Sul'Een T1: Les Sanglots De L' Âme

2. Étrange rencontre

Chapitre corrigé

Malgré le dévouement sincère de toute la famille, les montagnes de cartons ne semblent pas avoir diminué depuis ce matin. Je crois même que la bonne humeur de mes parents a été remplacée par un agacement justifié. Je pique une barre de céréales au raisin - ma préférée - histoire d'avoir quelque chose dans le ventre pour la nuit, car personne ne semble se dévouer pour faire à manger. Ma mère, avachie sur mon père, dort sur le canapé, devant la télé. Quant à celui-ci, il est tellement concentré sur une émission politique, où trois hommes se hurlent dessus, qu'il ne me remarque même pas. N'étant pas sûre que mon estomac soit satisfait, je pique du fromage dans le frigo. L'instant d'après, comme par hasard, Ficelle vient se frotter contre mes jambes. Je lui en coupe donc un morceau. Parfois, je me dis que j'aimerais être un chat.

De retour dans ma chambre, je continue de ranger mes cartons, jusqu'à qu'il n'en reste que deux. Je fixe mon sac de cours comme si je le défiais. Demain c'est la rentrée. Ô joie. Espérons que les cours seront tout de même intéressants.

Le lycée n'étant pas très loin de mon nouveau chez-moi, je règle mon réveil le plus tard possible, histoire de pouvoir dormir assez longtemps pour ne pas m'effondrer sur ma table en classe. Ca ferait mauvaise impression dès le premier jour.

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Quelque chose sonne de plus en plus fort. Je me retrouve enveloppée dans un tissu étouffant qui resserre son étreinte. Et je tombe, atterrissant sur un sol dur et hostile... Je me rends compte que je me bats avec mon drap. Je reste un moment étalée sur le sol à me demander jusqu'à quel point je suis idiote. Trouver le courage de se lever fut une véritable prouesse de ma part, que je finis par accomplir. Je me dépêche de prendre mon petit déjeuner, écoutant le millier de recommandations de ma mère. Quand j'ai fini, je fourre ma trousse et mon trieur dans mon sac avant de regarder l'heure. Je souffle. J'ai encore le temps d'y aller en marchant.

Après quelques centaines de mètres et deux virages, je vois enfin l'établissement. Juste devant, trois cars remplis déposent un monde fou. Certains arrivent avec des valises, d'autres non. Un brouhaha apparaît. Quelques personnes arborent des regards étonnés quant à revoir ce qui semble être leurs amis qu'ils n'avaient sûrement pas vus pendant les vacances. D'autres s'enlacent, parfois juste amicalement, tandis que les couples se tiennent la main, s'embrassent. Tout le monde semble déjà se connaître.

Pour tuer le temps et ne pas avoir l'air trop perdue, je marche lentement vers les affiches où sont notées les classes. Je suis l'indication « terminale » et cherche mon nom. Je le trouve sur la fiche intitulée « terminale scientifique deux ». Heureusement, quelqu'un a eu la présence d'esprit d'indiquer la salle dans laquelle on doit se rendre.

Toujours avec la même vitesse, je cherche donc ma salle, en suivant les indications laissées à chaque entrée de couloir. Je finis par la trouver, et m'assois en face de la porte, mon portable à la main, envoyant un message à mes amis pour leur souhaiter une bonne rentrée. Bientôt, quelques élèves viennent me rejoindre devant la salle, puis toute ma future classe. Je m'installe au fond, avant d'observer la pièce. Comme dans presque tous les établissements scolaires, la peinture lavande est de mauvais goût, et s'écaille, laissant apparaître l'ancienne couleur orangée. Des tuyaux peints longent les murs et le plafond à certains endroits. Derrière moi se dressent quatre grandes fenêtres en PVC blanc. Les tables, rangées par trois à droite et par quatre à gauche, sont séparées par une petite allée qui laisse peu de place pour y circuler.

Notre professeur principal, qui nous attends dans la pièce, est petit et assez mince. Ses cheveux grisonnants sont coupés courts. Il arbore un sourire figé, derrière ses lunettes aux montures noires, et ses yeux, plutôt petits, prennent une forme de demi-lune lorsqu'il rit. Cela lui fait étrangement ressembler à une souris.