1.

37 6 2
                                    


Un siècle plus tard ...

On disait toujours aux habitants de la ville de Londres, surtout aux jeunes filles, de ne pas sortir seuls le soir. Il y avait bien une raison à cela et ce n'était pas seulement pour embêter la population ou stopper les jeunes dans leurs envies de fugue. Non, il y avait une raison bien précise. Mais malheureusement, tous les jeunes, ou presque, se fichaient de cet avertissement, bravant les interdits, se sentant plus rebelles au fur et à mesure que la lune montait dans le ciel. Ils étaient seuls, le soir, dans les rues sombres de la ville en riant à pleins poumons, inconscient du danger qui leurs tendait grand les bras pour les accueillir dans les entrailles de l'enfer.

"Alors le grand méchant loup ?! T'as peur de venir me sucer le sang ? Je te fais peur ?" avait annoncé une voix féminine devant les poubelles d'un grand restaurant.

Depuis plus d'un siècle, les Loups étaient connus des humains. Une chasse avait même été organisée cent ans plus tôt pour les chasser de la ville de Londres. Malheureusement, suite à l'influence des films et des livres fantastiques, très peu de gens prenaient ces chasseurs de chair humaine au sérieux, les considérant seulement comme une légende urbaine visant à faire peur aux gosses et à expliquer les meurtres des tueurs en série qui se déroulaient chaque soir.

Tandis que la femme s'époumonait dans la ruelle malodorante, un homme l'observait depuis le toit du bâtiment avec un sourire aux lèvres. Encore une gamine inconsciente du danger, ne put-il s'empêcher de penser tout en décidant de verrouiller sa cible du jour. Il passa une main dans ses cheveux bruns avant de regarder la lune atteindre son paroxysme. Mourir un soir de pleine lune, n'étais-ce pas magnifique ?

Lentement, l'homme quitta son poste d'observation pour descendre rejoindre sa victime. Il emprunta les escaliers de secours du restaurant, préférant ne pas sauter au risque de se blesser et de perdre en efficacité. Une fois en bas, la femme, toujours en train de crier au Loup, ne l'avait toujours pas remarqué. Il regarda à droite, à gauche, histoire de vérifier qu'il était bien seul. Loin de lui l'envie de commettre plusieurs crimes ce soir, il voulait juste se remplir la panse et rentrer chez lui pour regarder un film d'action.

Lorsqu'il fut enfin sûr qu'ils étaient seuls, il sortit de sa cachette et se dirigea vers sa jolie victime.

"Alors comme ça on crie au Loup ?" annonça-t-il d'une voix grave.

La femme se retourna et il la détailla. Elle était plutôt grande pour une humaine, pensait-il. Sa tenue se constituait d'un simple pantalon noir et d'un débardeur de la même couleur. Alors qu'elle s'apprêtait à répondre, il remarqua ses beaux yeux bleus qui reflétaient les rayons de la lune. Quel dommage de tuer une si belle créature ! se lamenta-t-il alors dans sa tête avant de finalement écouter la réponse de celle-ci.

"En effet, je crie au Loup, fit-elle avec un grand sourire.

- Et pourquoi donc ? Si je peux me permettre, vous risquez votre vie mademoiselle ... Ce serait vraiment dommage qu'une si belle créature telle que vous meure sous l'assaut d'un monstre en manque de chair humaine, vous ne pensez-pas ?

- Encore faudrait-il qu'ils existent, rétorqua la femme en s'avançant vers lui.

- Vous avez raison, encore faudrait-il qu'un Loup rongé par la faim passe par ici et vous trouve ..." ricana-t-il tout en souriant.

La femme était juste devant lui désormais, lui souriant tout en lui demandant la raison de sa venue dans cette rue déserte et nauséabonde. 

"Ce n'est pas l'endroit ou devrais se trouver un si bel homme, si vous voulez mon avis ...

- Eh bien disons que j'avais faim, j'ai donc décidé de venir manger un morceau au restaurant avant de rentrer chez moi, voyez-vous ? répondit-il alors avec un sourire qui se voulait charmeur.

- Mais le restaurant est de l'autre côté de cette ruelle ...

- Ça, je le sais très bien mademoiselle ..."

La femme eut alors un regard déboussolé. Elle ne comprenait pas, c'était évident. L'homme fut alors pris d'un rire franc avant de passer son bras autour des hanches de la demoiselle et de la plaquer contre un mur. Sortant un couteau de sa poche, il posa le bout de la lame sur la jugulaire de sa victime avant de murmurer alors :

"Ma jolie, tu serais surprise de découvrir que tu discutes en ce moment même avec ce que vous autres, humains, appelez les Loups. Nous ne sommes aucunement de vulgaires animaux aux griffes acérés ... Tu vois bien que nous avons la même apparence que vous, grossiers personnages ... A la différence que nous, nous sommes largement supérieurs ... Tu ne peux pas comprendre ma jolie, tu n'es qu'un déchet toi aussi ... Tu as appelé le grand méchant loup et le voici ... Tu n'as pas à pleurer, je vais te tuer te sorte à ce que tu meures sur le coup sans souffrir, tu pourras alors rejoindre toutes mes autres victimes, là-bas en Enfer ..."

A peine eut-il terminé sa tirade habituelle que la femme s'écroulait à ses pieds, la vie ayant déserté son corps. Le sang s'écoulait à une vitesse non négligeable du cou du cadavre alors qu'il s'agenouillait devant celui-ci. Aidé de ses crocs, il déchira les vêtements de la dépouille avant de commencer son festin bien mérité ...

***

"Kaleb ! Mais qu'est-ce que tu fichais bon sang ?! Tu m'avais dit que tu serais rentré avant minuit et il est presque trois heures du matin ! Ne te fiche pas de moi et dis-moi où tu étais !

- Je mangeais, répondit l'homme vaguement fatigué.

- Tu n'as pas besoin de trente-six mille heures pour dévorer un cadavre quand même ! s'exclama la jeune femme face à lui, levant les yeux au ciel.

- Nina, tais-toi, tu me saoules ..." conclut alors le dénommer Kaleb en passant le pas de la porte.

Il se dirigea alors vers sa chambre avant de s'enfermer à clé. Il n'avait pas raconté ses péripéties à sa meilleure amie, de peur de l'inquiéter ... Il se promis de lui parler dès son réveil de sa nouvelle crise de paranoïa qu'il avait eu alors qu'il terminait tranquillement son repas. Cette fois, il était sûr que ses angoisses étaient fondées. Il avait un très étrange pressentiment ...

Décidant de se débarrasser de cette odeur d'humain, Kaleb ôta ses vêtements avant d'aller prendre une douche dans la salle de bain adjacente à sa chambre. L'eau froide eut pour effet de chasser les idées noires de son esprit tandis que le sang présent sur sa peau s'écoulait sur son corps avant de partir pour un long voyage dans les canalisations de l'immeuble où il vivait.

Cet immeuble était entièrement habité par des Loups, toutes générations confondues. Il possédait alors un système de nettoyage des eaux élaboré pour ne pas attirer l'attention des plus téméraires, ou même de la police. Les Loups tenaient à leurs anonymats autant qu'à leur place dans la société, ils ne voulaient pas être chassés par de la nourriture qui croyait gouverner le monde ...

En effet, les plus grandes figures politiques ou artistiques faisaient partis de cette espèce qu'était les Loups. Beaucoup d'humains les confondait avec les Loups garous, ces êtres à l'apparence humaine qui se transforment en un monstre poilu à la pleine lune que l'on trouvait dans tous les films fantastiques ou dans les romans du même genre. Les véritables Loups n'étaient aucunement ainsi, ce n'étaient que des personnes avec des capacités supérieures ... Une meilleure dentition, une meilleure ouïe, une meilleure agilité ... Il n'était donc pas étonnant de retrouver sur le devant des scènes des bêtes dévorant les humains pour survivre. Prenez par exemple Marilyn Monroe, cette femme faisait partie de la même espèce que Kaleb et Nina, et elle n'était aucunement la seule ...

C'est alors que Kaleb fut interrompu dans ses pensées par une Nina frappant à la porte donnant sur le couloir.

"Quoi encore ? Maugréa le Loup en éteignant l'eau.

- Kaleb, c'est ta mère, elle veut te voir et te parler, tout de suite !" répondit Nina, paniquée.


HuntedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant