SMOKE

Chapitre 9

Nous sommes enfin le week end. Aujourd'hui a été, comme ces derniers jours, impitoyablement long. J'ai dû éviter les confrontations avec Tahlia et les moments de solitudes au lycée. Je suis épuisée et en même temps terriblement soulagée d'être vendredi soir. En rentrant à la maison, une odeur délicieuse a déjà envahi la pièce. Papa, Nathan et Emma sont tous les trois assis autour de la table, et j'aperçois une montagne de crêpes devant eux. Ils rigolent, parlent et resplendissent de bonheur. Ils me rappellent quelque chose... Une famille. Et c'est à cet instant, c'est à ce moment précis que pour la première fois depuis longtemps, je ressens quelque chose d'intense. Je crois que c'est une touche de bonheur. C'est léger, doux, presque sans importance, mais c'est comme une bouffée d'air frais.

-Coucou à tous! Que nous vaut ce magnifique goûter?

-Emma a été choisit comme déléguée de sa classe aujourd'hui, m'apprend alors mon père.

-C'est une super nouvelle ma poulette. J'en étais sûre, tu es comme moi, tu as un caractère de championne, dis-je.

-Merci Raph, je suis tellement contente de t'avoir comme sœur.

Un silence s'est alors abattu dans la pièce. Sœur. Il était évident qu'un mot pareil chamboulerai nos vies. Cette magnifique petite fille me considérait comme une sœur. À voir le regard affolé de mon père puis de Nathan, bouche bée, il était clair qu'eux non plus n'avait jamais réfléchi à cette éventualité. Qu'allait-elle ressentir lorsqu'elle partirait de la maison? M'en voudrait-elle?

J'aimais cette petite. Je l'avais aimé des la première minute. Je l'aimais quand elle voulait m'aider à me lisser les cheveux le matin, je l'aimais quand elle m'empruntais du stick à lèvre en cachette, je l'aimais quand je l'entendais chantonner sous la douche, quand elle s'endormait devant la télé. Je l'aimais quand je la voyais partir en vélo et je l'aimais même quand elle était de mauvaise humeur. Je l'aimais comme j'aurai aimé ma sœur.

Mais cela faisait-il de Nathan mon frère? De papa leur nouveau père?

Après ce silence interminable, Papa a finit par changer de sujet. Tout avait repris sa normalité mais au fond, quelque chose avait changé. Nous avions tous réaliser que vivre ensemble aurait finalement un impact sur nos vies.

Accroupie sur mon lit avec Emma, nous étions en train de jouer au Monopoly tout en chantonnant.

La porte s'est alors ouverte et Nathan nous a rejoins.

-Raphaëlle, il y a un certain Alex à la porte d'entrée et il veux te voir, s'exclama-t-il.

Les yeux d'Emma s'agrandirent et elle explosa de joie:

-C'est lui ton amoureux que tu parlais! J'ai trop envie de le rencontrer! Je peux aller le chercher pendant que tu te prépares?!

-Ce n'est pas mon amoureux Emma! Mais vas-y tu peux y aller canaille!

Nathan a alors refermer la porte derrière elle et m'a regardé avec un air moqueur.

-Alors, Mlle Sanders et son cœur de pierre a "un amoureux"?

-C'est plus un ami très proche. Je ne sais pas bien ce que l'on est en fait.

-Je vous ai vu vous embrasser l'autre midi dans la cafétéria.

-J'ai pas vraiment voulu...

Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase qu'Alex fait son entrée dans la chambre. Nathan le dévisage de haut en bas et nous laisse. Je regarde Alex tendrement. Il est beau, grand et un peu intimidant je dois dire. Il s'allonge à côté de moi pour regarder un film. Je sais qu'il en voudrait plus, je sais qu'il pense qu'il est temps de, passer "à l'acte". Mais le fait est que je ne suis pas prête. Ou du moins, pas avec lui.

Comme beaucoup de sentiments, je n'ai encore jamais ressenti celui ci. Celui d'avoir envie de quelqu'un. D'être attirée par quelqu'un.

Après quelques bisous et un petit câlin, Alex finit donc par rentrer chez lui, dépité de ne pas avoir réussi à aller plus loin.

Discrètement je me glisse sur mon balcon et j'allume alors ma cigarette. Elle est comme un calmant. Elle me détend. Souffler la fumée, c'était comme sortir tous mes problèmes. C'est pour ça que c'est intime, que je ne fume avec personne. C'est parce qu'elle est la seule à avoir un pouvoir sur moi. Elle a le pouvoir de me calmer, de me consoler et de me tuer. Elle est dangereuse mais peu importe car le plus important pour moi, c'est qu'elle soit fidèle.