Chapitre 15

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Ce soir là, je ne descend pas manger. Je n'ai pas faim. J'essaye de comprendre ce qu'il m'arrive mais aucun mot ne peut décrire ce que je ressens. Je hais Nathan. De tout mon corps. Mais je pense à lui. Tout le temps.

Et il vas partir. Samedi, il s'en vas.

Qu'est ce que j'ai encore fait? Est ce que j'ai baissé mes gardes sans faire exprès? Est ce que Nathan me plait?

Plus rien à de sens. Et je ne peux toujours pas dormir...

J'entends taper à ma porte. Et je le sais. C'est lui. C'est comme si je savais quand il était proche de moi, comme si j'avais été créer pour appréhender ses moindres faits et gestes.

-Entre.

Il ouvre la porte, et la referme derrière lui. Il a dans les yeux une lueur que je ne connais point et qui pourtant me semble familière.

-Raphaëlle, je suis désolé pour ce matin. Je suis désolé pour tout. Je suis désolé d'être moi. Et je suis désolé d'être là.

-Qu'est ce que tu fais là Nathan?

-Pourquoi tu ne me supportes pas? Pourquoi? Qu'est ce qui ne vas pas chez moi pour t'exaspérer comme ça?

-Rien Nathan.

-Si Raphaëlle, je sais ce qu'il se passe. Tu t'interdit de ressentir quoi que ce soit parce qu'en réalité tu as peur. Tu meurs de peur.

-Et de quoi j'aurai peur?

-De bien m'aimer.

J'en ai le souffle coupé. Moi? Bien aimer Nathan? C'est impossible. Et pourtant... Pourtant ces mots me laisse quand même sans voix.

-Tu es terrifiée Raph.

-Ne m'appelle pas comme ça.

Il s'approche de moi, je suis assise dans mon lit et je ne peux plus bouger. Des frissons parcourent mon corps. Sa tête s'approche de moi. Je ne vois plus que ces beaux yeux bleus et je ne crois pas pouvoir voir autre chose que ces yeux un jour. Je ne veux pas voir autre chose un jour. Je sens son souffle se rapprocher. J'ai peur. Il a raison, j'ai peur. Mais je ne peux pas le repousser. Il me prend la main doucement mais fermement et me chuchote:

-J'aurai aimé connaître ta mère.

Mes mains tremblent, mon cœur palpite. Mais il ne fait rien. Il embrasse mon front intensément et se tourne pour repartir.

Je ne peux plus me calmer. Je ne peux plus réfléchir à autre chose. Je le veux.

Je le veux de tout mon cœur.

—————————

-Tu te fou de moi Raphaëlle. Tu te fou vraiment de moi.

Papa est hors de lui, et essaye de se concentrer sur le petit déjeuner qu'il prépare pour ne pas se laisser envahir par la colère.

-Écoutes Papa, je sais que je t'ai dis des milliards de fois de foutre Nathan dehors, mais peut être que j'ai grandi depuis. Il mérite peut être une chance.

-On a remplis des tonnes de formulaires pour qu'il puisse aller vivre ailleurs parce que tu ne le supportait pas et maintenant, en deux semaines, tu as "grandis"? C'est une blague?

-Non c'est juste que... J'ai de la peine pour lui, c'est tout.

-Tiens donc, après un repos de quelques années, le cœur de ma fille s'est réveillé.

-Hilarant.

Nathan arrive dans le salon à ce moment la, me passe devant, sans un seul mot, fais la bise à papa et se dirige dans la cuisine. Il nous regarde, perplexe, et demande:

-Je suppose qu'Emma est à l'équitation? Je sais que demain je dois partir mais j'aimerai qu'elle ne croit pas que je l'abandonne. Donc j'aimerai lui offrir un cadeau et l'emmener dans un endroit particulier ce soir... Je peux?

Papa le regarde tendrement, et à ma grande surprise, dit:

-Bien sûr, j'appellerai le lycée et je dirai que tu es malade au moins tu aura tout le temps de préparer ta surprise. Raphaëlle pourrait t'aider d'ailleurs, au moins elle t'aidera aussi à choisir une voiture, depuis le temps que tu économises.

-Si elle veut bien...?

Mon cœur palpite. Passer la journée avec lui. Évidement, c'est une idée terrible. Terriblement tentante. Mais il ne le faut pas, je ne dois pas m'autoriser à éprouver le moindre sentiment pour Nathan. Il est donc évident que je ne dois pas y aller.

-Oui ce serait super.

Les mots m'échappent. Je met ma main devant la bouche mais il est déjà trop tard. J'ai déjà dépassé mes limites. Je ne peux plus faire marche arrière.

SMOKEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant