Epilogue

673 55 34
                                    

Mon médecin énumérait le nombre d'addiction que les tests avaient révélées. Mon père serrait le poing et je n'osais pas relever les yeux vers lui. Je devais être ignoble à voir. Heureusement, j'étais autorisé à porter mes propres vêtements et n'étais donc plus obligé de me farcir l'hideuse robe d'hôpital bleue et blanche. Mon père semblait épuisé. Il avait préparé mes affaires pour que je puisse partir en cure dès aujourd'hui et je me mordais la lèvre en pensant à quel point les prochaines semaines allaient être... Douloureuses. Je savais comment se passer une cure et c'était un véritable enfer. Et le savoir me motiver : je n'avais aucune envie d'y retourner une fois que j'en sortirais. Il fallait que je mette toutes les chances de mon côté. Je n'étais plus odieux avec les infirmières qui essayaient de m'aider, de toute façon j'étais dépendant d'eux pendant les premiers jours que j'avais passé dans l'hôpital. Elles n'étaient plus obligées de s'y mettre à trois pour me faire avaler quelque chose. Mon psychologue trouvait des méthodes pour me délier la langue, tantôt en jouant aux échecs, tantôt en me tendant une guitare. Bien sûr on ne parlait jamais véritablement du sujet sensible, nous contentant de tourner autour. Je savais qu'un jour je devrais le faire mais je préférais attendre d'être plus fort afin de ne pas craquer de nouveau.

J'avais refusé l'accès de ma chambre d'hôpital à Andy et maintenant il harcelait mon père en le suppliant de me faire passer des messages. Mon père m'avait demandé plusieurs fois d'accepter de le voir mais je refusais sans cesse et il s'était résigné. Il semblait même me soutenir, comprenant pourquoi je faisais ça. J'avais besoin de me relever seul et une bonne fois pour toute. 

- Donnes moi ton portable, m'ordonna mon médecin en tendant la main. 

Je sortis mon portable de ma poche et le lui donnais. 

- As-tu d'autres choses à me donner ? 

Je ris en secouant la tête, mon ordinateur portable étant resté à la maison. Il m'aida à me relever, me disant qu'il était l'heure que je sorte me promener. J'attrapais ma veste, docile et le suivis dans les couloirs de l'hôpital. Les derniers événements m'avaient rendu faible et j'avais du faire mes premières sorties dans un fauteuil roulant, chose que j'avais détesté. C'est pour quoi je m'étais appliqué à reprendre rapidement des forces afin d'en finir au plus vite. Mon père ne venait plus tous les jours puisque dès que j'avais donné mon accord, qui lui semblait indispensable, il s'était dépêché de nous trouver un logement sur Londres et préparait déjà mon arrivée là-bas. Pour ma part, je devais évidemment faire un détour par un centre de désintox et j'en parlais souvent avec mon médecin qui m'y préparait psychologiquement. 

- Tu es sûr de ne pas regretter ton choix ? Ton petit ami pouvait t'être d'une grande aide. 

- Il l'était trop justement. Je m'étais tellement appuyé sur lui que je ne m'étais même pas guéri. 

- Pourquoi être retourné voir ce dealer ? 

- J'avais des questions. 

- Lesquelles ? 

- Pourquoi est-ce qu'il me refilait des trucs presque gratuitement alors que j'allais le voir pratiquement tous les jours ? Pourquoi parmi tous ses clients, il me faisait payer de cette manière ?

- Tu as eu des réponses ? 

Je ricanais en regardant mon médecin qui regretta presque aussitôt sa question. Non je n'avais pas eu de réponse, loin de là. 

- Que vas-tu faire quand tu sortiras de la cure ? 

- J'essayerai de reprendre les cours, de continuer la boxe. 

- Fixes toi des objectifs, ne sois pas hésitant. Donnes toi... Je sais pas, un diplôme, une compétition à gagner. Un objectif concret. 

Je baissais la tête, fixant mes pieds qui raclaient le gravier de l'allée. Un objectif concret ? Je cherchais, ce que je souhaitais le plus dans ma vie. 

- Alors ? 

- Créer une marque de vêtement. 

Voilà mon objectif. Comment l'atteindre ? Ça je n'en avais aucune idée. Mais j'allais tout faire pour. 

- Oliver ? C'est l'heure d'y aller.

Je me tenais sur mon lit d'hôpital, regardant le soleil se coucher sur la ville. Ils avaient réglé les derniers détails pour mon internement. Je soupirais et me mis sur mes pieds, attrapant mon sac de vêtements avant de sortir de la morne chambre d'hôpital. Mon père passa son bras autour de mes épaules et me guida jusqu'au taxi qui nous emmènerait jusqu'au centre au compagnie de mon médecin et de mon psychologue. 

- Sortez moi de là ! hurlais-je en frappant le mur. 

Les tremblements étaient horribles, m'obligeant à rester à terre. Ma tête se cogna contre le mur à de maintes reprises alors que mes mains griffaient le sol, mes ongles criant contre le carrelage. 

- Je vous en supplie ! pleurais-je. 

Je savais que j'allais regretter ça. J'allais regretter de demander à l'aide. Il fallait que je me relève seul. La porte s'ouvrit, un raie de lumière faisant exploser mes pupilles. Des mains longilignes aux ongles maquillés de noir prirent les miennes en les serrant. Je me retrouvais collé contre un torse fin. Mes jambes se mélangèrent à celle de mon sauveur. 

- Tout va bien se passer, me murmura une voix rauque et douce.

Je sentis ses lèvres passaient sur les miennes. Ses doigts passèrent dans ma chevelure alors que je me retenais de hurler quand une nouvelle douleur émergea de mon ventre. Il passa sa main dessus, la dissipent presque par magie.

- Tu n'es pas réel. Tu n'es pas vraiment là, Andy

- Non. Je ne suis pas réel.

Il continua de masser mon ventre en passant sa main dans mes cheveux,  embrassant régulièrement mes tempes. Je roulais des yeux en sombrant dans un océan de douleur mais cette fois, j'avais une bouée de sauvetage.

- Dernier jour. Tu sais que l'on ne veut plus te revoir ici ?

Je remerciais l'infirmier qui me sortait la traditionnelle phrase d'adieu. Ils coupèrent le gâteau et chacun en reçu une part dans une assiette en carton. C'était fini. Je reçus une salve d'applaudissements et les remerciais à mon tour avant d'attraper mon sac et de sortir du centre. J'y étais enfin. Je me tenais enfin debout de moi même. J'étais enfin là. J'avais réussi. Seul.

On se retrouve bientôt pour un tome 2 ? Dites moi quels sont vos personnages préférés, vos moments préférés, ce que vous attendez pour le tome 2, etc... Saupoudrez de quelques critiques  (constructives) bien entendu 💜

Don't Help MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant