Chapitre 5

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J'ai brièvement raconté mon arrivée, sans entrer dans les détails, à Kym.  On n'est pas encore assez proche pour qu'elle comprenne tout je crois. Tout impliquant les « rapprochements » entre Willy et moi... Il y a beaucoup de bruits dans sa résidence, ses voisins de chambre semblent plutôt bavards. Je me dis que si je peux entendre leurs conversations, ils peuvent bien entendre mes paroles aussi.

Je commence à avoir faim alors je décide de la laisser rencontrer ces gens et d'aller affronter mes hommes.

Je la serre dans mes bras avant de quitter. La complicité qui nous lie est puissante et on ne se connaît à peine.

Dehors, la circulation est moins affluente qu'en début d'après-midi. Je suis le chemin de gravier qui me mène à R9. Je marche lentement, repoussant du même temps mon arrivée à la maison. J'aime bien prendre le temps d'observer ce qui m'entoure. Les éléments qui font la distinction entre les moments sont souvent des détails que peu de personnes vont remarquer et qui, pourtant, peuvent au fil du temps changer un point de vue. Si je me fie, par exemple, à la fille qui est assise sur la table de pic-nic près de R8, je peux voir qu'elle semble relativement seule. Demain, c'est certain que je vais essayer de trouver un temps pour aller la voir. Ce midi  elle était assise à droite sur la table, et ce soir, elle a la même position. Je ralentis ma cadence et l'observe quelques secondes. Elle a une plume à la main et elle est stoïque. J'imagine qu'elle doit réfléchir à ce qu'elle écrit... J'aime bien les écrivaines, malgréque j'admire tout autant les écrivains.  Les femmes, elles ont une manière souvent exagérée d'utiliser des termes de la langue francaise avec une sorte de supériorité. Avec ma qualité textuelle, je parviens aisément à embarquer dans le jeu et sortir des palabres assez intéressantes qui peuvent compétitionner. Bref, demain je veux aller lui parler. Elle n'a pas être seule. Et je ne veux pas que certaines personnes profitent ou se moquent d'elle parce qu'elle est un peu dans son monde. Papa serait fier de moi je crois... Je fais mon possible pour qu'il le soit.

Je poursuis ma route et sors ma clé en arrivant face à la porte de R9. Je l'insère et ouvre. Dire que je ne m'attendais pas à ce que je vois est faible. J'étais plutôt détendu en ouvrant la porte, mais quand j'ai relevé la tête pour apercevoir une dizaine de gars que non seulement je ne connais pas, mais qui, en plus, me fixent tous comme si j'étais l'extraterrestre qui débarquait d'un autre monde.

J'avoue que je me sens pas très à l'aise pendant quelques brèves secondes. Mais je dois me ressaisir assez vite, je n'ai pas le choix de faire bonne impression. Plus longtemps je reste figée, moins j'aurai l'air assurée. Je laisse mon sourire s'étendre sur mon visage et lève la main avec laquelle je tiens mes clés pour leur faire bonjour. Un petit coucou innocent. À vrai dire, j'ai l'impression qu'ils sont tout autant surpris que moi à l'instant. Les trois hommes qui sont assis sur le canapé me fixent, comme ceux debout au comptoir de la cuisine et ceux qui parlent devant la table à dîner. L'ami de William était en train de fouiller dans le réfrigérateur, mais ses gestes sont interrompus lorsqu'il lève la tête et ses joues deviennent rosées.

Puis j'aperçois mon beau William. Probablement interloqué du silence instantané, il descend quelques marchés de l'escalier et s'arrête sur le pallier pour jauger la raison de cette inhabituelle  absence de bruit. Même à une vingtaine de mètres, je suis certaine de voir son regard s'agrandir lorsqu'il le pose sur moi. Mes cheveux sont lâchés, cascadant sur mes épaules et s'arrêtant dans le bas de mon dos. Je porte ma robe de tout à l'heure, j'en profite pour légèrement faire glisser ma main droite sur la courbure de ma hanche. Toute occasion est bonne pour le provoquer. Je relève mes lunettes de soleil sur ma tête avec le plus d'élégance dont je dispose et j'essaie de conserver une certaine image positive de moi.

- Hum, salut !?

Et là, le silence est ma seule réponse. J'adore les malaises, mais pas quand c'est moi la personne malaisée! Je lève donc les yeux sur William et décide qu'il serait mon sauveur du moment.

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