Chapitre 2 - Cicatrices

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Nick et Judy quittèrent la clinique deux heures plus tard, en fin d'après-midi. Les urgences étaient toujours bondées dans ce quartier, à croire que la plupart des mammifères vivant dans la périphérie de Savannah Central se faisaient une spécialité de se trancher un doigt ou de s'électrocuter, histoire de garder les urgentistes occupés à chaque moment du jour et de la nuit. Au milieu du balai incessant des interventions diverses et variées, toutes consécutives des petits tracas de la vie quotidienne, on s'était finalement occupé de la jambe de Judy. Un nettoyage appliqué de la plaie, quelques points de suture, un bandage serré, une prescription d'antidouleurs, d'antibiotiques, de quoi renouveler le pansement, et lapin comme renard étaient éconduits avec efficacité vers la sortie, afin de libérer l'espace de travail des médecins et infirmières débordés.

« Plutôt terrifiante cette clinique, pas vrai ? » demanda Nick en lançant un regard légèrement médusé par-dessus son épaule. Il n'avait jamais vraiment aimé les hôpitaux, de manière générale... Et celui-ci tournait comme une usine un jour de forte production.

« Terrifiante, c'est le mot... » répondit Judy en ricanant. « Qu'y a-t-il, Wilde ? On a peur des piqures ? Le méchant docteur ne t'a pas donné ta sucette à la myrtille alors que tu avais été bien sage ? »

Nick reporta son attention vers elle, la toisant du regard en redressant un sourcil, incrédule. Décidemment, la lapine se montrait de plus en plus taquine, ce qui n'était pas pour lui déplaire. « Disons simplement qu'il y a certains endroits qui ont tendance à me mettre mal à l'aise. Les hôpitaux en font partie. C'est censé être un endroit où on soigne les gens, mais techniquement, il n'y a que les malades qui y vont, pas vrai ? Quel meilleur endroit pour attraper une cochonnerie qu'un hôpital, de fait ? Je n'aime pas les paradoxes. »

« Oh ! Si tu étais si effrayé, tu n'avais qu'à m'attendre dehors... Je ne me serais pas formalisée. » répondit Judy en haussant les épaules, prenant la réponse de Nick avec plus de sérieux qu'il ne l'aurait fallu.

Le renard poussa un petit rire face à l'affectation sincère qu'affichait son amie, avant de passer un bras autour de son épaule. « Mais comment aurais-tu pu atteindre les soins sans mon soutien indéfectible, autant moral que physique ? J'ai été plus que ravis de te servir de béquille au cours des dernières heures, crois le bien... Mais mon dos est soulagé de te voir à nouveau capable de te servir de tes deux pattes. »

« Dis tout de suite que je suis lourde ! » s'offusqua Judy.

« Ah ! Je ne l'ai pas dit ! Mais si tu tiens tant que ça à aborder le sujet... »

La réflexion lui valut un regard de reproche, aussi sombre que désapprobateur. Judy croisa les bras avant de taper nerveusement au sol de sa bonne patte. « Finalement, je crois que je vais dormir dans le camion... Je te trouve d'une compagnie de plus en plus médiocre ! »

Nick se plaqua une main contre le cœur, feignant une affectation coupable, tout en affichant une mimique peinée. « Tes mots me blessent, Carotte ! Comment pourrais-je me regarder encore dans une glace, à présent ? Je suis un méchant, méchant renard. » Il fit une légère pause pour jauger de la réaction de Judy face à cette démonstration théâtrale de fausse culpabilité. La lapine ne pouvait contenir la naissance d'un petit rictus amusé, ce qui sembla satisfaire l'auteur de cette tragi-comédie.

« Allez, d'accord, je te pardonne. Encore une fois. » finit-elle par déclarer en levant les yeux au ciel, et en prenant un air princier des plus magnanimes. « Mais n'abuse pas des privilèges que je t'accorde. »

« Oh, je n'en abuserai pas... » répondit Nick d'un ton rieur. « Je vais juste en tester les limites. »

« Tu risques de ne pas aimer ce que tu trouveras si jamais tu viens à les franchir, crois-moi. »

Zootopie - Une route à parcourir à deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant