Chapitre 19

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"Jane, ça s'appelle un coup de foudre."

La médecin, qui faisait d'ordinaire preuve d'un self-control inébranlable, ne pouvait s'empêcher de marteler la table de ses ongles. Le bruit de son vernis nacré sur le meuble excédait son frère.

"S'il te plait, arrête, ça m'horripile. Et (il se prit le ventre à deux mains) ne stresse pas comme ça ! Ce n'est pas si grave que tu sois tombée amoureuse, c'est même fantastique, si l'on en croit les romans à l'eau de rose.

- La passion est terriblement dangereuse et destructrice, murmura Jane pour elle-même, les yeux perdus dans le vague.

- Écoute..., j'ai ressenti le rythme de mon cœur s'emballer, j'ai perçu les papillons qui s'envolaient au creux de mon estomac. Les sentiments que tu éprouves pour Connor ne sont pas dangereux et encore moins destructeurs, ils sont simplement purs et magnifiques.

- Mais surtout incontrôlables...

- Et alors ? Tu as toujours tout contrôlé, jusqu'à la vie même de tous les humains. Peut-être est-ce le moment de lâcher prise... Et si cet homme était l'amour de ta vie ? Vas-tu gâcher cette chance qui se présente à toi ?

- Non, ce n'est pas le moment. Ce que nous voulons former, ce n'est pas un couple, c'est une armée. Nous devons nous concentrer sur notre entrainement si nous voulons vaincre l'Éternel.

- Penses-tu réellement pouvoir te concentrer si tu ne lui dit rien ? Penses-tu pouvoir enfouir ça au fond de toi ? Regarde toi ! L'angoisse te ronge. Jane, tu sais que j'ai raison.

- C'est faux.

- Cesse de nier. "

"Tu sais très bien que nos esprits sont liés.", pensa-t-il pour confirmer ses dires.

Elle soupira.

"Jeremy ?

- Oui ?"

Jane planta ses yeux dans ceux de son frère. Son regard était vide et chargé de sens à la fois.

"L'amour... c'est quelque chose de très personnel.

- Est ce que tu veux dire... ?"

La question était inutile, Jeremy avait déjà comprit les intentions de sa sœur. Jane tenait cependant à prononcer les mots qui pesaient lourd sur son cœur.

"Le moment est venu de nous séparer."

*

"Je déclare la compétition ouverte !" cria Peter.
Le personnel ayant prévu une suite par personne, Violette et son mari devaient choisir dans quelle chambre ils dormiraient. L'enfant qu'était Peter avait donc décidé d'organiser un concours du meilleur appartement. Il avait même convoqué Connor pour les départager.

"Commençons par, mesdames et messieurs...

- Madame et Monsieur, corrigea Connor en riant.

- Chuuut, ce n'est qu'un détail. Donc, je disais... Madame et Monsieur, préparez vous à découvrir la merveilleuse, l'incroyable, l'unique...... suite de Peter !"

Il prit la main de Violette pour l'inviter à se lever de son siège, et ils sortirent de la salle commune pour arriver dans le salon de Peter. Ils furent aussitôt envahis pas l'odeur sucrée des grappes de glycine multicolores qui pendaient au plafond. Des troncs d'arbres servaient de tapisserie au logement, et Violette s'étonna de leur incroyable douceur lorsqu'elle en effleura l'écorce. Un plaid de laine turquoise était roulé en boule sur le canapé tressé, très confortable visiblement : Connor, les pieds croisés sur la table basse, ne se releva que pour suivre les Flight dans la cuisine. La table ronde, l'électroménager et tout le mobilier était d'un bois clair. Le parfum de la cannelle se mêlait à celui de la glycine pour ravir les narines des visiteurs émerveillés qui arpentaient la pièce. Peter entra dans la chambre, et ordonna à ses acolytes de fermer les yeux tandis qu'il les guidait vers la salle de bains. Il leur fit une démonstration de la baignoire immense, qui pouvait projeter des jets massant. Le lavabo comme la baignoire et les toilettes étaient en bois sur l'extérieur, et noirs à l'intérieur.

L'aube de la destinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant