J'étais dans ma chambre, assis en tailleur sur mon lit, une lame de rasoir dans une pochette plastique. J'avais déjà sorti les compresses et découpais avec soin les bandes qui serviraient à les maintenir. C'était devenu un rituel. Un rituel où je me répétais inlassablement, de la musique dans les oreilles, pourquoi je faisais ça, pourquoi je devais le faire. Mon père ne rentrait pas avant trois bonnes heures même si je savais que derrière son bureau d'avocat, il brûlait d'envie de partir de son cabinet pour rentrer à la maison. Je ne voulais pas qu'on s'inquiète pour moi. Je m'étais moi-même laissé tomber alors pourquoi est-ce que mon père s'accrochait-t-il encore ? Je montais le son de la musique dans mes oreilles, ignorant l'avertissement s'affichant sur l'écran de mon portable : "une écoute prolongée d'une musique avec un fort volume peu créer des dommages auditifs". Après tout mes oreilles étaient la seule chose que je n'avais pas encore bousillée, il fallait bien qu'elles y passent à un moment donné.
Je posais mon dos contre le mur et approchais ma main de la lame. Je la sortie de la petite pochette plastique. J'enlevais un à un les bracelets à mon bras et posais le bord du mince bout de ferraille là l'endroit où mes tendons étaient plus que visible sous la peau. Je posais la lame et la laissais glisser contre ma peau, continuant de pleurer. J'étais devenu une véritable loque, plus personne ne pouvait me sauver. Mais si vous vous demandez pourquoi je suis toujours là, c'est juste que j'attends le moment propice pour partir. Le jour où mon père n'aura plus besoin de moi, le jour où il me détestera assez pour ne pas regretter ma disparition.
Je jurais alors que je le sang coula sur ma couette, la tâchant de noir. Je posais ma main sur mon poignet, le sang dégoulinant entre mes doigts. Je posais un mouchoir dessus et me levais pour aller dans la salle de bain, attraper une éponge. Je frottais vigoureusement le coin de la couette tachée, mouillant le drap, la housse, la couette et le matelas. Je mettais l'éponge au loin e reprennais doucement ma respiration. Je me rassis sur le lit et enlevais le mouchoir sur lequel le sang s'était agglutiné. Je mis une compresse que j'avais acheté plus tôt dans la journée et la posais sur les coupures plus ou moins large de mon poignet. Je regardais mon torse tatoué pour cacher le désastre qu'avait été mes cicatrices de l'accident. Feux grandes lignes blanches traversant mon torse de part en part. Je cherchais dans mon armoire le pull qu'elle me voulait tout le temps avant. Certains me diraient que c'est mon pull mais moi, je le considérais comme le sien. Il avait son odeur. Son parfum à la fraise d'enfant. Un jour cette odeur s'effacera, aujourd'hui je dois respirer à plein poumon pour espérer en sentir une effluve. Mais le jour où son odeur partira, cela voudra dire qu'elle sera réellement morte.
La porte de la maison claqua, annonçant l'arrivé de mon père.
- Oliver ? Tu es là ?
Je descendis les marches et l'aperçut dans les même vêtements que ce matin, froissés par la journée.
- Qu'est-ce qui s'est passé au lycée ?
Il n'était pas en colère. Du moins il ne me semblait pas. Il était juste inquiet et son expression me tordit le ventre.
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Don't Help Me
FanfictionOliver est seul depuis qu'elles ne sont plus là. Entre drogue et cicatrices, son père ne sait plus quoi faire pour l'aider. Son dernier espoir est le nouveau venu : Andy. #2 dans la catégorie Oliver Sykes