Chapitre 39

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Chapitre 39.

-J'ai racheté les terrains de mon père.

-Tu as fais quoi? M'étranglai-je.

Il avait les deux mains sur le volant, moi assis sur le siège passager, lorsque je l'interrogeai.

-Tu m'as fait réfléchir, toute à l'heure, m'expliqua-t-il. Peu importe ce qu'il m'a fait, il reste mon père. Je ne le pardonne pas, je ne le pardonnerai jamais et je ne l'ai pas fait pour lui. Je l'ai fait pour ma mère, parce que je ne supporte pas de la voir pleurer. Elle n'a jamais mérité cela, elle a toujours été là pour moi et c'était à mon tour d'être là pour elle. Nous poursuivrons le plan de mon père et feront construire de nouveaux bureaux pour Cromwell sur les terrains, Rob pense que c'est une bonne idée et que ça rentabilisera l'achat au maximum. Mon père a toujours été un visionnaire.

Je ne pouvais tout simplement pas croire ce que j'entendais.

-Et mon père s'est excusé, rajouta Elijah après un soupire, il m'a dit qu'il était désolé pour tout, qu'il regrettait... Il m'a dit qu'il avait compris certaines choses samedi, des choses qui lui avaient donné à réfléchir. C'est pour ça que mon oncle n'était pas là aujourd'hui : il l'a renvoyé.

Je comprenais la joie d'Elijah, tout le soulagement et le bien que cela lui apportait. Cependant, moi, j'avais peur. J'avais peur que tout cela ne soit que de belles paroles en l'air et que son père recommence à être le bâtard que j'avais connu à la seconde où nous aurions le dos tourné. Comment le croire après tout ce qu'il avait fait? Je demeurai donc silencieux, hésitant quant à donner mon avis. Si Elijah s'en rendit compte, il ne dit rien. Par contre, le malaise s'installa rapidement et il fut bientôt vital que je dise quelque chose, n'importe quoi. Elijah était déçu de ne pas susciter de réaction chez-moi, il devinait sans doute ce que je pensais et je souhaitais lui prouver le contraire.

-C'est cool, finis-je par dire.

J'ignorai si j'avais l'air convainquant, mais ça sembla suffire à Elijah qui démarra la voiture, regardant derrière son épaule pour reculer.

Je m'enfonçai dans mon siège, soulagé d'avoir évité la catastrophe et en me disant que ce rendez-vous n'avait pas été aussi infernal qu'il me paraissait. Finalement, Elijah avait eu le contrat et semblait s'être plus ou moins réconcilié avec son paternel. Tout allait pour le mieux.

Je regardai le paysage défilé par la fenêtre, tout en me disant que si la circulation était moindre, nous serions à la maison dans une quinzaine de minutes à peine. Je me perdis dans mes pensées.

Tout à coup, après m'être assoupi, je me réveillai en sursaut et réalisé que nous traversions un pont : nous sortions de la ville. Je sursautai.

-Hey, c'est pas le chemin pour aller à la maison! M'exclamai-je en regardant Elijah. Tu nous amène où comme ça?

-Je t'amène voir ta mère.

Je m'accrochai à la poignée de la porte. Une voix dans ma tête me disait que j'étais mieux de sauter toute suite de la voiture et de me jeter en bas du pont plutôt que de rester passif face à la décision que Elijah avait prise pour moi. À la place, je m'étranglai :

-Quoi?

-La pauvre est malade, je ne peux pas croire que tu ne m'aies pas demandé toi-même si nous pouvions aller la visiter!

-Comment tu as su où elle était hospitalisée?

-Je ne le sais pas, avoua Elijah, c'est pour ça que nous arrêtons chez ton père avant. Il sera très heureux de te voir.

S'il ne me met pas à la porte avant, oui! Pensai-je.

-Fais demi-tour, s'il te plaît. Nous pourrions y aller une autre fois et avertir mon père de notre visite avant, nous sommes un peu à la dernière minute là et je n'aime pas ça!

-Depuis quand te soucies-tu de ce genre de chose, toi?

Il avait vu juste...

-Je ne ferai pas demi-tour, rajouta Elijah, j'ai envie de rencontrer tes parents et je crois que c'est important qu'ils sachent ce que tu es devenu, surtout ta mère. Tu t'en voudras tout ta vie si tu ne vas pas la voir.

Le pire, c'était que je savais qu'il avait raison, mais ces retrouvailles étaient très angoissantes pour moi. Je ne voulais pas que mes parents aient honte de moi, je voulais qu'ils soient fiers. Mais l'homme que j'étais devenu n'avait rien pour les rendre fiers si ce n'était qu'avoir épousé un homme riche... 

Love affairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant