Chapitre 7

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Le soir j'avais reçu un message d'Andy qui me souhaitait une bonne nuit. Je ne lui avais pas répondu. Je m'étais juste couché dans mon lit avec de la musique attendant que le temps passe. Mon père était dans sa chambre, sûrement en train de lire un livre alors que moi, je restais dans la mienne, enfermé. Mon père finirait sûrement par s'endormir, le livre sur la tête, oubliant d'éteindre la lumière. La radio qu'il a laissé allumé en bas pour que je n'entende pas le silence continuera de siffloter sa musique toute la nuit. Moi, je m'endormirais avec mes écouteurs sur les oreilles, les yeux au plafond. Je me réveillerais avec mon corps sous les draps et ma fenêtre ouverte. Mon père sera déjà dans la cuisine pour faire le petit-déjeuner. 


- Essaye de manger Oliver, d'accord ? 

Je secouais lentement la tête, l'odeur de ses crêpes me donnaient envie de vomir. Mon père n'était pas un mauvais cuisinier, loin de là. Mais nous étions samedi, avant l'accident, mon père fêtait toujours le début du week-end en nous faisant des crêpes pour le petit-déjeuner. 

Je savais que continuer cette habitude l'aidait à revenir à la vie normale, mais moi je n'y arrivais pas. J'étais coincé dans un deuil sans fin. J'étais désolé pour mon père, il méritait mieux que ça. Il aurait aller dans une autre ville, prendre un autre boulot, se reconstruire et juste me laisser à côté des tombes. Mais mon père était un homme trop honnête et trop gentil. Et il me traînait du mieux qu'il pouvait comme un boulet de canon derrière lui. Il aurait du me laisser. 

- Je vais aller marcher, lui répondis-je simplement.

Je me levais et sortais de la maison, mon casque sur les oreilles. Je marchais dans la banlieue pavillonnaire où j'habitais, longeant les murets séparant les terrasses de la route. Certaines maisons se réveillaient, lentement, une famille riant à une table sentant le café et le bacon. Je quittais cette ambiance urbaine et m'engageais sur le chemins qui était fait de terre et de pierre, me tournant vers la forêt qui cachait de nombreuses cabanes d'enfants abandonnées depuis longtemps. Je passais devant les premiers arbres, la rosée du matin étaient encore présente, mouillant le bas de mon jean, s'insinuant dans les trous de mes vans détruites. Je pris mon portable, m'attardant pour prendre des photos du soleil se levant à travers les feuillages. Je tenais un tumblr que j'entretenais avec des  photos et des textes au ton dépressif voir suicidaire en fonction de mes humeurs.

Je grimpais à un arbre, faisant confiance à  mes maigres bras tailladés et arrivais à une cabane que j'avais construite avec mon père, plusieurs années auparavant

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Je grimpais à un arbre, faisant confiance à  mes maigres bras tailladés et arrivais à une cabane que j'avais construite avec mon père, plusieurs années auparavant. Elle tombait en ruine, faite de bois et de tôles rouillées mais tenait toujours debout. Elle était à mon image : brisée mais toujours debout. Mais pour combien de temps encore ? Pendant combien de temps devrais-je continuer à jouer à la comédie de la vie ? 

Je mis ma main sur les petits sachets de médicaments que j'avais caché ici. C'était par pure précaution, si jamais mon père trouvait ceux qui étaient à la maison. J'en avalais un sans prendre d'eau, sentant la petite gélule passait le long de ma gorge. Je ne savais même pas ce que c'était, je savais juste que ça allait embrouiller mon cerveau et ça me suffisait. 

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