19. Confrontation

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La pluie se déverse sur ma peau, dévalant la pente de mon nez, continuant sa route dans ma nuque. Il ne fait pas froid, mais le vent et l'état de mes vêtements me font frissonner. Allongée sur la roche inconfortable, j'attends que l'eau me lave de toutes les péripéties qui me sont arrivées, de tout le stress accumulé. Le ciel se déchire, encore et encore, la foudre s'entêtant à le torturer. La fatigue se fait ressentir, et je sonde ce qui m'entoure, sans vraiment le regarder.

Le coup d'œil que me jette Veenyr me fait revenir à la réalité. Il fixe un point situé à quelques centimètres de ma hanche, en fronçant les sourcils. Je ne bronche pas quand il s'approche de mon corps, s'appuyant sur son bras affin d'atteindre l'objet de son attention. Je suis incapable de bouger, et les battements de mon cœur s'accélèrent traîtreusement. Mon organisme semble parfaitement se rappeler d'hier soir, lorsque ses lèvres odieusement sexy ont fondues sur les miennes. L'air devient soudainement plus chaud.

Mes muscles répondent de nouveau alors qu'il s'écarte peu à peu, une mèche de cheveux entre ses doigts. Je remarque alors que c'est la mienne. Pourtant, même si elle s'entête à s'accrocher à mon cuir chevelu, elle diffère totalement des autres, répandues sur mon crâne. En effet, les long fils d'un blanc presque pur pendent mollement au dessus du granit, se mêlant à d'autres ayant encore leur couleur originale.

Intriguée, je me redresse et attrape la curiosité qui me fascine. Veenyr se remet sur ses jambes, les mains dans ses poches, alors que ses lèvres ont repris leur position habituelle, un léger sourire arrogant que je trouve de plus en plus mystérieux.

- Tu vieillis avant l'heure ?

Je lève les yeux au ciel. Il me fait signe de la main, et je le suis, toujours concentrée sur la petite masse capillaire. Mes chaussures imbibées émettent des bruits de succions à chaque fois que mes pieds heurtent le sol. Nous accélérons la cadence, histoire de rattraper notre potentiel retard. Je me met à la hauteur de mon compagnon.

- Est-ce que c'est... Normal?

Je désigne la petite masse blanche et noire.

- J'en ai aucune idée...

Le vent change de direction, et une odeur étrange parvient jusqu'à mes narines. On m'attrape le poignet -encore-, et je me retrouve à terre, à plat-ventre dans la boue. Je vais finir par croire que c'est une manie chez lui, d'essayer de détacher ma main du reste de mon corps. Mais il faut croire qu'il a eu raison de me traîner dans la fange, et je me crispe en distinguant très clairement un bruissement à ma gauche. Lentement, à ses indications, je me retrouve plaquée contre une large souche moussue. Ma respiration, que je tente de retenir, de peur de me faire repérer, est devenue complètement irrégulière, et je sens l'adrénaline raidir mes muscles. Un nouveau bruit, plus proche me fait sursauter. Une main congelée me caresse le bras, et je fait volte face.

Une immense femme sa tient devant moi. Un rictus cruel s'affiche sur son visage alors qu'elle lit sûrement ma peur sur le mien. Pieds nu, elle prend appui sur les épines des résineux, et se met en position de combat. Je panique, et mon organisme se prépare à la fuite. Je cherche Veenyr, tout en prenant soin de mettre une distance convenable entre mon adversaire et moi. Manque de peau, je remarque qu'il se prépare à se battre contre une autre femme. Je serre les poings. Je ne suis pas lâche au point de l'abandonner face à nos deux assaillants, même si je dois avouer que c'est tentant. La femme respire la bestialité à plusieurs mètres, et son sourire carnassier me fait frissonner.

Je dois gagner du temps.

La femme se lèche les lèvres, alors que je bute sur un tronc. Elle passe sa main à la peau foncée dans son dos, et en tire une longe lance, décorée d'un plumeau au bout. Je fixe l'arme, roulant des yeux. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire face à cela?

Sul'Een T1: Les Sanglots De L' ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant