Chapitre 13 - Père

1.8K 81 95
                                    

Ils quittèrent le Starbear Coffee Shop une demi-heure plus tard, environ. Judy ne se départait toujours pas de son sourire radieux. Jamais elle ne s'était sentie aussi soulagée que depuis le moment où Nick lui avait appris que sa demande de candidature avait été acceptée par Bogo, mais surtout qu'il avait expliqué que son choix de rejoindre la police était réfléchi, et faisait sens à ses yeux. Avant toute chose, la lapine voulait que son ami soit heureux... Et elle aurait parfaitement compris que ce projet de partenariat au sein des forces de l'ordre ne le réjouisse pas tant que ça, finalement. Mais au bout du compte, il semblait qu'elle avait éveillé en lui un désir lattant de justice et d'altruisme. Nick était sincère : il voulait se mettre au service des ordres, et faire ce qui était en son pouvoir pour contribuer à rendre ce monde meilleur.

Tout ce qui était arrivé au cours de la semaine, la résolution du complot, la seconde conférence de presse, l'agression que Judy avait subie, la tentative de vengeance de Nick, son interpellation, tout ceci semblait composer un melting-pot explosif qui aurait pu trouver mille et une façons de mal, voir même très mal finir. Et au bout du compte, il n'en ressortait que du positif, aux yeux de la lapine. Elle avait le sentiment que la roue tournait, et que le pire était à présent derrière eux... Ce point d'orgue avait été atteint une demi-heure plus tôt, et Judy savait pertinemment qu'elle aurait du mal à être plus heureuse qu'elle ne l'était en cet instant.

« D'accord, Nick... » confessa-t-elle après un léger soupir. « J'ai l'impression que tu as gagné ton pari. »

Le renard fit un effort considérable pour ne pas afficher un sourire triomphal, et s'obligea à la jouer sport en jetant un œil concerné à sa montre. « Il n'est que dix-sept heures trente, Carotte... Techniquement, la journée n'est pas terminée. Il est peut-être un peu tôt pour jeter l'éponge, tu ne crois pas ? »

« Eh bien, à moins que tu n'aies prévu de terminer cette agréable journée en trouvant un moyen de me mettre hors de moi, je vois mal comment je pourrais justifier être encore fâchée, au bout du compte. »

« Oh, tu devrais te méfier, Carotte. Je connais plus d'une façon de te mettre en colère. » avertit Nick d'un ton malicieux.

« Tu es vraiment sûr de vouloir prendre un tel risque ? » ironisa Judy en l'agrippant par fermement par la cravate afin de l'obliger à se baisser vers elle, tout en lui offrant un sourire séducteur.

Nick ne put s'empêcher de rebondir sur l'attitude ouvertement tendancieuse qu'elle affichait, quand bien même il s'était promis une quarantaine de minutes plus tôt de ne pas retomber dans ce piège. Il poussa un léger ricanement, avant de lui souffler à l'oreille : « C'est que si je perds ce pari, la corvée du massage me revient... Or, je ne peux pas nier avoir apprécié l'effet que ça a eu sur toi la dernière fois... »

La combinaison de ces mots évocateurs, le ton séducteur qu'il avait employé pour les prononcer, couplés au souffle brûlant qui lui caressa le creux de l'oreille, éveillèrent les braises encore fumantes du brasier qui la consumait de l'intérieur. Elle frissonna légèrement, regrettant immédiatement d'avoir voulu jouer à ce petit jeu, tandis qu'une nouvelle vague bouillonnante la submergeait totalement.

Les naseaux de Nick furent frappés de plein fouet par la décharge odorante qui l'accompagna, ce qui l'obligea à effectuer un mouvement de recul, qu'il accompagnement d'un petit jappement de surprise. Immédiatement, le renard secoua la tête pour se remettre les idées en place.

« Ok... Ok, Carotte. J'ai gagné le pari. On en parle plus. »

« Il... Il vaudrait mieux, en effet. » bredouilla Judy en reprenant son souffle. Ce genre de petits jeux allaient finir par la consumer totalement, s'ils s'avéraient trop fréquents... Et elle n'était pas sûre d'être capable d'assumer les conséquences de ce qui pourrait s'ensuivre. Pas pour le moment, en tout cas. Fort heureusement, ils se trouvaient à Tundraville, et l'atmosphère glaciale du quartier polaire l'aida à étouffer dans son lit l'incendie qu'elle avait failli relancer. Restait que s'ils jouaient le jeu jusqu'au bout, elle devait à présent un massage « appliqué » à Nick... L'idée ne l'inquiéta qu'une seconde. Le renard semblait être capable de gérer ses réactions instinctives bien mieux qu'elle ne contrôlait les siennes. Etre un lapin n'aidait pas forcément, en ce sens... Elle n'en avait jamais souffert jusqu'alors, cela dit. Comme quoi, on ne se connaissait jamais vraiment totalement.

Zootopie - Une route à parcourir à deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant