Ce soir, comme tous les samedis soirs, une fête est organisée. Je n'ai pas vraiment la tête à sortir, mais j'ai toujours vécu comme ça. Et ça ne pourra pas me faire de mal. Il ne faut juste pas que j'arrive toute seule à la fête devant mon ancienne meilleure amie alors j'envoie un message à Alex. Quelques secondes plus tard, il me répond qu'il est déjà sur place pour aider à la préparation de la fête, qui se passe chez son ami, Dylan Peraz.
Je frappe alors à la porte de Nathan.
Il me dit d'entrer et je tombe alors sur lui, torse nu. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi musclé, ni aussi bronzé, et je le trouve pour la première fois, presque séduisant. Puis évidemment il finit par se mettre à parler et je me souviens que c'est un énorme trou du cul.
-Raphaëlle arrêtes de baver sur mon corps d'athlète et dis moi ce que tu as à me dire.
-Rien ne sert d'avoir un corps d'athlète si l'on a un QI de moineau Nathan.
-Délicate, féminine, adorable. C'est ce que tu aurai pu être si tu n'étais pas toi.
Qu'est ce que tu veux?-Et bien en fait, je me demandais si... Je me disais que...
-Tu vas accoucher oui ou non?
-Que l'on pourrait faire du covoiturage avec la voiture de mon père pour aller à la fête de Dylan. Oui tu vois je m'inquiète beaucoup de la santé de notre planète en ce moment et ça va me faire culpabiliser si on utilise deux transports alors qu'on habite au même endroit.
-Tu es juste complètement terrifiée d'arriver seule à la fête alors qu'il y aura Tahlia. Plus si rebelle que ça la rebelle de Montreal.
-S'il te plaît.
-Supplie moi Raphaëlle.
-Plutôt crever.
-D'accord. On se voit à la fête alors?
-Ok Nathan, je t'en supplies.
À ces mots, ses petites fossettes refont surface et il me souri de ses dents toutes blanches. Il enfile une chemise blanche et avant que je ne sois parti, me lance:
-Raphaëlle?
-Quoi?
-Est ce que tu pourrai pour une fois te mettre à ton avantage? Je n'aimerai pas arriver en compagnie de n'importe qui quand même.
-Connard.
-Je rigole, mais pour être honnête, il y en a une que ça énerverai vraiment si tu étais la plus belle ce soir.
Il avait raison. Il fallait que je me change. Il fallait que ce soir, les gens comprennent que j'allais bien. Il fallait que Tahlia comprenne.
Je pris la décision de boucler mes cheveux, de mettre mon rouge à lèvre bordeaux, et de faire un joli trait d'eye liner sur mes yeux. Après avoir demandé conseil à Emma, j'opte pour une combinaison short noire, délivrant un joli décolleté avec des petites converses noire. Des bagues ornent mes doigts couverts de vernis blanc. Une fois prête, j'attrape ma veste en cuir noire et mon courage pour affronter cette soirée.
J'entend alors hurler Nathan du salon pour me dire qu'il est l'heure.
Lorsque je descend avec Emma, Papa et Nathan m'attendent devant la porte. Leurs yeux s'écarquillent soudain. Ils ne m'ont jamais vu comme ça. Personne ne m'a jamais vu comme ça. Nathan me fait un clin d'œil comme pour me dire que c'est le bon choix. Papa, les larmes aux yeux, ému, me dit seulement:
"Tu es aussi belle qu'elle ne l'était... On dirait ta mère mon cœur."
J'ignore ces mots qui déclenche une telle émotion en moi qu'ils me rendent, vulnérable. Mais je n'en suis pas moi touchée. Je me sens proche de maman ce soir.Nathan s'élance dans l'entrée et prend alors le volant de la voiture de papa, branche son téléphone et met l'album de Ben Harper. Je dois avouer que ce type a de très bons goûts musicaux.
Il s'éloigne de la maison puis allume sa cigarette lorsqu'on arrive au coin de la rue. Les fenêtres sont grandes ouvertes et je crains que sa casquette noire ne s'envole.-Raphaëlle, chochotte-t-il, est ce que toi et ton frère êtes proches?
-On l'était réellement. Mais il était la star du lycée et je devais sûrement être le boulet qu'il traînait.
-Tu es tellement à côté de la plaque.
-Qu'est ce que tu veux dire par là?
-Ton frère était une star, sûrement oui, mais depuis que je suis dans ce lycée, j'ai beaucoup plus entendu parler de toi, la fille inaccessible, belle mais rebelle, qui n'a pas froid au yeux et qui...
-Qui quoi?
-Non rien Raphaëlle, laisses tomber.
-La fille qui quoi?
-Qui a perdu sa mère.
Ces mots sont dures, mais il ne sont pas une surprise pour moi. Je le sais déjà. Un rire, sûrement nerveux, se déclenche alors et je ne peux plus m'arrêter. D'un air inquiet, il me dévisage et arrête la voiture.
-Qu'est ce que tu fais Nathan?
-Ce n'est pas drôle. Et tu ne trouves pas ça drôle non plus.
-Si je t'assure. J'ai passé ma vie à être la meilleure en cours, la meilleure au piano, au football féminin et je me suis même occupée du journal du lycée deux années de suite. Et pourtant, malgré tout, je reste "la fille qui a perdu sa mère". C'est très drôle je trouve.
-Non ça ne l'est pas. Et tu peux cacher tes émotions avec qui tu veux, te protéger avec des sourires forcés et faire des regards noirs pour empêcher les gens de t'approcher, mais avec moi ça marche pas. Les filles dans ton genre je les connais par cœur. Et elles ne me font pas peur, tu ne me fais pas peur.
Les gloussements ce sont alors calmés. Cependant ma fierté en prend un coup.
-Nathan, je sais pas pour qui tu te prends, mais tu ne me connais pas.
-Et je n'ai pas envie de te connaître.
-Alors pourquoi tu n'arrêtes pas avec tes leçons de morales à deux balles?
-Parce que ton frère était mon meilleur ami passé un temps. Et il n'aurai pas aimé voir ce que je vois.
-Et qu'est ce que tu vois Nathan?
-Une fille complètement paumée.
-Je vais te dire monsieur je sais tout, tu peux dire tout ce que tu veux ça ne m'atteint pas. Tu n'a pas d'importance. Tu crois que parce que tout le monde parle du petit nouveau du lycée, le trouve "super cool", ça fait de toi quelqu'un? Laisses moi te dire que dans deux semaines, tous le monde t'aura oublié. Et de la popularité, tu passera à l'oubliette en un instant. Que ce soit au lycée, ou dans MA famille.
Ces mots étaient tranchants, ces phrases, inhumaines, mais lorsqu'on touchait à mon ego, je ne savais pas faire autrement que de sortir les griffes. Je m'attendais à ce qu'il hurle, tape contre les vitres ou même me crache au visage, c'est ce que j'aurai fait moi. Mais il a seulement dit:
-Je ne t'aime pas Raphaëlle.
-Et moi je te déteste Nathan.
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SMOKE
RomanceRaphaëlle ne sait pas grand chose de la vie, à part qu'elle craint. Passer sa vie à sortir, faire semblant d'être une autre et fumer, c'est tout son quotidien. Nathan vient de perdre son père, il n'a plus de famille, plus personne. Il ne sait p...