Chapitre 5

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J'essaye de faire mes devoirs, mais une tonne de pensées me traversent l'esprit. Penser, il n'y a rien de pire. C'est ma hantise. J'apprécie ne plus penser à rien mais lorsque je suis seule, terriblement seule, mes vieux démons réapparaissent dans mon esprit. La pensée la plus récurrente et douloureuse, c'est elle. Maman. Maman me manque. C'est une douleur constante, elle est là, même lorsque je n'y pense pas. Je n'ai jamais parlé à personne de cette douleur. Mais en même temps, qui pourrait comprendre ce qu'est d'être élevée sans la femme qui vous a, elle même, permis d'exister. C'est impossible.

Comme chaque soir que je passe avec, pour seule compagnie, la mienne, je finis par craquer et abandonner tout travail afin de me blottir dans mon lit. Mais avant même de m'être levée de mon nouveau bureau noir, mon téléphone se met à vibrer. C'est mon frère!

-Allo ma sœur chérie! S'exclame t-il.

- Qu'est ce que tu as à me demander Noë Tanders. Tu ne m'as jamais parlé aussi gentiment!

-J'ai su pour Marco... Et j'ai su que Nathan et sa sœur venaient dormir à la maison. Ecoutes, je veux que tu fasses attention à Nathan... Il n'a pas un passé facile, et dans le genre torturé, il est carrément pire que toi.

-Pourquoi me dis-tu ça? Que lui est-il arrivé?

-Je dois raccrocher poulette, on en parlera plus tard. Gros bisous à la famille!

Je prends cet air détaché pour lui souhaiter une bonne soirée, mais le fait est qu'il me manque. Énormément. Je crois que c'est ça faire partie d'une famille. On ne sait la signification du mot "famille" que lorsque l'on sait ce que c'est d'être séparé de l'un d'eux.

Je finis par pouvoir enfin me coucher dans ce grand lit et alors toutes mes pensées reviennent à ce coup de fil étrange. Mais que Noë veux-t'il bien dire? Faire attention à Nathan. Je ne suis plus sure de rien, ce qui ne m'arrive jamais.

Qui est ce garçon de l'autre côté du mur?

Le lendemain matin, je me réveille en sursaut. Un son monstrueusement dérangeant retentit à travers le mur. Avant de me remémorer le fait que j'ai un nouveau colocataire, je réalise que celui-ci à hérité de la plus grande chambre, celle qui a une salle de bain privatisée. Pour être honnête, ça m'est particulièrement égal. Cependant, ce qui me dérange un tantinet plus, c'est le bruit de la douche qui coule et de l'horrible musique qui l'accompagne. Hors de moi, je me lève en un instant et entre en trombe dans la chambre de mon voisin. Il vas falloir que l'on discute des règles à ne pas enfreindre. Lorsque je rentre dans la chambre, je met quelques secondes à réaliser que ce n'est pas de la musique que j'entend, mais Nathan qui est en train de chantonner. La moquerie remplace alors la colère et lorsqu'il sort déjà habillé de sa salle de bain, je sens son humeur devenir massacrante.

-Mais qu'est ce que tu fou là? aboi-t'il.

-Que tu le veuilles ou non, je suis chez moi ici. Et si je ne prend pas le temps de me maquiller pendant des heures le matin afin de dormir plus longtemps, ce n'est pas pour que Justin Timberlake me réveille en chantant, si on peut appeler ça chanter.

-Tu es vraiment une petite garce, j'espère que tu le sais. Et tu parles vraiment comme une camionneuse. Mais peu m'importe, je vais t'apprendre quelque chose de fondamental pour que nous deux, on puisse se supporter: l'intimité. De plus, je pense que ce ne serait que te rendre service de t'aider à prendre plus de temps pour te maquiller, rétorque-t'il.

Cette fois la rage monte en moi. Normalement ces petites remarques ne représentent que peu pour moi mais cette fois-ci, c'est différent. Je claque la porte et sors, folle de rage.

Je me dépêche d'aller déjeuner pour me calmer et lorsque j'ouvre le frigo, j'entrevois mon père sur le canapé. Ma conscience me rappelle que cette fois, j'avais décidé d'être mature, tolérante et bienveillante mais mon caractère, celui qui fait de moi ce que je suis, remonte à la surface. J'explique à mon père que je ne veux pas faire de charité et que si ce garçon n'a plus de famille, il a qu'à aller faire un tour dans d'autres familles d'accueil. De l'indignation je vois traverser dans les yeux de mon père un autre sentiment, la gène. Je me retourne et aperçois cette jolie petite Emma. Et merde! Je suis vraiment stupide.

La petite baisse les yeux par terre et nous dit bonjour tout en restant cloitrer en bas de l'escalier. Ma petite culpabilité lui demande alors s'il elle veut manger quelque chose et celle ci hoche la tête, timidement.

-Merci Raphaëlle pour le chocolat chaud, même s'il n'est pas vraiment délicieux, avoue-t'elle.

-Alors là je suis vexée, je ne crois pas qu'à ton age, on puisse juger objectivement un chocolat chaud. Il y a quelque mois, tu devais encore boire ton biberon!

Elle explose de rire et j'avoue ressentir à cet instant, de la tendresse pour cette adorable jeune fille de 10 ans. Je dirai même que je l'apprécie.

Papa me demande alors de conduire Emma et Nathan dans sa voiture, chose que je ne peux pas refuser, car il n'accepte jamais de la prêter. Confortablement installées, Emma et moi attendant monsieur sur un air de Katy Perry qui passe à la radio. Et lorsqu'il entre, je sens que ce n'est pas vraiment son style de musique, ce qui me pousse à chantonner plus fort, et encore plus fort. Tu veux jouer Nathan, on vas jouer.

SMOKEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant