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Il ne fut pas très longtemps à Kaleb pour retrouver son appartement à lui et à son amie rousse. Il aurait bien voulu prendre son temps et ralentir mais la peur de se faire tuer par un vulgaire humain lui tordait l'estomac.

Mais à peine avait-il ouvert la porte de son logement que des sanglots lui parvenaient aux oreilles. En temps normal, il aurait pu penser que Nina regardait un de ses innombrables films à l'eau de rose à la fin tragique, mais avec ce qu'il avait vécu quelques minutes plus tôt, le jeune homme se mit à imaginer le pire. Et si Nina était blessée ?!

Kaleb pénétra en courant dans le salon avant de découvrir une forme recroquevillée au sol. Il n'y avait pas besoin d'être devin pour découvrir la meilleure amie du jeune homme qui pleurait toutes les larmes de son corps sur le tapis préféré de la mère de celle-ci.

"Nina ?! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! demanda le jeune homme en s'agenouillant à côté de la rousse.

- C-c'est ... C-c'est ... Ma m-maman ... E-elle ... E-elle ..." parvint à articuler la jeune fille malgré ses sanglots et reniflements incessant.

Le loup n'eut besoin de plus d'explication pour comprendre ce qu'il c'était passé. La chasse avait à peine débutée et la mère de Nina avait fait partie des premières victimes de ces chasseurs de Loup affamé de vengeance ... Elle avait été tuée ...

"I-ils ... Ils l'ont ... D-déposée ... De-devant ... L-la porte ...

- Chut, calme-toi, ça va aller ... Je suis là pour toi princesse ..." fit alors Kaleb en prenant son amie dans ses bras pour essayer de calmer ses larmes intarissables.

Nina et sa mère n'avaient jamais été très proche dans le passé. Toujours étaient-elles en train de se disputer sur un sujet quelconque à cause d'une divergence d'opinion. Le jeune homme ne se rappelle pas les avoir déjà vues s'embrasser ou même se faire preuve de diverses marques d'affections. Pourtant, à voir la rousse dans ses bras, il devinait que, malgré toutes ses disputes et la fugue que Nina avait fait pour vivre avec lui l'année précédente, l'amour maternel qui reliait les deux femmes avait quand même existé. Qu'il était d'ailleurs plus fort que ce qu'il aurait pu imaginer.

La jeune fille releva ses yeux verts amplis de larmes vers son meilleur ami avant de tenter un léger sourire qui fut vain.

"Ne t'inquiète pas, je vais bien ... C'est le choc de la nouvelle qui m'a fait réagir comme ça, ce n'est pas grave. Ça va vite passer, je te le promets.

- Pourquoi t'obstines-tu toujours à me cacher des peines ? s'enquit le loup en soupirant.

- Je ne te cache pas mes ...

- Si. A chaque fois que tu es triste ou que tu es en colère, tu fais toujours en sorte que cela ne se remarque pas. Pourquoi ? Pourquoi tu ne veux pas partager tes douleurs avec moi Nina ?

- Pourquoi ... ? Eh bien pour la simple et bonne raison que je ne veux pas que tu me regardes comme si j'étais une petite chose fragile ... Je ne suis pas comme ça ...

- Je le sais, princesse ... Et jamais je ne t'ai vu comme une petite chose fragile, fit le jeune homme en souriant. Tu es ma meilleure amie et il est chose sûre que tu es beaucoup plus forte que moi. Tu n'as peur de rien et tu ne mâches jamais tes mots quand tu parles à quelqu'un. Je suis sûr que si tu rencontrais un chasseur, tu serais capable de l'exploser contre un mur alors que moi je resterais tétanisé de peur ..."

La demoiselle posa sa main sur la joue de son ami avant de soupirer et de se relever. Elle lissa les plis de sa jupe verte avant de tendre la main à Kaleb pour l'aider à se relever. Elle lui annonça ensuite qu'il se trompait sur son compte et qu'elle n'était pas aussi courageuse qu'il le disait. Elle était néanmoins flattée d'être considéré comme telle et décida d'en être digne.

"Maintenant que je vais ne serait-ce qu'un peu mieux, je vais aller me changer et aller rendre visite à mon père !

- Fais attention aux chasseurs ! le prévint Kaleb.

- Ne t'inquiètes pas ! Les chasseurs cherchent les grand méchants Loups, pas les petits chaperons rouges ! Jamais il ne leurs viendrait à l'esprit que je fais partie de cette race qu'ils détestent tant. Et puis, au pire, s'ils me suspectent, j'ai toujours un couteau avec moi et il s'avère que je suis très habile pour découper de la chair fraîche !"

Kaleb leva les yeux aux ciel en souriant avant de partir s'enfermer dans sa chambre, bien décidé à dormir ne serait-ce qu'un peu pour mettre de l'ordre dans son esprit.

La rousse venait à peine de fermer la porte de l'appartement qu'elle partageait avec son meilleur ami, qu'elle rabattit la capuche de sa veste sur sa tête. Elle plaça un masque de joie infinie sur son visage avant de descendre joyeusement les marches des escaliers de l'immeuble.

Arrivée à l'extérieur du bâtiment, elle s'engagea en sautillant dans les rues de la Grande Londres. Elle ne coupa pas par le parc comme à son habitude car elle avait senti que Kaleb en revenait, et il n'avait aucunement l'air dans un état franchement joyeux. Avait-il été victime d'une tentative de meurtre ? Ou alors aurait-il été témoin d'un assassinat de Loup ? Nina se promit de lui en parler à son retour, pour le moment elle avait autre chose de plus important à faire !

Son père n'habitait pas à l'autre bout de la ville comme l'avait voulu sa génitrice avant sa mort, mais vivait à quelques rues de chez son unique fille. Il avait décidé de quitter les banlieues de la métropole florissante pour s'installer en plein dans son centre-ville pour pouvoir par la suite garder un œil posé sur sa jolie jeune fille. En effet, le père de Nina était depuis la naissance de celle-ci très protecteur. Lorsque sa fille l'eut quitté avec sa femme pour aller vivre avec son meilleur ami qui venait de recevoir sa majorité un an auparavant, il avait décidé de ne pas aller la chercher mais de tout simplement la surveiller, quitte à être traité de psychopathe par n'importe qui. Jamais il n'avait eu confiance en Kaleb, et ce n'allait pas commencer maintenant, pensa la rousse en frappant à la porte d'une petite maisonnette.

La porte s'ouvrit sur un vieil homme à la chevelure de feu semblable à celle de sa fille. Posant sur elle son seul œil valide, il ne put s'empêcher de sourire et de pleurer devant la belle jeune femme qu'il avait devant elle. En effet, elle ressemblait tellement à la femme qu'il avait aimé ...

"Papa, je ... Je suis désolé pour ... Pour ..." commença la jeune fille avant de laisser les larmes s'emparer de ses yeux.

L'homme ne pipa mot et prit sa descendance dans les bras. Il lui murmura que ce n'était rien, que ça allait passer alors qu'il devait pleurer encore plus que sa fille elle-même. Après s'être un tant soit peu calmé, il la conduisit alors à l'intérieur de son habitation pour profiter de sa venue pour lui parler de certaines choses.

De beaucoup de choses ...

HuntedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant