Chapitre 8

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- Papa ? l'appelais-je depuis le palier de la maison, complètement excité.

Je marchais jusqu'au salon où il était assis devant son ordinateur portable, des tas de fichiers ouverts. Il tourna la tête vers moi avec un sourire mais également légèrement surpris par ma bonne humeur. Je m'approchais de lui en lui pointant mes oreilles cachées par mes mèches de cheveux.

Il plissa ses yeux et me sourit en remarquant les deux prothèses argentées.

- Tu as vu Andy alors ? Il est venu tout à l'heure.

Je hochais la tête avec un léger sourire. Mon père leva la main comme pour demander un temps mort. Il sortit son téléphone de sa poche et pointa l'objectif vers moi. J'entendis le bruit distinctif de l'appareil photo et mon père me sourit à son tour :

- C'est bon, dit-il en continuant de pianoter sur son téléphone.

- Pourquoi ? le questionnais-je, curieux.

- La dernière photo que j'ai de toi en train de sourire remonte à l'année dernière. Il était temps que j'actualise mon fond d'écran.

Un silence s'installa entre nous et j'allais allumer la chaîne hi-fi. Mes oreilles me chauffaient et je touchais toujours les deux petites boules.

- Tu aurais du me dire que tu voulais te faire percer les oreilles.  Je t'aurais accompagné.

- J'avais peur de le faire, du regard des gens. Il n'est déjà pas très joyeux, je voulais pas  l'empirer. C'est juste Andy qui m'a proposé de le faire et j'ai accepté.

- Tu l'aimes bien Andy ?

- Il est sympa. 

- Tu te sens mieux ? se risqua-t-il à me demander.

Ce n'était pas vrai mais je hochais la tête pour lui faire plaisir. Il me proposa de m'asseoir près de lui, le visage plus sérieux.  Je prenais peur au fond de moi. La dernière fois que nous nous étions retrouvé dans cette situation, c'était quand il m'avait forcé à aller chez un psy.

- En ce moment je suis sur une affaire qui doit me faire partir en Ecosse pour quelques jours. J'avais prévu d'y envoyer quelqu'un mais... Je dirais qu'il était temps que je te laisse une chance. Andy te fait du bien. J'aimerais essayer de partir pour que tu puisses voir si tu y arrives.  Je pars ce week-end. Du vendredi soir au dimanche après-midi. Est-ce que tu es d'accord ? 

Tel un robot je hochais de nouveau la tête. Je devais le laisser partir pour qu'il se rende compte qu'il pouvait se passer de moi. Mon père me sourit et je soupirais de soulagement. Il vallait mieux pour lui qu'il ne sache pas ce qu'il me passe par le crâne. Il en creverait. Et c'est moi qui devait mourir, pas lui.

- Par contre, je ne suis pas encore prêt à te laisser seul entièrement. Je voudrais que tu demandes à Andy de passer le week-end avec toi ou que tu ailles chez lui.

- Il ne va pas vouloir, dis-je directement. Jamais il va vouloir passer une week-end entier avec moi.

Je commençais à paniquer face à sa demande, mon coeur s'affolait, le sang parcourant mon corps à une vitesse record. Mon père du se lever de sa chaise pour me prendre dans ses bras. 

- Calmes toi, Oliver. Il est d'accord. Je lui en ai déjà parlé.

Tout mon corps se figea en un coup sec. Je relevais la tête vers lui, mi-peureux, mi-enervé.

- Pourquoi ?

- Je ne veux pas que tu sois seul. C'était la première fois que je le rencontrais et j'en ai profité. Il est extrêmement gentil. C'est une des seules personnes avec qui tu acceptes de parler.

Don't Help MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant