Chapitre 21 - Lien

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Contrairement à ce qu'il avait pu redouter la veille au moment de fermer les yeux et de sombrer dans le sommeil, la nuit de Nick fut calme et paisible. S'il fit des cauchemars, ceux-ci ne furent pas suffisants pour se graver dans sa mémoire... Rien de comparable avec l'atroce enchaînement de souvenirs mêlés d'horreur qui avait caractérisé sa période d'inconscience, alors qu'il était devenu sauvage et s'était perdu en lui-même.

Il s'était réveillé à deux ou trois reprises au cours de cette nuit, pendant quelques secondes à chaque fois, renouvelant systématiquement le même rituel. La légère panique tandis qu'il ne parvenait pas à identifier le lieu où il se trouvait, le petit corps chaud appuyé tout contre lui, respirant doucement dans le creux de son cou, la joie de se rendre compte qu'il reposait aux côtés de Judy, et il retombait à nouveau dans les limbes d'un sommeil réconfortant. Il n'aurait pas pu être plus heureux.

Aussi, lorsque la lumière du jour le tira une bonne fois pour toute de sa léthargie, il se sentait parfaitement reposé, rechargé à bloc pour affronter cette nouvelle journée. Il ouvrit les yeux pour se retrouver museau-à-museau avec Judy, qui le contemplait avec intensité.

« Bonjour, monsieur Wilde. » murmura-t-elle d'une voix douce.

« Euw... » maugréa Nick en remuant légèrement les naseaux. « L'haleine est chargée au réveil, Carotte ! »

La lapine fronça les sourcils tout en affichant un sourire en coin... Expression assez difficile à analyser mais qu'il comprenait sans mal. Judy ne se formaliserait jamais de ce genre de petites provocations matinales... Même si elle avait pu espérer des premiers mots un brin plus doux.

« Je fais front à la tienne depuis des jours... » répliqua-t-elle d'un ton mordant. « Et j'ai fini par me demander si tu n'étais pas un chacal, en fait. »

« Je suis sûr que tous les chacals de Zootopie apprécieront cette analogie. Qu'as-tu fait de tes grands principes, Carotte ? »

Judy leva les yeux au ciel et secoua la tête, rejetant au loin cette remarque cynique. Mais Nick n'en avait pas fini avec la perche qu'elle lui avait tendue, et enchaîna sur une nouvelle moquerie. « Et d'ailleurs, d'où te vient cette expertise dans l'haleine des chacals ? Tu en as souvent approché d'aussi près ? »

La lapine se contenta de pousser un petit rire avant de passer ses bras derrière le cou de son ami, et de se rapprocher doucement de lui. « Tu devrais savoir que je n'ai d'yeux que pour les renards, mon cœur... » déclara-t-elle d'une voix douce avant de déposer un petit baiser sur ses lèvres. Satisfaite de lui avoir aussi facilement cloué le bec, elle conclut à son tour d'une petite pique bien sentie. « Aucune raison pour toi d'être jaloux, donc. »

« Jaloux, moi ? » répliqua derechef le renard avant de lui offrir un sourire narquois, tout en crocs. « Et Bobby Catmull, alors ? Ce n'était pas un renard, mais un couguar, si je ne m'abuse. Et je ne sais rien des autres prétendants que tu as eu, Carotte... »

« De un, je ne suis pas sortie avec Bobby Catmull. » répondit Judy en fronçant les sourcils.

« Mais rien ne t'aurait fait plus plaisir, avoue ! » renchérit Nick d'un ton mordant.

Judy ignora totalement sa réflexion, gardant une expression digne et détachée, avant de poursuivre. « Et de deux, le reste des prétendants en question n'avait rien de particulièrement glorieux... Donc je te déconseille de te comparer à eux, si tu as un peu d'estime. »

« Outch. J'aimerais pas être à leur place en ce moment, ils doivent avoir les oreilles qui sifflent. » répliqua le renard, tout sourire de la voir si critique à propos de ses anciennes relations. Cela le surpris lui-même, l'espace d'un instant, et il se laissa aller à supposer qu'éventuellement, la plaisir qu'il ressentait à l'entendre en parler ainsi pouvait bien être le signe qu'effectivement, il était jaloux... Sentiment qu'il ne s'était jamais connu, jusqu'alors. Mais comme Judy se montrait soudainement si prolixe sur la question, il décida de se montrer un peu plus insidieux, histoire de récolter l'une ou l'autre information, l'air de rien. « Et d'ailleurs, en parlant de leurs oreilles... » commença-t-il d'un ton neutre, tout en pointant les siennes de ses deux pattes. « Ils les avaient plutôt longues, ou bien... ? »

Zootopie - Une route à parcourir à deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant