Sul'Een T1: Les Sanglots De L' Âme

27. Asphyxie

Nous avons roulé de nombreuses heures sans s'arrêter,  si ce n'était pour changer de conducteur et pour gratter du carburant.  Tout le monde y est passé,  sauf moi. Je compte donc bien réclamer mon tour à un moment donné.  Enfin, Eniel fait signe à Feii de s'arrêter à la prochaine aire, et il s'exécute. Je trépigne d'impatience à l'idée de pouvoir poser mes fesses sur le siège en face du volant.

Des camions se trouvent déjà sur place, le moteur coupé.  Au vu de nos dernières actions, les routiers doivent pouvoir facilement nous reconnaître.  Je suis quasiment certaine que les autorités du coin ont lancé l'alerte à la radio, et je m'étonne que personne n'ait encore fait attention à nous. 

Des tables de pique nique en ciment sont éparpillées dans les zones d'herbes, où deux ou trois sachets et bouteilles en plastique ont étés abandonné.  Des bancs tournés dos à la route ont étés placés le long du parking. 

Lorsque je pose le pied à Terre, une dispute semble éclater. Apparament, je ne conduirait pas tout de suite.

- Nelluna,  nous ne sommes pas ici pour déclencher une guerre. Je sais à quel point tu déteste ces gens, mais je ne veux pas rentrer en devant expliquer à mon peuple que à cause de toi, ce que nous craignons le plus s'est produit. 

Les yeux de la jeune fille débordent de colère et prennent une teinte turquoise. La tension entre les deux personnages est palpable. 

- Je veux que tu ailles courir, ordonne Eniel. 

Il fait un signe de la tête en direction de l'arrière du parking. 

- Je n'en ai pas besoin, ça fait à peine quelques jours. 

Le blond s'avance avec un visage menaçant et la jeune fille se voit obligée de reculer. Elle prend un appui stable sur ses jambes sans baisser le regard. Soudain la voix d'Eniel gronde, plus autoritaire que jamais :

- Oserais - tu me défier,  Nelluna ? !

La concernée s'avoue vaincue et s'enfuit avec une allure soutenue, non sans jurer. Sur son chemin, elle donne un coup dans une pierre qui roule plus loin.

- Tu vas avec elle, lâche Eniel à Feii.  

Je déglutis avec difficulté. Je n'ai pas vraiment pris le temps d'analyser la relation d'Eniel avec les autres tout simplement parce qu'il était très discret.  Apparemment, c'est lui qui donne les ordres, ce qui n'est pas si étonnant puisque,  si j'ai bien compris, il est le fils de la Leyda.  Cela lui va bien, et je ne crois pas que je pourrais lui désobéir si il me parlait sur ce ton. L'onde de puissance qu'il a dégagé en dissuaderai n'importe qui. 

Les deux métamorphes disparaissent donc au loin dans un champ sans plus de discussion.
Je rejoins Marine,  restée assise dans la voiture, les jambes à l'extérieur. 

- Courir,  ça veux dire qu'ils vont prendre leur forme animale ? 

Mon amie hoche la tête,  et ses cheveux se balancent sur ses épaules. Malgré la présence de cernes violettes sur son visage, sa beauté n'est pas altérée. Je sais que sa blessure la fait toujours atrocement souffrir,  mais elle essaie de le cacher. Nell a préféré recoudre la plaie après l'avoir noyée d'alcool, prétextant que ça guérirai plus vite, et sans anesthésiant ça à vraiment du être une horrible expérience.  Pourtant, elle n'a pas crié, ni même gémis quand l'aiguille à percé sa peau. J'admire cela, vraiment. 

Les images me reviennent en tête et je les repousse rapidement.  J'ai décidé d'essayer de penser comme mon peuple,  pour un moment afin de voir si j'en suis capable.  Aussi je ne me plaindrai pas de leurs méthodes.