21. Détermination

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Alertés par un grabuge pas possible en bas de la vallée, nous avons rejoint Embrun, petite ville non loin de chez moi. En effet, malgré l'heure qu'il est, les rues sont loin d'être désertes, puisqu'en descendant, nous avons assistés à une course poursuite assez inhabituelle. Mais après ce que je viens de vivre, plus rien ne m'étonnera.

Le plus discrètement possible, nous longeons les bâtiments, afin de retrouver l'élément perturbateur qui concerne à présent le monde entier. J'avance tant bien que mal, sachant que si je ralentis, je vais me faire rattraper. Je ne sais pas si les policiers ont eu le temps de m'apercevoir plus tôt, et si, par conséquent je suis, moi aussi, recherchée, mais je ne préfère pas prendre de risque pour le moment. Une chose est néanmoins sûre, ceux qui veulent la mort du trio veulent la mienne aussi.

Le silence s'est désormais approprié la ville, la faisant passer pour morte. Les seuls sons émis proviennent de la nationale, non loin. L'orage s'est calmé, mais je n'en reste pas moins trempée et couverte de boue. Il fait tout d'un coup très froid, et je me met a trembler de tout mes membres, ce qui n'arrange en rien la douleur de mon coude que je m'efforce de maintenir en place.

Se rendant compte de mon mal-être croissant, Veenyr ralentit jusqu'à se retrouver à ma hauteur.

- Ça va?

J'ai envie de lui hurler dessus que non, que je ne sais plus quoi penser de ce que je viens de vivre. Mais le son reste bloqué et un sanglot m'échappe à la place.
Veenyr m'attrape alors la main, valide pour m'attirer vers lui. Il examine mon articulation déboîtée pendant un moment.

- Ça va faire un peu mal, il m'annonce, la mine désolée. 

Sans que j'ai le temps de réagir, mon bras se raccorde avec mon avant bras dans une douleur insupportable, et je pleure de plus belle. Je dois vraiment avoir l'air pitoyable si l'on en crois la tête qu'il fait.

Sa main est chaude et la mienne paraît si petite, ainsi calée dans la sienne. Je me sens tellement vulnérable à cet instant, tellement fragile. Un énorme vide a brutalement envahit ma poitrine.

Mes pensées redeviennent quelque peu lucides et je m'aperçois que j'ai atteint un point de non retour. Je suis obligée de partir avec eux, parce qu'on a potentiellement vu mon visage, et parce que les médecins vont peut être fait le lien avec ma maladie et la présence d'un monde parallèle. Mais aussi et surtout parce que je ne veux pas prendre le risque qu'on s'en prenne à ma famille. 

***
Mon articulation est encore très douloureuse, mais au moins je peux bouger. Ça devrait guérir assez vite. 

Nous cherchons depuis un moment les autres, dans le quartier que nous avons repérés du haut de là ou nous étions, mais j'ai l'étrange impression que nous tournons en rond. Le soleil va bientôt faire son entrée dans un ciel qui s'éclaircit de plus en plus. Mes yeux gonflés ont énormément de mal à rester ouverts, et même si Veenyr est persuadé du contraire, je doute que les autres nous aient attendus tout ce temps. 

La désertification des lieux devient peu à peu une source d'angoisse, et le moindre bruit une excuse pour sursauter. A force d'être détrempée, je me refroidi et je me doute que si je ne me sèche pas rapidement, je vais attraper un rhume. 

Cela me rappelle la fois où, lorsque j'étais au collège, j'avais du rentrer à pieds avec mon petit frère. Mes parents étaient en panne, et ne pouvaient pas venir nous chercher. Nous avions alors dût rentrer sous la pluie, sans aucune protection. Mateo avait trébuché, et j'avais été obligée de le porter au dessus d'une flaque. Heureusement, à l'arrivée, papa avait fait un feu de cheminée et des chocolats chauds nous attendaient sur la table du salon. Un sourire nostalgique prend place sur mon visage. Je ne reverrais pas ma famille de si tôt, mais jamais je ne les écarterai de mes pensées.  

Sul'Een T1: Les Sanglots De L' ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant