L'esprit de Nick était dans un état de panique tel qu'il lui semblait que ses neurones étaient en ébullition. Jamais il ne s'était senti aussi oppressé et confus, ses propres pensées rendues incohérentes par l'enchaînement chaotique des évènements, sur lesquels il essayait de mettre du sens sans y parvenir. Il lui aurait fallu retrouver son calme et sa sérénité, poser les choses à plat, peser le pour et le contre, rejeter les mauvaises intuitions et se focaliser sur ce qui avait une valeur pertinente concrète, mais à l'heure actuelle, c'était peine perdue. Il était plongé dans une sorte d'excitation apeurée et angoissée des plus déstabilisantes, et rien ne semblait pouvoir calmer son état de stress. Il entendait vaguement Judy lui poser des questions, qui ne faisaient en soulever que d'avantage en son esprit, et il ne se rendait pas compte qu'il éludait les propos de la lapine, tant il était plongé dans son propre conflit intérieur.
Le Berger avait réussi à entrer dans son appartement sans commettre d'effraction. Cette idée l'avait déjà perturbé plus d'une fois, mais ayant œuvré dans les milieux de l'ombre, il connaissait plus d'un cambrioleur à même de parvenir à accomplir une telle prouesse (qui n'en était finalement pas une lorsqu'on connaissait le truc). De fait, il avait renoncé à mettre un sens particulier à cet état de fait... Puis le mammifère masqué l'avait appelé par son prénom, « Nicholas ». Là encore, si le fait était perturbant, il y avait plus d'une façon de l'expliquer : Nick savait que la résolution de l'enquête Bellwether et les prémices de sa relation avec Judy (cette fameuse patte qu'elle avait glissé dans la sienne à la fin de la conférence de presse avait clairement fait des émules, et la suite des évènements de la semaine n'avait rien arrangé), avaient faits de lui une sorte de « personnage public » dont il était facile d'apprendre l'identité, grâce à internet. Son Furbook avait reçu plus de trois mille demandes d'ajouts au cours des dix derniers jours... C'en était presque grotesque (mais pas autant que les inepties, heureusement souvent très mignonnes, qui fleurissaient accompagnées l'hashtag WildeHopps – Nick et Judy avaient passé plusieurs heures, la veille des évènements tragiques de la marche pour la paix, à regarder ce que le web disait d'eux... Et cela avait été une expérience effrayante, mais surtout très, très drôle –). De fait, en dépit des allégations que ses songes angoissants avaient pu faire naître quant à l'identité probable (ou plutôt improbable) du Berger,
Tu me connais Tu me connais Tu me connais
Nick s'était finalement persuadé que, non, en réalité, rien ne pouvait lui permettre de penser qu'il ait un quelconque rapport avec cet individu. Il était vrai que son odeur, étrangement dissimulée aux moyens d'un atténuateur olfactif (n'importe quel mammifère pouvait s'en procurer pour réduire la gamme odorante qu'il déployait : utile pour les femelles en chaleur, ou pour les espèces qui pouvaient en souffrir – mais surtout faire souffrir les autres – comme les moufettes et autres putois) lui était vaguement familière.
Mais là, toutes ses théories étaient mises à mal et volaient soudainement en éclat. Oui, le Berger connaissait Nick, sans doute personnellement, ou en tout cas avait connu son père, car il avait su précisément où chercher les documents qu'il avait dérobé. Il n'était pas entré dans l'appartement uniquement pour tendre ce piège macabre au renard et à la lapine, mais également pour mettre la patte sur des rapports qui traînaient dans un bureau scellé et poussiéreux depuis près de douze ans. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ces documents en particulier ? Le seul lien évident qui avait sauté aux yeux de Nick était le sigle de la Compagnie 112... Un sigle dont il ne se serait jamais remémoré, car sans importance selon lui, si Finnick ne le lui avait présenté le soir-même... Un sigle apparu sur l'uniforme de l'une des complices du Berger. Il était inutile d'avoir fait de grandes études pour comprendre que le chef terroriste s'était assuré de récupérer tout document qui permettrait de l'identifier, par simple effet de recoupement. Et c'était là la raison de vol... L'identité du Berger s'était trouvée dans les documents de Jonathan Wilde... Il était donc quasiment certain, aux yeux de Nick, que cet individu avait dû faire partie de la même troupe d'élite expérimentale que son père. Il fallait donc de toute urgence trouver des informations sur la Compagnie 112 et sur ce qu'elle avait pu devenir... Car cela pourrait permettre de remonter jusqu'au Berger.
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Zootopie - Une route à parcourir à deux
Fiksi PenggemarL'histoire démarre au moment de l'arrestation de Bellwether, et traite tout ce qui suit. Le retour de Judy au sein des forces de l'ordre, le départ de Nick pour l'académie de police, leurs débuts en tant qu'équipiers... Le tout entrecoupé de nouvell...