Vingtième chapitre

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Point de vue d'Elena:

J'étais une nouvelle fois assise en face de mon pédopsychiatre. Il me souriait toujours, comme pour m'assurer que je pouvais avoir confiance en lui. Mais pour l'instant, je restais silencieuse, me noyant dans mes pensées. Des centaines de questions fusaient dans ma tête, et plus j'y pensais, plus je trouvais cette idée absurde, j'étais trop faible pour faire cela. Je le vis froncer les sourcils devant mon mutisme, il me sortit de mes pensées en brisant le silence.

Psy: Elena, à quoi penses-tu?

Elena: Ça fait un moment que j'y pense vous savez... Je me dis qu'il faudrait que je sorte de mon silence, qu'il soit punis pour ce qu'il m'a fait. J'en ai marre d'être la victime. Je veux être la battante, je veux être la fille qui passe au dessus de ce qui lui est arrivée, qui arrive à aller de l'avant. Pourtant j'ai l'impression que tant qu'il n'aura pas payé pour ce qu'il m'a fait, je ne pourrait pas avancer dans ma vie. Mais quand j'y réfléchis, c'est stupide, parce que ça n'effacera pas ce qui s'est passé, je n'oublierai rien, jamais. Et puis il reste toujours la question de mon frère : me le pardonnera-t-il ou pas?

Psy: Est-tu sûre de vouloir porter plainte? De te confier à la justice? Tu sais, ce n'est pas contre toi, je dis ça à toutes les autres filles qui viennent pour les mêmes raisons que toi, et malheureusement il y en a beaucoup.. Mais j'ai peur que pour toi porter plainte contre ton père soit trop dur, du moins pour le moment. Tu sors à peine du silence. Te sens-tu prête à affronter ton père, ainsi que certains membre de ta famille qui te traiterons de tous les noms, de menteuse. Te sens-tu prête pour le procès où ce sera ta parole contre la sienne?

Elena: Non... Non, je sais que j'en souffrirai, mais je ne veux plus être la victime de l'histoire.

Psy: Qu'est -ce qui est le plus important, que la justice te donne raison ou que la vérité éclate?

La justice c'était quoi? Qu'est ce qu'elle représentait pour moi? Rien. Absolument rien. Au final ce que je voulais, c'était qu'une bonne fois pour toute, je ne me dégoûte plus en me voyant dans une glace, que je ne me sente plus sale, inexistante, faible, sans protection. Je ne voulais plus pleurer quand mon frère partait en week-end chez lui, ni pleurer seule le soir dans le noir. Je ne voulais plus verser une larme pour lui, ni quoi que ce soit. 

Ce que je voulais, c'était sourire, rire à gorge déployée, même quand Nek n'était pas à mes côtés. Je ne veux plus avoir ces putains de tocs comme toujours fermer la porte de la salle de bain à clefs, pour être sûre qu'il ne rentre pas quand je prend ma douche, comme il le faisait quand j'étais chez lui. Je ne veux plus passer des heures sous l'eau pour essayer d'enlever ne serait-ce qu'un instant ces saletés sur mon corps. Je ne voulais plus faire de cauchemars la nuit, ni d'insomnies. Encore moins avoir peur de chaque hommes qui m'entourent. Je ne veux plus sentir se blocage pour parler aux gens. Je veux être heureuse, tout simplement. Et pour ça, je sais ce quel choix il fallait faire.

Elena: Il faut que la vérité éclate.

Psy: Comment compte tu faire?

Elena: Je pensais attendre que mon père me renvoie un message pour l'appeler, et le mettre devant le fait accomplis.

Psy: A ton avis, quel réaction va-t-il avoir?

Elena: Il niera, pour lui il ne sait rien passé.

Psy: Dans ce cas là c'est plus grave, car ton père ne nie pas, il est en plein déni. Il peut avoir deux réactions, soit il continuera de nier, soit il réalisera et il s'excusera.

On continua à parler une demie heure, on aborda le sujet de mon frère aussi. Nous avions finis par décider de ne pas parler avant qu'il soit plus mature, sinon cela ne servira à rien, et je risquerai de définitivement mettre un froid entre mon frère et moi. Une fois le rendez-vous terminé, je serra la main au docteur, il me raccompagna jusqu'à l'entrée, en me souhaitant de rester courageuse puis je sortis du cabinet. 

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