Prologue

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1917 - Londres

La chasse avait débutée avant même le lever du soleil, alors que la grande majorité de la population londonienne dormait paisiblement dans une maison ou dans la rue. Les chasseurs avaient astiqué leurs armes durant la nuit précédente et avaient d'ors et déjà préparé un ultime stratagème pour détruire pour de bon ces monstres qui polluaient cette ville. Des animaux assoiffés de sang et de chair humaine n'ayant pour ambition que de tuer.

Ils les nommaient les Loups.

Les chasseurs s'étaient divisés en plusieurs groupes avant de se diriger en plusieurs groupes vers les zones à nettoyer. C'était ces quelques endroits où pullulaient ces monstres et leurs derniers trophées en date.

Les anciens chasseurs deviendront alors les chassés et mourrons sous l'assaut de leur gibier.

Un groupe avait décidé de s'aventurer dans un quartier pauvre de Londres entièrement occupé par une population d'animaux en manque de cadavres. Il y avait à cet endroit très peu d'enfants ou d'adolescents ; les seuls habitants étaient des personnes en fin de vie ou des jeunes adultes n'ayant pas réussi à intégrer la société humaine. Dans tous les cas, ils étaient la cible parfaite pour une première chasse au Loup.

C'était un homme âgé d'une trentaine d'années qui lança le premier assaut lorsqu'il vit une vieille femme en train de dévorer goulûment un reste de cadavre humain en plein milieu du chemin en terre. Il s'approcha avec une lenteur délibérée vers la femme, sachant très bien que son ouïe surdéveloppée allait le détecter. En effet, la pauvre victime se retourna et planta son regard azur dans les yeux foncés de son attaquant. Il n'y eut aucune parole échangée pendant ce laps de temps ; elle ne lui avait qu'adressé un simple sourire avant que sa tête ne finisse au sol, sans vie.

C'est alors que le groupe s'était dispersé à travers les différentes ruelles entourant les minuscules cases sur le point de s'effondrer avant de commettre un des pires massacres de l'histoire des Loups.

Aucune pitié n'avait été présente, les hommes tuaient leurs ennemis sans même se soucier de leurs visages ou de leurs airs hébétés. Jusqu'au moment où un chasseur depuis désormais une bonne heure s'apprêta à entrer dans une maisonnette. Il ouvrit délicatement la porte avant de percevoir dans ses narines cette affreuse odeur de chien mouillé. L'homme réprima l'envie de vomir et pénétra dans le taudis, son couteau en argent bien en évidence devant lui.

La maison contenait trois petites pièces dont une salle de bain et une cuisine. Il passa la tête dans ces deux salles sans n'y trouver personne et décida donc de fouiller la chambre, qui devait surement être la troisième et dernière pièce de l'habitation. Avant même qu'il n'eut le temps d'ouvrir la porte qu'un bruit étouffé lui parvenait de l'intérieur.

C'était un sanglot. Un sanglot de nourrisson.

Le chasseur ouvrit la porte avec violence avant de découvrir avec ébahissement une jeune femme, surement du même âge que lui, allongée sur un matelas à même le sol avec un nouveau-né tremblant dans les bras. L'homme n'eut pas besoin de demander quoi que ce soit pour comprendre ce qu'il venait de se passer dans cette pièce.

Mais cette femme était un monstre, il ne devait pas l'oublier. Les tuer, elle et le bébé, était sa mission.

Remarquant sa présence, le regard regard auparavant doux et emplie d'amour pour son nourrisson se transforma en un regard glacial digne du plus grand des guerriers au service de sa majesté. Elle ne se leva pas, ne bougea aucunement. Elle se contenta de faire comme la première femme qu'ils avaient tué et le regarda.

Soudain, il remarqua des larmes à ses yeux.

"Tuez-moi si l'envie vous prend, mais laissez-le vivre, je vous en prie..." avait-elle dit dans un murmure.

Ignorant ses paroles, l'homme avait fait demi-tour sans jeter aucun autre regard derrière lui, laissant la femme et son bébé sains et saufs.

C'était sûrement la seule concession qui avait été accordé en ce premier jour de chasse, ainsi que pour les suivants. L'assassin avait repris son travail dès qu'il eut refermé la porte de la maison prête à s'effondrer, oubliant ce qu'il s'était passé entre ses murs.

La chasse aux loups avait duré un an, jour pour jour ; la population humaine ne se doutant pas de son existence. Les chasseurs avaient réussi à tuer plus de la moitié des loups peuplant la ville mais n'étaient toujours pas rassasiés de cette vengeance qu'ils préparaient depuis déjà trop longtemps. Ils recommenceraient, et ce jour-là les loups en pâtiraient, ils le savaient.

Néanmoins, encore faudrait-il se montrer patient. Les chasseurs humains ont été tués dans des conditions toutes plus horribles les unes que les autres dans la plus grande partie des cas et seuls quelques hommes eurent réussit à survivre à cette chasse.

Les chasseurs étaient vite redevenus les proies, les loups avaient repris le pouvoir.

Mais la vengeance de l'humanité avait décidé de sonner un siècle plus tard.

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