac, et prouver à mon père qu'il avait tord sur mon cas. J'avais enfin retrouvé cette rage qui m'animait, la rage de vivre, de réussir. Cette rage me brûlait tous les membres de mon corps, à m'en faire tressaillir. Mais ce n'étais pas désagréable, au contraire, pour la première fois depuis une semaine, je me sentais vivant, et cette fois-ci, je ne me sentis plus minable, mais invincible.



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En quelques semaines, j'avais à peu près repris ma vie en main. Je n'étais pas sortit de la merde, loin de là, mais je sortais doucement la tête de l'eau. Premièrement, après avoir déposé mon CV un peu partout pour décrocher un petit boulot de nuit, ma candidature avait été retenue au Mcdo du coin. Puis, j'étais retourné en cours, et j'essayais de m'intéresser aux cours un minimum. Au début, c'était difficile d'alterné le boulot et les cours, à cause de la fatigue. Mais j'avais réussis à m'habituer à ce rythme de vie éreintant, qui, je sais, forgeais d'autant plus mon caractère et ma force. Ensuite, j'avais repris contact avec ma mère, et lui avait fait accepter le fait que je ne voulais plus revenir à la maison. Mon père, lui, restait dans son mutisme.

La seule ombre au tableau, était Elena, qui refusait catégoriquement de m'adresser la parole, ayant eu des écots sur mes dernières conquêtes. Cela me faisait mal malgré tout. Je m'étais habitué à sa présence, à ses yeux verts perçants, à son rire cristallin qui résonnait dans ma tête, même des heures après l'avoir quittée. Ses blagues qui n'étaient pas drôles, mais qui me faisaient tellement rire. Puis cette sensation que je ressentais chaque fois que j'arrivais à lui arracher un sourire après qu'elle est dévalée un flot de larmes enfouie en elle depuis si longtemps. J'aimais sentir sa main dans la mienne, son corps frêle dans mes bras, ses cheveux doux à la senteur vanille chatouillés mon visage lorsqu'elle est près de moi, puis surtout, ses lèvres semblables à du velours.

C'est en pensant à tout cela que je me dirigeais vers l'appartement à Mekra, qui voulait impérativement me voir au plus vite pour m'annoncer une nouvelle. Très sincèrement, je ne sais pas ce que je serai devenu sans lui ces dernières semaines. Il m'a hébergé, m'a aidé à trouver un boulot, et par dessus tout m'a soutenu moralement, il m'a littéralement pris sous ses ailes.

Mekra: Wesh gros! Assis-toi, tu es enfin sortis de la merde, une bonne fois pour toute!

Nekfeu: Comment ça?

Mekra: Mon cousin part s'installer avec sa copine, et comme je lui ai un peu parlé de ta situation, il veut bien te louer son studio! Et le loyer n'est pas du tout élevé en plus!

Nekfeu: Sérieusement? Merci mec, vraiment, merci pour tout, je ne sais pas comment je ferai sans toi...

Les larmes me montaient aux yeux, mais je les ravalèrent vite par fierté, je n'allais pas me mettre à pleurer maintenant, après tout ce qu'il avait fait pour moi. De toute façon, se la jouer sentimental entre nous n'a jamais été une réussite. Je le pris cependant dans les bras, car je n'avais simplement plus de mot pour lui avouer toute ma gratitude. Je lui redevais énormément. Je remontais enfin la pente, comme quoi, quand j'ai la tête sous l'eau, on peut me trouver sous une tige de roseaux.


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Cela faisait une semaine que j'étais installé dans ce petit studio. Ce n'était pas le plus beaux des appartements, loin de là. Il était simplement composé d'un salon qui me servait également de chambre, une petite cuisine, puis une minuscule salle de bain voisine aux toilettes. Non, ce n'était pas le plus beaux, ni le plus grands des appartements, mais je l'aimais déjà beaucoup, car c'était chez moi. Mon chez moi. Le début de mon indépendance.

Ce soir n'étant pas de service, j'organisa une soirée pour leur présenter mon nouvel appartement, puis pour fêter mon indépendance. Même si mon studio était petit, cela ne m'empêcha pas de convier une bonne partie de mon entourage. J'avais même invité Elena, mais n'ayant pas reçu de réponses de sa part, j'avais demandé à Darryl de la convaincre de venir. Je voulais la voir, lui parler, la toucher, la sentir près de moi. Peut-être qu'après tout ce qu'il venait de se passer, je me sentais prêt à lui avouer ce que je ressens, et à abandonner cette liberté qui ne m'excitait plus tellement, pour enfin me poser à ses côtés. Je veux qu'elle soit mienne, officiellement.

Les premiers invités arrivés petits à petits, venant tous avec de quoi boire, fumer ou manger. J'étais le plus heureux à ce moment même. J'étais entouré des personnes les plus importantes dans ma vie, je commençais à sortir d'une galère douloureuse, et aussi à voler de mes propres ailes. Ce n'était pas facile touts les jours, mais après tout, la facilité ne m'a jamais attirée.

La sonnette retentit une énième fois, je laissa mes convives pour partir ouvrir la porte. C'était Darryl, accompagnée d'Elena. Je souris niaisement à sa vue, j'étais soulagé de la voir. Mes lèvres brûlaient tellement je désirais l'embrasser. Mes yeux étaient rivés sur son visage. Je me sentais bête, à la fixer de la sorte, j'avais l'air d'un idiot à rester figé tel une statue devant elle. Darryl me sortit cependant de mes pensées en me saluant, l'air plus heureux que jamais. Quant à elle, elle se contenta d'une bise froide, sans m'adresser un regard, rien qu'un simple regard, puis suivis les pas de Darryl. J'étais déçu, certes, mais je n'abandonnais pas, je lui parlerai plus tard dans la soirée.

Il s'était écoulé plusieurs heures maintenant depuis le début de la soirée, tout ce passait merveilleusement bien, la bonne ambiance était au rendez-vous. C'était une soirée comme je les aimes, sans prise de tête, avec les personnes en qui j'ai vraiment confiance. Elena ne m'avait pas parlée de la soirée, à vrai dire, elle n'avait parlée à quasiment personne ce soir, à part Darryl, à qui elle était restée coller toute la soirée. Puis, un moment, je l'a vis se levée puis se dirigeait vers la cuisine. Le moment tant attendu était arrivé, j'allais pouvoir lui parler, lui avouer ce que j'avais sur le coeur, j'étais enfin prêt. Je finis cul sec mon verre, tira une dernière taffe sur mon joint avant de le passé à Doum's puis partit en direction à mon tour dans la cuisine, le coeur battant la chamade, désireux de lui donner mon coeur, enfin.


Pourtant, le destin n'était définitivement pas avec moi, et comptait me le faire payer tout au long de ma vie, à en croire le tableau qui se déroulait devant mes yeux. Elle était là, la mienne était dans les bras d'un autre, ses mains enlacées à d'autres mains que les miennes, et faisait goûtait le doux plaisir de ses lèvres à cet autre homme, qui n'était qu'autre que Darryl.

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