Love affair

Chapitre 2

Chapitre 2.

Plusieurs fois j'avais fais rejouer la scène dans ma tête, m'imaginant à quoi pourrait bien ressembler cette nuit étrange que je m'apprêtais à vivre. Je m'étais imaginé des tas de trucs, comme un entrepôt désaffecté où on me placerait sous une lumière grésillante et où un homme aux dents jaunes m'achèterait pour une somme dérisoire et finirait par me vendre pour un trafique d'êtres humains. Jamais je n'avais imaginer le club chic à l'éclairage tamisé, aux murs tapissés de boiseries et aux sofas de velours et de cuir rouge que j'avais présentement sous les yeux.

-Génial, je murmurai.

-C'est joli, hein? Fit une voix derrière mon dos. C'est mon petit-ami qui a choisi la déco.

Je me suis retourné et j'ai vu un grand homme au visage sympathique qui m'observait avec un grand sourire. Il avait de larges sourcils, de petites rides au coin des yeux et des cheveux comme le sable.

-Bonjour, poursuivit-il, je suis Sam, le propriétaire de ce club. Votre ami Rob s'est occupé de votre inscription pour ce soir, vous devez être Dylan?

-C'est bien moi.

-N'ayez pas peur. Tous nos membres sont triés sur le volet et n'accueillons que l'élite ici.

Une clientèle riche aux as, fallait-il en comprendre. 

-Je n'ai pas peur, m'étais-je obligé à mentir en gigotant un peu.

-C'est normal d'être un peu stressé, ce sera votre première fois après tout. Vous êtes au courant de notre arrangement, toujours? L'argent de la vente vous revient, mais j'en prend 10% pour le club. C'est bon?

-Sans problème.

Je ne savais pas encore combien j'allais gagner, mais ça me semblait juste. Entre les branches, j'avais entendu dire que le prix de départ était fixé à 500$, alors même s'il m'en prenait 50, ce ne serait pas la fin du monde.

-Parfait, alors suivez ce couloir et vous arriverez au bon endroit. Je vous souhaite bonne chance, Dylan.

-Ouais, merci.

Le corridor débouchait dans une petite salle qui ressemblait à une boîte noir; les coulisses qu'on retrouvent généralement derrière les scènes de théâtre. Il y avaient quelques personnes à l'allure beaucoup trop efféminée pour ne pas être gay qui s'affairaient. Un homme à la peau noir, plutôt baraqué, mais avec du mascara et du eyes-liner autour des yeux me prit par le bras et me tira.

-Viens, mon chou, on va te préparer pour que tu brises des cœur!

Tout mon corps en frémit. Il commença par retirer mon T-shirt, puis mon jean, me laissant uniquement mon boxer. Je lui hurlai presque que je ne voulais pas de maquillage, mais il insista tout de même pour me mettre un peu de fond de teint en poudre. Par chance, ça ne paraissait pas tant que ça. Après, il attrapa une paire de menotte étincelante et un collier en cuir noir.

-C'est juste le protocole, ne t'en fais, tenta-t-il de me rassurer.

Malgré tout, je n'étais absolument pas rassuré par ce que je voyais. Il commença par refermer le collier autour de ma gorge, puis il attacha mes poignets derrière mon dos. C'était drôle à dire puisque j'avais encore mon boxer, mais je ne m'étais jamais sentit aussi mis à nu...

-Voilà tu es prêt! Clama-t-il en frappant dans ses mains.

-Espèce de drama queen surexcité, grognais-je, mécontent.

On me poussa soudainement par une petite porte et je me retrouvai sous une lumière éclatante qui m'éblouit. Je clignai des yeux à plusieurs surprises, mais le spot light abaissé sur moi ne faiblit pas de luminosité. Je peinais à voir le visage des quelques soixante personnes en smoking au bas de l'estrade.

-Un superbe spécimen, commença l'animateur, jeune, blond aux yeux bleus et avec plein de fougue. À qui la chance?

Les cartons commencèrent à se lever et je n'en croyais pas mes yeux. Les gens étaient-ils vraiment prêts à donner autant pour passer une seule nuit avec moi? C'était ahurissant. Ça paraissait que j'étais dans un putain de club de riches.

-15 000 une fois, 15 000 deux fois, 15 000 trois...

Un carton de leva au fond de la salle.

-20 000 une fois, 20 000 deux fois, 20 000 trois fois. Vendu!

Voilà, 18 800 beaux dollars dans mes poches. J'aurais dû être content, mais j'étais vraiment jaloux de la personne qui avait 20 000 à perdre dans une soirée comme celle-ci. Elle ne devait pas avoir de problèmes d'argent, elle! La vie devait être sacrément belle quand même.

On me fit descendre de l'estrade et maintenant que je n'étais plus aveuglé par le flash, je vis mon ami Rob qui me leva un pouce en l'air dans le coin de la salle. Je lui offris un sourire crispé. J'eus une curiosité malsaine et j'eu envie de savoir s'il avait enchérit, juste une fois... Est-ce que je faisais fantasmé mon ami? Argh, probablement pas. J'étais trop con d'avoir pensé à ça. La personne qui aurait dû m'intéresser le plus, c'est celle qui m'avait acheté, après tout.

Cette personne, elle était juste devant moi. Seulement, elle était de dos en train de signer des papiers pour mon achat : assurance, décharge... etc. Genre si je lui cassais un bras, il n'avait pas droit de poursuivre le club. Moi aussi, j'avais signé ce genre de papier. Les miens stipulaient que je renonçais à tous mes droits le temps d'une soirée. Histoire que le client ne soit pas déçu si j'avais soudainement la frousse et que je décidais de ne finalement pas couché avec lui, il pouvait me forcer comme ça. C'était tordu, non? Au moins, j'étais un peu plus riche qu'avant.

-Voilà, Mr. Blackwood, il est à vous.

-Merci bien, Luc.

-Je suis tout de même surpris. Habituellement, vous ne prenez jamais part à ce genre d'événement, c'est la première fois que je vous vois acheter une marchandise.

Une marchandise? C'est comme ça que j'étais surnommé? Génial!

-Je ne sais pas, celui-là, il a... attiré mon attention.

Je ne savais plus d'où, mais j'avais la nette impression de reconnaître cette voix.

-Eh bien, c'est une très belle pièce, vous avez bon goût.

-Merci.

-Aller, je vous laisse profiter de votre achat. Bonne soirée.

Le dénommé Blackwood hocha la tête. On lui remit une laisse satinée noire, puis il se retourna vers moi avec un sourire arrogant qui lui débordait des lèvres.

-Oh, merde, je murmurai.

Ce genre de chose, ça n'arrivait qu'à moi. Devant les yeux, j'avais Mr. Mystérieux du resto.