Mon garde du corps

Chapitre 28

Point de vu d'Emma

Je me réveille et découvre avec stupeur que je suis par terre. J'ai le dos engourdi par la douleur. Depuis combien de temps suis-je allongée sur ce sol en béton? Je porte une main à ma tête qui tourne. Apparemment, on m'a retiré le sac en toile. J'observe l'endroit, je suis au milieu d'une petite pièce sombre qui est composé d'une chaise, d'un lavabo et d'un tout petit lit qui a l'air peu confortable. Une minuscule fenêtre bordée de barreaux laisse passer un faible rayon de lumière. Ça ressemble à une cellule, comme celles qu'on voit dans les séries. Je me lève péniblement et pose ma main sur le mur pour me soutenir. Mon ventre grogne, j'ai tellement faim.
Il y a une porte, une porte comme dans les prisons. Je m'approche de celle ci et agrippe les barreaux de mes doigts. Je me remémore les événements, je me souviens que quelqu'un m'a projeté au sol et ensuite, on m'avait endormie avec un produit. Je me retrouve maintenant ici, toute seule, dans cet endroit sale et qui put la mort. En face de moi, il y a ce qu'il me semble être une autre cellule.

-Cameron?

Je ne sais pas pourquoi est ce que je l'appelle. J'ai peut être un faible espoir qu'il soit lui aussi coincé dans cet abominable sous sol.
Je l'appelle à nouveau, espérant voir son visage apparaître derrière la porte rouillée.

-C'est qui Cameron?

Je sursaute. Une voix féminine vient de parler. Je plisse les yeux et distingue une silhouette au fond de l'autre cellule.

-C'est mon copain, et mon garde du corps.

-Ton garde du corps?

La voix se met à rire très fort. Elle se moque de moi! J'ai envie de lui demander pourquoi elle rigole si fort mais je me contente de pousser un soupir et me laisse glisser contre la porte. Cette fille doit probablement être folle. Son rire résonne dans le long couloir qui sépare nos deux cellules. Puis la voix se tait. On entends de l'eau couler, ce lieu est super flippant. Où est Cameron? J'ai très peur de ce qu'il va m'arriver.

-Et, t'es nouvelle?

Je me retourne pour faire face à la fille. Elle a collé son visage contre les barres. Elle a de gros cheveux épais rouge tout bouclés et ses yeux sont d'un vert profond. Si profond qu'elle me fait presque peur.

-Ouais. Répondé-je

Ses mains sont noircis par la crasse et elle a le visage fatigué. Ça doit faire un bout de temps qu'elle est ici.

-Tu es là depuis longtemps? Demandé-je

-Je ne sais pas, peut être. Un an? Deux ans? J'ai perdu la notion du temps.

Oh. Et si je finissais comme cette pauvre fille. Elle a l'air d'être un peu plus âgé que moi je pense.

-Qu'est ce qu'on fait ici? Et on est où?

Je commence à paniquer. Je me mord la lèvre pour ne pas pleurer.

-On est dans une putain de prison! Elle parle en levant les mains au ciel. Et on ne fais rien, parfois Paul nous apporte du pains et de la vielle soupe dégueulasse. On attends, et on attends, encore et toujours. Je ne sais pas ce qu'on attends. Une fois, le mec qui m'a enlevé, le chef, m'a violé.

Je pousse un cri de terreur. Non, ce n'est pas possible, c'est un vilain cauchemar et je vais bientôt me réveiller.

-Mais ça ne m'a rien fais. Reprend-t-elle. De toute manières je ne me souviens plus vraiment qui je suis.

Je sens une goutte de sueur couler sur mon front. Je tremble de tout mon corps. Comment est ce que je vais faire?

-Comment...Comment es tu arrivée là, tu t'en souviens? Demandé-je en hoquetant.

-Oui. J'avais 16 ans. J'étais à un concert. Au concert de mon père. C'était un grand chanteur. Tout ce passait bien, trop bien même.

Un triste sourire passe sur son visage dur.

-Et puis j'ai été enlevé et je me suis retrouvé ici. Apparemment le mec était jaloux de mon père alors il voulait lui faire payer en kidnappant sa fille, moi.

Mon sang se glace. Je me met à voir flou. J'aperçois des ombres et un sifflement aigu sonne dans mes oreilles. Peut être que le kidnappeur est jaloux de moi? Comme il l'étais avec le père de cette fille?

-Hey, ça va? T'es pâle. Me demande la fille aux cheveux rouges.

-Ouais...ouais.

Je cligne des yeux plusieurs fois. Ma vue redevient stable. Je me masse les tempes pour faire partir cette affreuse migraine.

-Et toi, qu'est-t-il arrivé? Me demande -t-elle.

Je lui raconte en vitesse mon histoire, évoquant toutes les agressions depuis le début. Elle m'écoute attentivement, pinçant ses lèvres parfois. J'ai envie de vomir rien quand pensant à l'endroit où je me suis retrouvée.

-Ce mec est vraiment tordu. En tous cas, je suis contente d'avoir une copine de cellule.

C'est un peu tôt pour dire copine mais c'est vrai qu'une compagnie n'est pas de refus, surtout que cette fille a l'air plutôt sympas malgré son physique inquiétant.

-Au fait moi c'est Jess, et toi? Fait-t-elle en tendant la main à travers les barreaux.

-Emma.

Nos cellules sont trop éloignées l'une de l'autre mais nos doigts se frôlent. Elle me sourit, ce qui me réchauffe un peu le coeur.

-Oh! Les mioches, vous touchez pas c'est clair!

Je sursaute à nouveau et recule au fond de la pièce. Jess elle, reste à sa place, elle n'a pas l'air d'être effrayée. Un homme s'approche de ma porte.

-Salut la nouvelle, on m'a dit que tu étais mignonnes, je viens vérifier ça.

On dirait un gros pervers. Il a un faux sourire scotché au visage, et ses dents sont toutes grises. Ses cheveux blond sont plaqués avec une tonne de gel sur le haut de son crâne.

-Laisse la tranquille Paul. Dit Jess qui a l'air de bien le connaître.

-Je déconnais, ça va! Tiens attrape ça la nouvelle.

Il me lance un vieux croutons de pains avec un morceau de saucisson. Je le regarde avec dégoût. Ça n'a pas l'air très frais tout ça.

-T'aura pas autre chose, alors mange.

Puis il repars, ses talons claquant sur le sol.

-Voilà ton délicieux repas! Dit Jess pour plaisanter.

Je me force à rire. Il va falloir que je m'y habitue, car ça risque d'être long. Je m'assoie sur la chaise en bois et more dans le pain. Je recrache aussitôt le moreau. J'entends Jess rire à l'autre bout. Moi, j'ai plutôt envie de pleurer et de crier. Je ne pensais pas qu'il était possible de vivre ce que je vis en ce moment, pour moi ça n'arrivais que dans les films.
Je pense à ma famille, à Lou, à Cameron, que font -t-ils en ce moment? Quelque chose au fond de moi me dit qu'ils sont à ma recherche et j'espère qu'ils vont vite me sortir de là.