Chapitre 13

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Une nouvelle semaine commençait. La dernière semaine de Nathan. Peut être la première d'Emma en tant que Sanders. J'avais une semaine pour faire du ménage dans ma vie afin que tout redevienne normal et positif. Je devais me remettre au travail, retrouver une certaine sérénité et éloigner les mauvaises ondes de ma vie. Une bonne fois pour toute. Il fallait que j'affronte mes démons. Que j'affronte Tahlia, que j'affronte Alex. Je n'étais pas ce genre de filles à me battre pour être heureuse mais je ne voulais surtout pas être ce genre de fille qui se fait marcher sur les pieds. Jamais. Plutôt crever.

J'ai donc pris mon scooter, mon courage et ma colère et on est partit tous les quatre au lycée.

La journée s'est passé calmement, quelques paroles inutiles avec Tahlia tel que "Tu as de la colle?" "Quel heure il est?". Ces questions impertinentes et tellement impersonnelles qui font se rendre compte que rien ne sera jamais comme avant.

Les rumeurs sur Alex et moi circulaient déjà mais ça m'était bien égal pour une fois. Le tout, c'était qu'il ne m'approche plus jamais.

Lorsque je suis sorti du lycée pour rentrer chez moi, j'ai aperçu Nathan, au loin, en compagnie d'une fille. Ils avaient l'air, comment dire, proche. Je ne sais pas si c'était leurs façons de s'embrasser goulûment qui me faisait penser ça mais le fait est. Je n'ai pas eu le temps de voir qui était cette fille de loin, et je suis rentrée à la maison.

Papa était déjà rentré, et Emma passait encore une nuit à l'hôpital. Il m'a pris dans ses bras, et je lui ai souri tendrement.

-Comment elle vas Papa?

-Très bien, mais je vais quand même passer la nuit avec elle. Je préfère.

-C'est super ce que tu fais pour elle.

-C'est normal.

-Il faut que je te parle de quelque chose. Papa, je...

Mais le téléphone se mit à sonner.

-Il faut que j'y aille Raph, j'ai un rendez vous chez le banquier, j'avais oublié. Bisous ma puce.

Ce n'était donc pas le bon moment. J'aurai pu insister et lui demander qu'Emma intègre la famille, mais j'ai la fâcheuse habitude de croire au destin. Et c'était un signe. Le signe que ce n'était pas le bon moment. J'aborderai donc le sujet demain.

Quand Nathan est rentré, j'étais en train de préparer le repas. Il a pris une assiette, l'a montée dans sa chambre, et m'a juste dis: bonne nuit. Il faut croire que sa "copine" ne le rendait pas si heureux pour qu'il soit dans une telle humeur.

Mais qu'est ce que je disais, c'était pas sa copine le problème. C'était lui, c'était sa façon d'être, c'était son caractère. C'était les colères qui se cachaient derrière ces jolies yeux, les tristesses qu'il ne laissait pas transparaître. Les mystères qu'il détenait, la face sombre de lui qu'il montrait. C'était ça le problème. C'était tout simplement Nathan, le problème.

Mon problème.

Je suis allongée dans mon lit. Il est 7h45 mais je n'arrive pas à bouger. J'ai mal. Aujourd'hui ça fait 5 ans que maman est partit. 5 ans que j'ai mal. J'ai juste envie de crier. Hurler de toutes mes forces. Je déteste cette journée. Vous savez, tout le monde dit toujours: "Il n'y pas un jour sans que je pense à elle" en parlant de la personne qu'ils ont perdu. Mais c'est faux. On s'habitue à l'absence, il y a meme des journées ou l'on oublie ce que ça faisait, d'être avec elle. C'est ça l'instinct de survie. Mais malheureusement, il y a des journées comme ça ou toute la douleur, toute la souffrance que l'on a bien pris soin d'enfouir au plus profond de nous ressort de toutes ses forces.

J'entend la musique retentir de la chambre d'à côté à un volume inexplicable et j'explose de colère. Je rentre en trombe dans sa chambre quand je l'aperçois torse nu avec un boxer noir. Je lache un "Baisse cette putain de musique" ce qui le fait sourire et m'énerve encore plus. Mes larmes me viennent en un instant. Je ne peux plus me retenir. C'en est trop. Toutes la colère et la peine que j'ai au fond de moi depuis bien longtemps, implose dans un océan de tristesse. Son sourire s'évanoui sur ses lèvres et une émotion traverse son regard que je ne pourrai décrire, de la pitié peut être, ou plutôt de la compassion.

-J'ai pas besoin de ta pitié Nathan, je veux juste que tu coupes le son. Je ne t'aime pas. Je ne t'ai jamais apprécié et ça n'arrivera jamais. C'est plutôt gentil de ma part d'avoir accepté ta présence ici, chez moi. Mais je n'ai pas à supporter tes musiques de merde.

La porte de sa salle de bain s'ouvre et j'aperçois Violette Clord en sous vêtements, tout sourire.

C'est une blague. Je ne peux pas y croire. Il n'a pas osé la ramener la chez moi. Il n'a pas osé me laisser pleurer sans même me dire qu'elle était la. Il n'est pas aussi cruel que ça? Elle me salue de la main mais je ne la regarde pas, je le regarde lui, avec un regard déchiré et méprisant. Je claque la porte, retourne dans ma chambre et m'effondre sur mon lit.

SMOKEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant