Chapitre 45

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Chapitre 45.

-Pourquoi ne pas t'avoir vendu la compagnie à toi – chaire de son sang – plutôt qu'à des Coréens? Demandai-je, sourcils froncés, tout en allumant la lumière du salon.

-Parce que je ne l'aurais pas achetée, répondit Elijah en laissant tomber son trousseau de clef dans un petit bol de verre déposé à l'entrée.

-Et pourquoi ça?

-Mon père me connaît bien, probablement parce que je lui ressemble beaucoup. Si j'avais acheté la compagnie ou qu'il me l'avait léguée, je serais devenu tout ce que je déteste. Tu te souviens, mon rêve a toujours été de me faire connaître grâce à mes propres efforts et mon propre travail et non pas grâce au nom de mon père. Si j'avais mis la main sur la compagnie, je serais devenu le fils-à-papa qui n'a eu qu'à hériter pour faire de l'argent, et je ne veux pas être ce gars-là.

-Alors, tu es content avec le dénouement des choses?

-Je pense que tout est bien qui finit bien.

-Penses-tu un jour arriver à lui pardonner, à ton père, je veux dire?

-Il y a certaines choses que je ne pourrai jamais lui excuser, mais il y en a aussi d'autres sur lesquelles je peux passer l'éponge. Il veut rendre ma mère heureuse et je le soutiens là-dedans parce qu'elle a toujours été là pour lui, elle, supportant ses colères et ses mauvaises humeurs sans rien demander en retour. À un moment, je pensais même qu'ils allaient divorcer, mais avec le recul, je pense que ma mère est trop attachée à mon père et que, pour elle, divorcer serait le summum de la disgrâce.

-Tu crois qu'ils restent ensembles de force? C'est assez triste...

-Plus maintenant. Mon père a besoin de ma mère et il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour la récupérer si elle s'en allait, il l'aime, je crois.

Elijah disparut quelques instants dans sa chambre. J'entendis du bruit, des papiers que l'on entrechoquait, froissait et bougeait, puis finalement, il revint dans le salon avec une grande enveloppe brune.

-Il y a quoi là-dedans? L'interrogeai-je en lorgnant l'enveloppe.

Elijah décacheta l'enveloppe géante et en sortit une liasse de feuilles de papier brochée ensemble.

-C'est le contrat que tu m'as fais signer voilà... longtemps? Redemandai-je, pensant reconnaître les papiers.

-C'est ça, me dit-il, mais c'est fini.

-Qu'est-ce que tu veux dire?

-J'ai agi comme mon père: manigançant pour te garder à mes côtés parce que j'avais besoin – et j'ai toujours besoin – de toi. Mais je ne veux pas être comme mon père. J'ai confiance en toi, Dylan. Je t'aime et tu m'aimes, il n'y a donc pas de raison de conserver ceci.

Là-dessus, il déchira le contrat en deux à mains nues. Je regardai les deux moitiés de papier tombées au sol, sentant mon cœur battre plus fort au fond de ma poitrine.

-Elijah..., murmurai-je.

Nos regards se croisèrent. Je ne pus plus me retenir plus longtemps, je me jetai sur Elijah, passant les bras autour de son cou. Je le serrai contre moi, puis mes lèvres trouvèrent d'elles-mêmes les siennes. Un baiser passionné s'en suivit.

-Je t'aime tellement...

J'étais enfin capable de le dire correctement.

-Moi aussi, me rassura-t-il, ses bras autour de ma taille m'attirant toujours plus près.

Nous nous embrassâmes encore et tandis que mes doigts s'activaient sur les quelques premiers boutons de la chemise d'Elijah, on sonna à la porte. Je m'arrêtai aussitôt, prêt à aller ouvrir.

-Laisse tomber, me dit Elijah. C'est sûrement juste un vendeur.

J'allai l'écouter, quand la sonnette retentit encore, puis encore et encore sans arrêt. Cette fois, je n'eus pas d'autres choix que de m'arrêter. Je m'approchai de l'intercom.

-Oui?

-Hey, Dylan! Ouvre-moi!

Je reconnus la voix de Rob. Je soupirai.

-Encore lui? Demanda Elijah par-dessus mon épaule.

Sans l'écouter, je débarrai la porte et, quelques instants plus tard, Rob débarqua dans le condominium comme une tornade avec deux bouteilles de champagne.

-Hey! Il faut fêter ça! S'exclama-t-il.

-Je l'ai texté dans l'auto toute à l'heure, expliquai-je à Elijah qui ne comprenait pas trop ce qui se passait. Je lui ai dis pour la retraite de ton père et tout le reste...

-Tu ne peux vraiment rien lui cacher, hein?

Rob m'attrapa par l'épaule.

-Non, rien! Répliqua-t-il à ma place avec un large sourire qui lui fendait le visage en deux.

Je ris et allai dans la cuisine chercher trois coupes. Je les déposai sur la table du salon et Rob fit « poper » le champagne. Il remplit les flûtes une à une, puis nous en prîmes chacun une.

-Alors, on trinque? Proposa mon ami.

-À l'amitié!

J'offris mon plus beau sourire à Rob.

-À l'amour!

Elijah m'enlaça la taille amoureusement.

-Et à tout est bien qui finit bien! 

Love affairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant