Don't Help Me

Chapitre 10

On m'avait interdit de voir ma famille tant que je refusais de faire des efforts. Les séances avec le psy s'enchaînait es unes après les autres sans que je n'en voie l'intérêt.

- Comment arrivais-tu à te procurer autant de pilule, me demanda-t-il soudainement.

- Comme toutes les personnes qui le font.

- Peut-être mais pour ça il faut de l'argent et il ne me semble pas que ton père t'en donnait tant que ça.

Je soupirais en me grattant les bras, nerveux, c'était devenu un tic désagréable.

- Oliver ? reprit le psychologue d'une voix calme.

Je détestais son ton hautain et sa manière de me regarder comme si il connaissait déjà toute ma vie me donnait envie de le frapper en plein visage. Son expression "je ne juge pas les gens" te jugeait déjà en elle-même, te rappelant à quel point tu avais loupé ta vie et pourquoi tu avais atterris dans cet endroit.

- Il me demandait des faveurs.

- Quelles sortes de faveurs Oliver ?

Bordel, ce n'était pas assez compréhensible ? Je ne pouvais pas le dire, il le dirait à mon père et c'était la dernière peine que je voulais lui infliger, il aurait trop honte.

- Oliver, tu ne sortiras pas de cette pièce tant que tu ne me l'auras pas dit.

Je m'énervais et mes muscles se tendaient. J'étais paralysé à la fois de terreur et de colère.

- Oliver.

Je fis un mouvement pour sortir de la pièce mais il m'appela de nouveau. Je gardais la main sur la poignée de la porte, la serrant entre mes doigts en faisant blanchir les jointures fines de mes doigts.

- Pourquoi est-ce qu'on accorde tant d'importance aux premières fois ?

- Pardon ?

- Notre premier jour d'école, notre premier baiser, la première fois qu'on baise... Pourquoi est-ce que c'est si important ? Après tout il y en aura d'autre après. L'être humain est bien futile de s'encombrer de tels informations inutiles.

- Ce sont des rites de passage. Un enfant est la première fois séparé de ses parents quand il rentre à l'école. Il découvre les sentiments lors de son premier baiser et ce qu'est l'amour lors de sa première fois. Ce sont des passages importants dans la construction d'un enfant.

- Je ne vois pas en quoi.

- Tu as déjà fais ta première fois Oliver ?

Sa question ressemble plus à une affirmation et je sens des crampes me saisir dans tout mon corps.

- Sûrement contre un mur ou sur le goudron grasseux de la rue. Tout ce que je sais c'est que j'ai eu mal. Mais la douleur m'était déjà familière alors je ne trouvais pas que c'était quelque chose d'important.

- Tu l'as fait avec ce dealer ?

Je hochais la tête alors que mes genoux me lâchaient brusquement.

- Oliver ?!

J'étais à bout et ses questions m'epuisaient mais il avait découvert une faille et il n'allait plus me lâcher tant qu'il n'aurait pas tout découvert.

- Pourquoi veux-tu avoir mal ?

- Il le faut. C'est moi qui avait dit qu'on devait sortir ce jour-là.

Le psychologue s'avança vers moi et posa sa main sur mon bras. Je m'assis par terre et me recroquevillais, fermant mes paupières sur lesquelles défilaient les souvenirs de cette nuit-là.