Chapitre 6

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Je ne me souviens pas de grand chose, juste de bras fins et musclés dans lesquels je me noyais, inspirant et expirant rapidement pour essayer de trouver un air qui ne venait jamais à moi. L'odeur de parfum et de cigarette qui embaumait la peau m'était inconnu et ne me faisais que paniquer davantage. Je glissais sans pouvoir me retenir à quoi que ce soit. Des voix murmuraient près de moi mais je n'en saisissais pas la provenance. On me laissa tomber dans un lit moelleux et je me recroquevillais aussitôt quand je reconnus mes draps. 

- Merci Andy, entendis-je mon père à côté du lit. Je ne sais plus quoi faire pour l'aider. 

- Il a toujours été comme ça ? 

Non arrêtez. Arrêtez de parler de moi. Papa, ne lui dis rien s'il-te-plaît. 

- Avant l'accident, Oliver était un enfant comme les autres même si il a toujours été un gamin solitaire. Sa mère me disait toujours que ça passerait avec l'âge.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

- Je ne sais pas si Oliver aimerait que je te le dise. 

- S'il-vous-plaît, monsieur. J'aimerais l'aider, vraiment. 

- Descendons en bas, veux-tu ? Je n'aime pas parler de ça près de lui même s'il est endormi.

Mon père se rapprocha de moi en posant ses lèvres sur ma joue et je pouvais sentir ses joues humides des larmes qu'il avait lui-même versé. Cela me faisait souffrir, mais je devais lui faire mal. Il devait me détester pour ne pas regretter ma mort. Je sentis Andy serrer ma main inerte et j'entendis la porte se refermer. Mon père ne ferma mon volet qu'à moitié, j'étais devenu incapable de dormir dans le noir complet ou dans le silence total. Les ombres devenaient trop subjectives, les bruits trop forts, ils prenaient la forme qui m'effrayaient le plus et je ne pouvais pas fermer les yeux de peur de revoir cet ivrogne devant moi.

 Les ombres devenaient trop subjectives, les bruits trop forts, ils prenaient la forme qui m'effrayaient le plus et je ne pouvais pas fermer les yeux de peur de revoir cet ivrogne devant moi

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La maison était morte ce soir et j'entendais la conversation en bas dans le salon :

- Oliver était dans la voiture quand l'accident s'est produit. Sa mère et sa soeur sont mortes, Oliver s'en est sorti mais... C'est comme si il était mort lui aussi. 

- Je suis désolé, monsieur. 

- J'ai réussi à faire mon deuil même si ça reste difficile mais Oliver, cette histoire continue de le faire souffrir tous les jours. 

- Vous saviez qu'il se droguait ? 

Un silence s'empara de la maison et je fixais la lune pleine dans le ciel en attendant la réponse. 

- Dis moi, Andy. Est-ce que je suis un mauvais père ? Est-ce que je devrais forcer Oliver à aller consulter un psy même s'il ne le veut pas ? 

- Vous n'êtes pas un mauvais père. Un mauvais père ne se poserait pas ces questions. Je dirais juste que vous vous êtes perdu pendant un moment. Et vous ne devriez pas le forcer à aller consulter si il ne le veut pas, cela ne ferait qu'aggraver les choses. 

Don't Help MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant