Chapitre 1

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CHAPITRE 1

Le son strident et agressant qui me réveille ce matin est encore et toujours de trop. Déjà que ma nuit n'a pas été de tout repos vu les échos qui me parvenaient de la fête qui se déroulait dans la résidence avoisinante, mon sommeil est perturbé par cette alarme stressante. Je ne sais pas d'où elle provient , considérant le fait que je ne me souviens pas de posséder un réveille-matin et que lors de mon aménagement hier après-midi , la résidence semblait inoccupée.

J'en ai marre de me faire déranger !

Je n'ai pas de patience, même durant mes bons jours. Alors lorsqu'en plus, on affecte les meilleurs heures de ma journée, le diable en moi se présente.

Y a-t-il réellement quelqu'un dans ce monde qui apprécie le moment où l'alarme nous attaque et fait preuve de  violence et d'agressivité, nous donnant des envies de meutres? C'est dangereux cet engin, il me fait vivre des minis crises cardiaques à chaque fois que ça se met à crier à dix centimètres de ma tête.

N'en pouvant plus , je tente le tout pour le tout et me retourne dans les draps, les repousse afin qu'ils logent au pied du lit. Utilisant le maximum d'énergie que contient mon petit(mais bien musclé... non, malheureusement, je rigole ) corps, je me lève et me dirige vers mes piles de boîtes de déménagement qui jonchent le sol de cette gigantesque chambre. Évidemment, j'ai pris soin de me réserver la plus belle et élégante pièce lors de ma visite. Je me fous bien des autres résidents , premier arrivé , premier servi .

Aux premiers abords, ils me verront comme une gentille et innocente jeune femme. Puis, après quelques instants, je peux certifier que l'opinion change. J'assume totalement mon caractère de merde! Et ce n'est certainement pas ce matin que je vais changer d'attitude . Je suis à prendre ou à laisser , mais pas une fille que tu peux influencer pour la mouler à ton image.

J'ouvre plusieurs cartons avant de finalement trouver la source de mon agacement. Un super petit réveille-matin qui fonctionne aux batteries. On peut être certain qu'il va disparaître. Je sème ma paix intérieure en l'éteignant, mettant ainsi le désordre sur mon lit en ayant tout vidé le contenu et l'avoir  éparpillé pour aller plus vite. Que des trucs inutiles. Je pousse un soupir avant de tout faire valser pour m'étendre à nouveau.

Couchée sur le dos, les jambes et bras écartés telle une véritable étoile de mer, je fixe le plafond. Hier après-midi , en prenant possession des lieux , je suis  immédiatement grimpée sur le lit pour coller au dessus de moi mes étoiles lumineuses.

Peu m'importe le fait que j'ai dix-huit ans, j'ai toujours dormi avec un ciel étoilé resplandissant pour me réconforter lors de mes nuits plus difficiles.

Ces nuits que je me réveille en sueur , les joues trempées par les larmes qui se sont échappées alors que je rêvais de mon père. Aujourd'hui encore, je le vois dans mes songes; c'est bien le seul endroit où je peux passer du temps avec lui... Il me manque affreusement.

Déjà six ans qu'il nous a laissé. À l'époque, j'avais expérimenté deux fois son départ en pays étranger. Mon père a risqué sa vie pour son pays, sa nation. Il est un héros, mon héros. Et je me rappèlerai toujours de ce sept mai. Le jour solennel qu'il nous a quittés, embrassés pour la dernière fois.

J'ai entendu ma mère pleurer pendant des heures avant son départ. Mon papa à ses côtés, tentant tant bien que mal de la rassurer. Je ne voulais pas les déranger, alors je restais seule dans ma chambre à essayer de gérer cet événement inattendu. Ma mère jouait la femme forte devant moi, mais elle s'effondait dès lors que je n'étais plus dans les parages.

L'ultime souvenir de lui vivant que je conserve enfoui en moi est le baiser qu'il a apposé sur mon front, puis mes deux joues. Postés face aux portes de la base militaire. Ses lèvres qui s'étaient déposées sur moi avec tant d'amour et de tristesse. Mouillées par les larmes, posées tendrement contre ma peau.

Ultimement.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant