Chapitre 1

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Juillet 2115

Il était autour de 4 h du matin quand un hologramme s'élança subitement du parquet vernis, dans la chambre de Violette Flight. En frottant ses yeux encore endormis, elle put distinguer la silhouette de sa meilleure amie, Jane Cove, flotter au dessus de son gramms.

Malgré l'heure tardive, les longs cheveux platine de l'infirmière étaient coiffés en un chignon impeccable qui mettait en valeur ses lèvres roses et son visage aux traits fins et frais d'une jeunesse éternelle. Ses yeux d'un gris profond étaient encadrés de cils courbes rehaussés d'un léger coup de mascara, et il y avait quelque chose dans son regard, comme la flamme du génie, qui vous faisait la croire sur parole.

Aussi bien habillée qu'à son habitude, Jane portait un chemisier blanc parfaitement ajusté et un pantalon noir élégant qui lui allait à ravir. Sa taille, qui dépassait déjà le mètre soixante-quinze, était encore légèrement augmentée par des escarpins noirs aux talons d'environ huit centimètres. Il résidait en Jane un équilibre agréable, comme un mariage de choix entre la confiance en soi et la modestie. Cette femme de sciences inspirait d'elle même un respect mérité, tout en restant tout à fait humble et accessible.

" Pardonne-moi mon intrusion, s'excusa-t-elle d'une voix assurée.

- Tu es excusée, répondit Violette, encore étourdie par ce cauchemar, le même qu'elle faisait toutes les nuits depuis cette terrible soirée qui avait suivi son mariage un siècle plus tôt.

- J'ai une grande, que dis-je, une énorme nouvelle pour toi ! Une nouvelle que tu attends plus que tout, et cela depuis bien trop longtemps. En effet, ton mari, depuis cent longues années plongé dans un profond coma, s'est enfin réveillé !"

*

Violette n'avait pas pris le temps de se changer, de se coiffer, ni de mettre des chaussures. Oubliant même qu'elle pouvait se téléporter, c'est pieds nus et en robe de nuit qu'elle traversa la rue pour atteindre l'hôpital St Georges. Ses cheveux d'un roux clair étaient emmêlés et dressés sur sa tête, ses yeux bleus écarquillés et sa bouche béante. Violette arriva en une poignée de seconde et grimpa à toute vitesse les escaliers de marbre.

Arrivée au 4e étage, elle poussa avec fièvre la porte du 412, qui semblait briller d'un blanc bien plus lumineux que d'ordinaire.

C'est seulement en voyant son époux assis dans son lit que son coeur recommença à battre.

« Violette, murmura Peter.

- Peter, oh Peter, si tu savais..."

Une larme de joie coula le long de sa joue. L'homme la récupéra du bout de son doigt ; ce contact d'une chaleur oubliée fit frémir Violette de plaisir.
Les yeux noirs de l'homme plongèrent dans le bleu mer de ses iris. Le temps parut s'arrêter pour honorer les retrouvailles de ces deux âmes, qui se comprenaient par la seule force d'un regard passionné. Un aveugle aurait vu l'amour fusionnel qui embaumait la pièce, un amour démesuré et pur que les années et la souffrance n'avaient su que renforcer.

- Si tu savais combien j'ai eu peur ! reprit Violette au bout de ce qui pouvait être quelques secondes, comme des heures entières.

- Oui, combien de temps suis-je resté inconscient ? Deux bons jours au moins, j'imagine !

- Non,... non Peter, pas deux jours. Un siècle... »

Peter ne savait s'il devait rire ou pleurer de ces paroles, mais il avait remarqué la petite sphère brillant au coin de l'œil de sa femme, et n'y était pas insensible. Alors, faute d'humour, il fit la seule chose en son pouvoir pour la réconforter ; même si sa langue brûlait de poser des milliers de questions, il n'en fit rien, préférant embrasser tendrement son épouse.

L'aube de la destinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant