Chapitre 44

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Chapitre 44. 

Je pris un congé au boulot. Au vu des circonstances, ça ne dérangea personne. Samedi arriva beaucoup plus rapidement que prévu et, même si je ne me sentais pas réellement d'attaque, j'accompagnai Elijah chez ses parents, un territoire tout sauf neutre. Mon petit-ami hésita longuement avant de sortir de sa voiture, mais quand il posa finalement un pied à terre, il était le plus décidé des hommes.

Il serra ma main, mais cette fois, ce fut à moi de le conduire à la porte de chez ses parents, tentant de me montrer le plus rassurant possible. Je me forçai à lui lancer un sourire réconfortant, mais je n'avais pas le cœur à ça... pas depuis une semaine, à vrai dire.

Il sonna à la porte. Toute suite, Samuel, le majordome que j'avais déjà pu rencontrer à quelques reprises, ouvrit.

-Vos parents vous attendent dans la salle-à-manger, indiqua-t-il à Elijah.

Ce dernier hocha la tête et, connaissant le chemin, il se dirigea vers le lieu de rendez-vous. J'allais le suivre, quand la main du majordome se posa sur mon épaule, me retenant le temps de quelques secondes :

-Je tenais à vous remercier, me dit-il, vous êtes resté avec Elijah et l'avez protégé. Je suis profondément désolé d'avoir pu douter de vous par le passé.

Je hochai la tête, me rappelant de la menace que cet homme m'avait proférée le soir du cocktail qui avait précédé mon mariage.

-Ce n'est rien. Je suis bien content de ne pas être le seul à me soucier de lui.

Remarquant que je ne le suivais pas, Elijah s'arrêta et tourna la tête par-dessus son épaule pour m'apercevoir.

-Alors, tu viens?

Je saluai le majordome, puis emboîtai le pas à mon petit-ami qui était déjà quelques pas devant moi. Sans aucune hésitation, Elijah poussa les deux grandes portes vitrées de la salle-à-manger sans attendre que le majordome le fasse à sa place et fit son entrée grandiose devant ses parents.

Ces derniers étaient assis au bout de la longue table. Sa mère portait une petite robe noire très légèrement pailletée avec un foulard rouge reposant au creux de ses coudes, tandis que son père était habillé d'un de ses complets habituels. Le visage de sa mère était resplendissant de santé : plus aucune hématomes ne se voyait. Intérieurement, j'en fus incroyablement soulagé.

Nous marchâmes et nous prîmes place en face de ses parents, là où la table avait été mise pour deux personnes de plus, les couverts dressés.

-Alors..., dit Elijah, qu'est-ce qui m'a valu cette invitation à souper après tout ce qui est arrivé?

Il fallait bien que quelqu'un parle en premier et mon petit-ami voulait que ses parents sachent bien qu'il avait le plein pouvoir et que si ce qu'il entendait ne lui plaisait pas, il se ferait un plaisir de repartir aussitôt.

Sous la table, son père serra la main de sa mère sur sa cuisse.

-Elijah, commença-t-il, tout d'abord, nous voulions te dire que même si nous ne l'avons pas toujours laissé paraître, nous sommes fiers de toi.

Je sentis que, à côté de moi, Elijah avait envie de lâcher un petit rire sarcastique parce que, effectivement, ses parents ne lui avaient pas toujours montré cette soit-disant fierté. Qu'importe, il garda une expression neutre, tandis que son père poursuivait :

-En un an, tu es devenu un homme encore plus brillant que je ne l'ai jamais été en toute une vie. Et tu as su t'entourer des meilleures personnes qui soit. Dylan est la meilleure chose qui a pu t'arriver, j'en suis intimement convaincu.

Un peu gêné, je sentis la rougeur me monter aux joues sous les compliments.

-J'espère que tu trouveras la sagesse de me pardonner pour mes erreurs, nous pardonner.

-M'avez-vous fais déplacer simplement pour me dire cela? Répliqua presque sèchement Elijah.

Je le comprenais, il était énervé parce qu'il ne portait pas ses parents particulièrement dans son cœur, mais même moi, je trouvais qu'il réagissait un peu trop fortement. Ses parents essayaient de se réconcilier avec lui. Même si je les condamnais pour tout ce qu'ils avaient fait, je pensai que Elijah devrait prendre le temps de les écouter.

-Non, répondit son père. Au téléphone, je t'ai parlé de quelque chose que je voulais t'annoncer.

-Certes.

Son père prit une grande inspiration.

-J'ai décidé de prendre ma retraite. Les événements des derniers mois m'ont amenés à réfléchir. Je me fais vieux... Ta mère et moi voulons nous concentrer à rebâtir notre mariage délaissé pendant plusieurs années, nous allons partir en voyage, peut-être faire le tour de l'Europe, qui sait.

-J'ai toujours voulu voir l'Italie, dit sa mère rêveusement.

-Je vend la compagnie, rajouta son père, j'ai déjà trouvé des investisseurs coréens très intéressés. Je signe les papiers de la vente dès demain. Je crois que les choses seront mieux ainsi. Il est temps que tu prennes la relève, Elijah, avec ta propre compagnie sans que mon ombre couvre la tienne. Je me retire des affaires et te laisse toute la place.

Elijah prit son temps avant de répondre. Il était évident qu'il était terriblement pensif.

-Je ne veux que le bonheur de ma mère, finit-il par dire. Je suis heureux pour vous, je pense que vous en avez besoin.

C'était comme s'il venait de signer le traité de paix avec ses parents après toute une décennie de guerre. Son père lui tendit la main et après quelques secondes d'hésitation, Elijah la serra en une poigne virile.

Le majordome pénétra à cet instant dans la pièce, poussant un chariot remplit de victuailles.

-Je prend moi aussi ma retraite, dit-il. Vos parents n'auront plus besoin de moi maintenant.

-Et qu'allez-vous faire? Lui demandai-je.

-Oh, je ne sais pas. J'ai toujours eu ce rêve un peu fou d'ouvrir un restaurant.

Il servit tout le monde et repartit avec un clin d'œil aussi vite qu'il était arrivé.

Finalement, le souper se déroula très bien. La nourriture était délicieuse et les discussions plaisantes. La visite s'étira dans un petit salon où s'enchaînèrent les coupes de champagnes, puis tard le soir, il fut le temps de partir.

Ses parents nous raccompagnèrent à la porte. Nous leur offrîmes un dernier au-revoir et sortîmes dehors dans la fraîcheur de la nuit.

-Dis, demandai-je à Elijah, tu crois que nous aussi, un jour, nous pourrons partir en voyage comme eux, en Europe ou peut-être même en Asie?

Il serra ma main dans la sienne, la réchauffant.

-Qui sait, le future nous réserve bien des surprises...! 

Love affairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant