6 - La boîte de Pandore

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Le Soldat d'Hiver était là, sortit de sa cryogénisation, sortit du Wakanda. Allongée dans mon lit, je n'arrivais pas à m'enlever cette vision aussi furtive fût-elle de l'homme que j'avais tant chercher à protéger.

Mon ressentit était partagé, je ne savais pas si j'étais heureuse, rassurée de le savoir ici, inquiète de me retrouver face lui, ou si c'était de savoir qu'il n'avait plus besoin de moi qui me rendait aussi anxieuse.
L'angoisse me gagnait de plus en plus, je me sentais défaillir, mon coeur palpitait violemment, j'avais la nausée, j'avais besoin d'air. Je me levais et sortit par la fenêtre de ma chambre.

Il me fût assez aisé d'escalader le mur jusqu'au toit. Une fois là-haut, je me laissais tomber dans les graviers bras et jambes écartés et inspirant un bon coup j'essayais de me calmer. Je ne saurais dire combien de temps je restais allongée là les yeux tantôt rivé sur les constellations, tantôt fermés, repassant encore et encore ces deux dernières années de ma vie dans mon esprit. Lorsque je me reconnecta à la réalité, le soleil se levait déjà sur le Centre. J'avais très peu dormi mais j'étais sûre d'avoir éclairci un des sentiments qui m'habitait.

Je me levais brusquement et s'est d'un pas décidé que je me rendis au seul endroit où je pensais trouver des réponses. Malgré l'heure prématurée, l'homme au cache-oeil de pirate était déjà là, assis derrière son bureau.

- Ne dors-tu donc jamais Juliette ?
- Je pourrais vous retournez la question.
- Qu'est ce qui t'amène de si bon matin ?
- Vous le savez très bien.
- Soit.
- Alors ?
- Je suis désolé de ne pas te l'avoir dis.
- C'est trop facile Nick, pas de ça ici, pas avec moi.
- Certes.
- Pourquoi me l'avoir caché ? Vous préfériez que je le découvre comme ça subitement entre l'entrée et le dessert à l'Ordinaire ? Ou un jour en tombant sur lui aux infos ? Sérieusement ?
- Tu sais très bien que non.
- Arrêtez de mentir.
- Juliette, Je.... Je devais te préservé de ça, de lui. Tu as tout tenter pour le protéger, c'est un an de ta vie que tu as mis entre parenthèse pour cela
- Comme si j'avais eu le choix, marmonnais-je.
- Tu as réussi à te remettre à vivre comme avant la mission. Je ne veux pas que tu replonges.
- Que je replonges ? Dans quoi voudriez-vous que je replonge ?  Vous pensiez à quoi ? Que j'allais me mettre sur le toit à tirer sur tous les agents du Shield qui tenterait de s'approcher de lui ? Comme un robot ? Je ne suis plus une enfant Nick, arrêtez de me traiter comme telle.

Furieuse, je tournais les talons pour quitter son bureau mais la porte automatique ne s'ouvrit pas.

- Juliette, attends. - Je ne me retournais même pas - Une seule chose: ne t'approche pas de lui. S'il te plait. On ne sait pas comment il se remet de cette longue cryogénisation ainsi que du traitement. Il est très suivi par les médecins mais rien n'est sûr. Il pourrait de pas avoir complètement évacuer et redevenir une arme de destruction massive. Alors reste loin de lui, c'est plus prudent pour toi.

Je lui fis un signe de tête et sortit.

De retour à l'appartement, je ne sortis pas de la journée et ne répondit à aucun message ou appel. J'avais besoin d'être seule. Je ressassais encore et toujours les paroles de Nick Fury. Emmitouflée dans un plaid, je regardais par la baie vitrée du salon. Je pouvais voir la vie défiler, les voitures aller et venir et les soldats s'entrainer alors que la nuit commençait à tomber. Un épais brouillard se leva et vient enlacé le Centre, la pluie se mit à tomber. Maintenant qu'il faisait noir dehors, je ne voyais que mon reflet dans l'immense fenêtre. Je me regardais droit dans les yeux, le plan qui me vint à l'esprit tout à coup fût l'une des choses qui me parut les plus censée de ces dernières vingt-quatre heures, mais aussi la plus risquée.

Je jettais le plaid au milieu de salon, attrapais le sac sous mon lit et en sortit une boite pas très épaisse. Elle était en bois massif, un très bel ouvrage commandé sur mesure. Grâce à la serrure en casse-tête, j'avais réussi à conserver ce qu'elle contenait jusqu'à aujourd'hui. Tout du moins je l'espérais. Je l'ouvris une dernière fois, passait ma main sur son contenu qui n'avait pas bougé et refermais le tout. Je la remis dans mon sac, enfilais ma tenue de prédilection pour ce que je m'apprêtais à faire et une fois mon paquetage sur le dos, je relevais ma capuche puis partis une nouvelle fois par la fenêtre de ma chambre.

A force d'avoir déambulé dans tout le bâtiment en long, en large et en travers, je le connaissais par coeur. Avoir aussi participé au plan de non intrusion aidait aussi je devais bien l'avouer. De toute manière, cette fois, je me fichais pas mal d'être repérée. Si je devais me faire virer, ou même aller en prison pour ce que je m'aprêtais à faire alors qu'il en soit ainsi. J'avais pris ma décision, j'étais prête à prendre ce risque.

Ce fût presque trop simple, en moins de deux minutes j'avais réussi à pénétrer dans l'appartement et dans la chambre que je cherchais. Il était là, allongé dans les draps. Je sortis la boite de mon sac et la posa sur sa table de chevet. Je sortis de ma veste une pivoine en origami, cette fleur blanche avait fini par devenir une peu ma signature, j'aimais ce qu'elle représentait. Je l'approchais de mon nez comme si je pouvais sentir son doux parfum. Ce geste me décrocha un sourire et je fini par la poser sur la boite. Je me retournais vers celui qui dormait toujours là.

- Pardonne-moi, murmurais-je en passant ma main délicatement sur sa joue.

Je me dirigeais de nouveau vers la porte lorsque j'entendis un bruit. Tout le reste se passa tellement vite que je n'était même pas sûre d'avoir eu le temps de comprendre. Je me retournais vers la chambre. Plus rien. Il n'y avait plus personne dans le lit. Je fit volte-face. Le Soldat d'Hiver agrippa mon cou avec son nouveau bras et me plaqua contre le mur. Je me débattais du mieux que je pouvais mais je sentais l'air quitter mes poumons. Je posais mes mains sur le métal froid pour essayer de me dégager.

Un gros bruit. Des cris. Tout devenait flou. Mes forces m'abandonnaient.

J'avais lutter pour sa survie et maintenant je ne pouvais plus lutter pour la mienne face à lui.

L'Avenue sous la pluie. [Bucky Barnes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant