Sul'Een T1: Les Sanglots De L' Âme

41. Qui suis-je?

Il fait nuit quand je me réveille enfin, au bruit d'une vive dispute. Je me redresse un peu, de manière à être assise contre le métal, ce qui m'arrache un cri de surprise tant il est froid. Le véhicule est arrêté, et la cabine du conducteur est vide. C'est uniquement grâce à la lumière des phares que j'arrive à voir distinctement. En effet, malgré ma vision améliorée, il fait trop sombre. La lune est cachée par des nuages, alors que l'averse menace de tomber. Le vent souffle violemment, éparpillant les ondes sonores de l'affront verbal, en Navael, entre Nell et Eniel.

Celui-ci étant toujours calme, je m'étonne de son soudain énervement. Je parviens à comprendre ce qu'ils se disent:

- Puisque je te dis que ce n'est pas de ma faute! Il a surgi de nulle part, et j'ai eu peur, explique la jeune femme rousse, en croisant les bras sur sa poitrine.

- C'est ridicule, et tu le sais tout autant que moi. Aucun de ces êtres ne viendrait traîner sur cette planète, gronde Eniel. Quand te comporteras-tu enfin comme quelqu'un de responsable? Inventer des excuses ne te sera d'aucune utilité.

Nell est secouée d'un frisson, et je jurerais voir un de ses tatouages sur son bras bouger. Elle hurle en direction du ciel et donne un coup de pied dans un caillou qui roule au loin.

- Qu'est-ce qu'il se passe? Je murmure d'une voix encore endormie.

Eniel tend les mains en direction de l'avant du véhicule, et il n'a pas besoin d'en dire plus. Je me penche pour observer l'étendue des dégâts. La tôle est froissée, le capot tordu et le moteur fume, alors que le tout est encore à moitié encastré dans la roche. Je soupire, relâchant mes épaules, en me demandant comment on va bien pouvoir se débrouiller cette fois-ci. Au même moment, quelque chose glisse sur mon corps, et je me retourne, m'apercevant que je suis nue en dessous d'un sweater qu'on a dû me poser sur les épaules quand je me suis endormie. Évidemment, j'aurais dû m'en douter, j'ai repris ma forme bipède en dormant. Immédiatement, je me recroqueville sous ce morceau de tissus qui me couvre à peine, mais Feii semble m'avoir vue. Le rouge me monte aux joues, et je lui lance un regard noir. Ses sourcils se rejoignent alors que ses yeux dénués de gène ne me quittent pas, et je lui aurai bien mis ma main dans la figure si seulement j'avais pu me lever.

- Montre-moi ta cuisse, m'ordonne-t-il.

Cette fois, j'écarquille les yeux, montrant mon refus. Je ne veux pas savoir pourquoi il m'a demandé ça. Il lève les yeux au ciel, et s'exclame plus fort:

- Nell n'a peut-être pas rêvé.

L'intéressée se rapproche, et Feii reprend:

- Regarde sa jambe.

Il me désigne de la tête.

-Quoi? Je lâche froidement en tentant de trouver mes vêtements du regard.

Quand je les aperçois, j'essaie de me décaler sans faire tomber ma protection. Veenyr le remarque et me les donne en se rapprochant de moi.

- Merci.

- L'éducation humaine vous enseigne la pudeur extrême? Me questionne-t-il.

Je hausse les épaules.

- Je ne trouve pas ça étrange.

- Tu seras surprise en arrivant à Navaelith. Tu sais on a tous à peu près le même corps, me taquine-t-il alors que j'enfile mon T-shirt.

Nell grimpe à mes côtés, et s'agenouille.

- Montre-moi, elle me demande.

Je refuse de regarder l'objet de leur attention, trop gênée d'avoir été vue sans aucun vêtement.