Chapitre 40.
Pendant la route, Elijah m'avoua qu'il avait dû engagé un détective privé pour trouver l'adresse de chez mon père, mais que ça n'avait pas été bien difficile. Cela faisait une demie-heure que nous roulions sur de petites routes cahoteuses de campagne. La voiture sport d'Elijah faisait tâche entre les granges et les champs.
Nous finîmes par ralentir lorsque nous pénétrâmes dans un tout petit village (350 habitants, gros maximum) marqué par le haut clocher de son église centenaire.
-C'est ici, dis-je quand Elijah passa devant la maison de mon enfance.
J'avais été élevé ici, en campagne, puis j'avais quitté la maison pour vivre ma vie d'adolescent fringuant et aller étudier dans la grande ville. J'avais arrêté les études, mais j'étais resté là-bas.
La maison en tant que telle n'était qu'un petit bungalow avec de la brique rouge, une rocaille à l'avant et un jardin à l'arrière. Néanmoins, je remarquai que l'hospitalisation de ma mère se faisait sentir : les fleurs se fanaient tranquillement par manque d'occupation.
-Alors, tu descends?
Je jetai un coup d'œil à Elijah qui venait de poser la question. J'avais toujours cette boule qui était comme une roche au fond de mon estomac. J'essayai de la chasser, en vain. Tant pis, je ferai avec, je n'avais pas d'autres options, de toute manière.
Je desserrai les poings, puis ouvrit ma portière pour poser les pieds à terre. Les choses devinrent immédiatement plus réelles lorsque je fus debout sur la pelouse de la maison de mes parents et que j'entendis les portes de la voiture se verrouiller derrière moi.
Plus de retour en arrière.
Je tournai la tête vers la maison et je vis la porte de cette dernière s'ouvrir. Mon père se tenait dans l'encadrement. Il avait dû surveiller notre arrivée par la fenêtre. Elijah enroula sa main autour de la mienne et me tira en direction de la porte. Peut-être que c'était parce que je me sentais mal à l'aise d'être si près de lui sous les yeux de mon père, j'essayai de reprendre ma main, en vain. Elijah me tint fermement.
-Il n'y a pas de honte, me murmura-t-il à voix basse, je vais le puncher s'il dit quoique ce soit et je me fiche que ce soit ton père.
Je n'avais aucun doute là-dessus et voilà qui m'effrayait davantage. J'espérais que tout ce passerait bien. Je commençais tout juste à comprendre ce que pouvait ressentir Elijah à propos de son père. Je ressentais la même chose. Je sentais que le même sang coulait dans nos veines et que même s'il ne m'acceptait pas, même s'il disait des choses regrettables, il resterait mon père et il aurait le droit de me haïr après toutes les choses que je lui ai faites. Je ne voudrais pas que Elijah le frappe pour ça.
Je pris une grande respiration et hochai – d'une manière absolument pas convaincante – la tête. Je laissai Elijah le soin de m'entraîner vers la porte ouverte. J'essayai de me tenir fier et droit pour convaincre mon père que je n'avais, après tout, peut-être pas tout rater... même si j'en pensais tout le contraire.
En un rien de temps, nous fûmes devant la porte d'entrée. À ma grande surprise, mon père m'attira à lui et me serra très fort dans ses bras. Cela me pris quelques secondes à comprendre et me remettre du choc. Je finis par passer timidement mes bras autour de mon paternel le serrant moi aussi. J'avais lâché la main d'Elijah. Par-dessus l'épaule de mon père, je le voyais qui me souriait et, moi, j'avais quasiment les larmes aux yeux tant j'étais ému.
-Dylan..., murmura mon père. Où est-ce que tu étais passé pendant tout ce temps?
Il se recula et posa ses mains sur mes épaules, me regardant, moi, sa progéniture.
-Je... croyais que vous ne vouliez plus me revoir, toi et maman... dis-je.
Mon père pris une grande respiration.
-Dylan, tu étais jeune et tu avais fais des conneries, tu avais vraiment dépassé les bornes et je n'ai pas eu le choix de te mettre à la porte : tu devais apprendre le sens du mot travail, tu devais devenir un homme par toi-même. Ce que tu sembles avoir réussi à merveille. Mais ça ne voulait pas dire que nous ne voulions plus jamais te revoir! Tu es notre fils, Dylan! À quoi as-tu pensé en disparaissant aussi longtemps? Bon sang! N'as-tu donc pas pensé à ta mère deux petites secondes?!
Les larmes se mirent à couler toute seule à la seule évocation de ma mère. Je m'en voulais. Terriblement. Elijah me frotta le dos en guise de réconfort et mon père sembla enfin notifier sa présence. Il prit un air bourru, se donnant un peu de prestance. Il serra virilement la main de mon petit-ami.
-Enchanté de vous connaître, Elijah, prenez soin de mon fils.
-Je m'y attelle, répondit l'intéressé avec un sourire.
Je regardai mon père avec étonnement.
-Ça ne te dérange pas?
Il cligna des yeux.
-Qu'est-ce qui devrait me déranger?
-Eh bien... ce n'est pas exactement... une femme, il a... heu... un pénis.
Mon père éclata de rire, puis se contenta de m'offrir un sourire bienveillant.
-Si ça te convient à toi, ça me convient aussi à moi. Tu es devenu un homme bien, Dylan, tu es parfaitement en mesure de faire tes propres choix et de savoir ce qui est bon pour toi.
Mes larmes redoublèrent. Je ne savais plus si je pleurais de joie ou de soulagement, mais ça n'avait aucune importance. C'était tellement un lourd poids qui se soulevait de mes épaules que j'avais peine à le croire.
Une fois remis de mes émotions, mon père nous fit entrer chez-lui. Sans ma mère, la maison semblait manquer de vie... comme si elle était morte. Pendant que mon père nous faisait du café, j'osai le regarder vraiment en face pour la première fois depuis terriblement longtemps. Il semblait avoir pris dix ans depuis la dernière fois... Plus de rides marquaient son visage, des traits mauves cernaient ses yeux et il y avait une lueur qui s'était éteinte au fond de ses prunelles.
Et je ne pouvais pas m'empêcher de penser que c'était peut-être de ma faute...? Si j'avais été un meilleur fils, est-ce que les choses auraient pu être différentes? Ce n'était que des « si », on ne refaisait pas le monde avec des « si », mais je ne pouvais pas m'en empêcher...
Pendant que nous buvions nos cafés respectifs, mon père donna l'adresse de l'hôpital où était hospitalisée ma mère. Il ne pouvait pas nous y accompagner parce qu'il avait des choses à faire, mais nous promîmes de revenir lui rendre visite après et, dans le futur, de venir le voir plus souvent.
En fin d'après-midi, moi et Elijah nous reprîmes la route en direction de l'hôpital. Après avoir parlé à mon père, je n'étais plus aussi angoissé à l'idée de revoir ma mère.
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Love affair
RomanceEndetté et sans le sou, Dylan, pour garder la tête hors de l'eau, se résout à vendre sa virginité homosexuelle lors d'encans luxueux à un club gay. Il ne s'attend pas à ce qu'elle soit achetée par Elijah Blackwood, le jeune héritier fortuné d'une mu...