Jane apparut au dessus du gramms de Marc, qui rougit instantanément et bafouilla :
"Je nous ai réservé une table dans un resto sympa de mon village. Evidemment , si tu ne veux pas, je...
-Fabuleux, coupa-t-elle, tu me donnes l'adresse ?"
Le restaurant tenait ses promesses : il était splendide, coquet et intégralement construis en bois. La terrasse donnait vue sur la ville aux mille lumières se découpant en contrebas dans l'aube ; au loin, le soleil rejoignait la mer d'argent et embrasait peu à peu le ciel et les nuages d'une flamme tirant sur le rose. Des coquelicots rubis avaient été placés dans un magnifique vase en verre posé sur la table, en verre elle aussi.
"Papaver rhoeas..." pensa Jane tout haut. Devant le regard interrogateur de Marc, elle s'expliqua : "Le nom scientifique des coquelicots...une espèce de plantes dycotylédones... enfin... je doit paraître...
-Fantastique ? Phénoménale ? , rit Marc, Mais où apprends tu donc tout ça ?
-C'est une plante médicinale, ma mère aimait beaucoup travailler cette fleur et c'est maintenant mon porte bonheur. D'ailleurs, j'en ai toujours dans mon..." Jane s'interrompit et plongea dans son sac pour en sortir une petite pochette de cuir qu'elle ouvrit, puis posa délicatement dans sa paume une fleur de coquelicot séchée. "Elle poussait dans mon jardin, c'est ma mère qui l'avait plantée. La fleur a éclos le jour de sa mort, et depuis je la garde avec moi."
"Oh, c'est vraiment..."
Jane n'entendit jamais la suite. Marc venait de disparaître. En panique, elle appela Violette sur le champs, et apprit que Peter, lui aussi, s'était soudainement évaporé.
*
Cette verdure ordonnée et régulière, ce château au loin, ce bassin circulaire... Pour Peter, aucun doute, lui et Marc avaient bel et bien atterri dans les jardins de Versailles. Mais que faisait ce grand chêne au beau milieu du gazon ? Il n'apparaissait sur aucun des plans que l'ancien historien avait étudié, et il ne lui semblait jamais l'avoir relevé malgré ses innombrables visites et promenades en ces lieux. Il le fit remarquer à Marc, qui, né en Angleterre, ne lui fit pas d'une grande aide. Puisqu'ils étaient là, ils décidèrent tous deux de se promener sur les allées parfaite que bordaient haies et jeunes arbustes. Peter, habitué, servait de guide à un Marc émerveillé et ébahi par la splendeur et la noblesse de la végétation, taillée avec une précision impressionnante.
"Pendant qu'on est là, raconte moi un peu ta vie...
-Tu sais, ce n'est pas très gai... Ma mère venait de tomber enceinte de moi lorsque mon père est mort d'un incendie le soir de leur mariage. Il n'avait que 30 ans...
-Oh, je suis vraiment désolé... Mais dis moi Marc,...comment s'appelle donc ta mère ?
-Violette..., pourquoi ?"
*
Affolée, Jane s'était empressée de rejoindre Violette et Suzanne, déjà réunies.
"Nous étions sur une terrasse... Et s'il atterrit alors qu'elle n'est pas construite !!
-Jane, calme toi. Marc va opérer un déplacement spatio-temporel : il voyage non seulement dans le temps, mais aussi dans l'espace. De plus, pour une raison que j'ignore, lui et Peter retracent l'histoire du Grand Chêne, qui abrite le cœur de l'Esprit de la Forêt, aussi j'ai pris soin de le transplanter pour que mon fils et mon petit fils soient hors de danger, à toutes les époques."
Devant l'incompréhension de son auditoire, Suzanne précisa : "Sans que je sache pourquoi, Marc et Peter ne sautent qu'aux endroits où se trouve le Grand Chêne, dont l'écorce protège le cœur de l'Esprit de la Forêt, vous vous en souvenez ? Je suis donc moi-même remontée dans le temps jusqu'en 1679, année où la prairie où il se trouvait fut détruite, et l'ai transplanté dans les jardins de Versailles, tout en prenant soin de ne le mentionner sur aucun plan afin de garder cet abri secret ; je savais que l'Eternel ne le chercherait pas à un endroit si évident. En 1788, peu avant qu'on ne se rebelle contre Louis XVI, je l'ai mis en sureté sur la place d'un petit village français. Je l'ai finalement laissé dans une forêt pour enfin, en 2013, le déplacer au 35, Boulevard des Capucines, à Paris ; soit dans votre jardin. A présent, des années après l'incendie, il se trouve à Londres... " Elle jeta un regard malicieux vers la baie vitrée donnant sur un immense jardin, au milieu duquel trônait en maître un chêne aux feuilles émeraude. Ils seront en sécurité, je vous le certifie.
-Du jour au lendemain, mon mari est embarqué dans une prophétie ancestrale, je suis une Fille de Lune, Peter un Fils de Soleil mais aussi un Chronomaître, il voyage dans le temps et disparaît à tout bout de champs, et même l'arbre de mon jardin abrite le cœur de l'Esprit de la Forêt...
-C'est... commença Jane
-Incroyable. , compléta son amie.
-Et pourtant, il va vous falloir y croire." conclut Suzanne.
VOUS LISEZ
L'aube de la destinée
FantasíaLorsque Peter se réveille après un siècle d'inconscience, le monde a changé. Malgré tout, la science ne peut tout résoudre : les médecins sont implacables, tout choc émotionnel le tuera. Nouvelles technologies, sciences avancées, ou encore un fils...