Chapitre 1 : Tout va bien se passer

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Je regardais avec des yeux de merlans frit les pilules qui étaient éparpillés sur le sol, près d'une lame de rasoir que j'avais piqué à mon père. Il faisait tout pour moi et depuis qu'il avait compris que j'utilisais mes lames de rasoir pour me couper les veines, il s'occupait lui même de mon rasage tous les matins, se levant exprès à 7h alors qu'il ne commençait pas son boulot avant 10h. Cela faisait longtemps qu'il avait abandonné l'idée de me faire parler, je me contentais de parler dans des sanglots ettoufés. Je n'y arrivais plus, c'était comme si le choc m'avait coupé la langue. Il essayait de faire de son mieux pour me sauver ... Mais ce n'était pas la peine. Je ne voulais pas aller mieux, moi aussi je voulais sombrer par le fond.

Je me relevais du sol de la salle de bain et ramassais la lame de rasoir que je cachais dans un coin du tiroir en dessous de l'évier. J'avais avaler toutes les pilules dans une vaine tentative de faire taire la douleur. Je me lavais ensuite les mains en attrapant mon long et grand pull noir, l'enfilant pour cacher les mouchoirs que j'avais collé contre mes poignet avec du scoth depuis que je n'avais plus aucune compresse. Mon père avait également enlevé la serrure de la salle de bain et également de toutes les autres pièces de la maison afin que je ne puisse pas m'enfermer seul à un endroit.

Je retournais dans ma chambre et mis des feuilles de cours dans mon sac sans y faire attention. Cela faisait longtemps que je n'écoutais plus mes profs.

- Oliver ? On y va.

Je descendis dans le salon et accompagné mon père jusque dans sa voiture. Avant j'allais au lycée à pied, maintenant il avait trop peur. Trop peur que je ne revienne pas.

Je sortis de sa voiture à quelques mètres à peine du lycée et claquais la porte avant de rentrer mon cou dans ma veste. Il faisait toujours froid en Angleterre et le vent ne cessait jamais de souffler derrière ma nuque. Je passais le portail et allais, tête baissée, jusqu'à ma salle de cours, traversant le hall sans m'arrêter. Je m'assis devant la salle et posais mon sac entre mes jambes, toujours dans mes pensées. Je fixais mes doigts où quelques semaines plus tôt, je m'étais coupé au niveau des phalanges. Quand on regardait avec attention, on pouvait apercevoir les minuscules lignes planches entre les plis de ma peau. La cloche résonna dans les couloirs et les élèves commencèrent à affluer près de leur classe respective. Certains me lançaient des regards désobligeants ou des coups de pieds quand ils passaient devant moi mais pour la majorité d'entre eux j'étais devenu invisible. M. Jerin ouvrit la porte de la classe et je me levais pour aller m'asseoir à ma place, dans le fond. Je mis ma tête dans mes bras pour essayer de rattraper mes heures d'insomnies qui ne cessaient de s'accumuler au fil des nuits. D'habitude c'était la voix ennuyeuse du prof qui m'endormait mais aujourd'hui je n'entendais ni les raclements des chaises des élèves quand ils s'asseyait ni cette voix à l'effet encore plus puissant qu'un somnifère. C'était au contraire la voix du proviseur qui se fit entendre.

- Messieurs, mesdemoiselles, je vous présente votre nouveau camarade de classe. Soyez gentil avec lui.

Oh non, pas un nouvel élève. Notre classe était déjà surpeuplée et la seule chaise de libre était à côté de la mienne. J'ouvrais un oeil et aperçus mon voisin de devant toujours debout. Le principal de l'école laissa le nouvel élève se présenter de lui-même.

- Je m'appelle Andrew Biersack mais tout le monde m'appelle Andy et je viens du ... J'aurais 17 ans dans quelques mois. J'aime le rock et le dessin.

Encore un gamin qui voulait faire son intéressant en croyant que la pop qui passait à la radio était du rock.

- Très bien Andy. Tu peux aller t'asseoir près de... Oliver. Là-bas, dans le fond.

Je souris dans mes bras en entendant le prof se maudir de ne pas se souvenir de mon nom. Ce n'était pas important pour lui de s'en souvenir. La dernière fois que j'avais participé en cours, Kurt Cobain était encore en vie. J'entendais le nouveau s'approcher de moi alors que les gens riaient autour de moi. La chaise à mon côté accueillit un nouvel arrivant et le prof reprit son cours là où il l'avait arrêté la dernière fois. Je sentais le nouveau près de moi me donnait des coups de coudes et je relevais la tête ennuyée. Mes yeux s'élargirent alors que je le fixais. Il avait des longs cheveux noirs corbeau et des yeux d'un bleu glacial entouré d'eyeliner. Son visage était anguleux et mais pas maigrelet. Ses corps était fin et parfaitement moulé dans ses vêtements qui lui collaient à la peau. Mon coeur rata un battement alors que je tentais de me reformer un masque :

Don't Help MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant