Je me réveille en un sursaut. On vient d'arriver à la maison. Je réalise qu'on a même pas eu le temps d'acheter une voiture à Nathan, et lorsque je le lui fais remarquer, il secoue la tête pour me dire que ce n'est pas grave. Il n'y a personne à la maison, je trouve un mot sur la table du salon de Papa qui me prévient que il a emmené Emma au cinéma et qu'ils risquent de manger tout les deux. Je trouve ça adorable. Je pourrait être jalouse, mais ce n'est pas le cas. Cette petite fait du bien à la famille, et Papa lui fait du bien. Je montre le mot à Nathan et il se met à rire, réaction incompréhensible, comme à son habitude.
-Il vas falloir qu'on se fasse à manger, je peux commander des pizza si tu veux.
Il ri de plus belle. Lorsque je fronce les sourcils pour lui demander ce qu'il se passe, il ne me laisse pas le temps de réfléchir et je sens ses deux mains m'attraper par la taille et me soulever sur son épaule. Je lui cri de me faire descendre de la haut mais il est déjà en train de fermer la maison à clé. Lorsqu'il me lache enfin, nous sommes devant la portière de la voiture. Je ne comprend rien mais il m'ordonne de grimper dans la voiture.
-Je ne monterai pas tant que tu ne m'aura pas dit ou l'on vas.
-Raphaëlle, pour une fois, ferme ta bouche.
-Pardon?
-Tu m'as très bien entendu, tu vas arrêter de te comporter comme la casse-couilles que tu es et tu vas monter dans cette voiture.Mon cerveau me hurle de lui cracher à la figure mais chaque parcelles du reste de mon corps me conseille d'y aller, sans broncher. Lorsque je claque la porte, il me regarde, impressionné de ma réaction. Il roule pendant ce qui me parait être des heures, et des que j'essaie de le questionner, il augmente le volume de la radio. Il se gare sur un petit parking et je commence à avoir quelque peu peur de ce qui m'attend. Il descend de la voiture, ouvre ma portière et m'attrape par la main.
-Ca va finir par être une habitude de me prendre par la main, calmes toi Nathan.
-Je ne t'avais pas dis de te taire tout à l'heure? se moque t-il.
-Ah oui c'est vrai, toutes mes excuses.Je ne sais pas si c'est lui ou si c'est moi qui est le plus surpris de cette réponse, mais nous nous mettons à rire comme des enfants. Arrivés dans un coin de rue, il me dit:
-Tu vois ce petit endroit ou il y a des guirlandes là bas?
-Oui. Je mettrai ma main à coupé que c'est un refuge de dealers ou un bar douteux ou il y a ce qu'on appelle poliment des « danseuses », bien que pour moi des femmes qui bougent leurs fesses en sous vêtement soit plutôt des...Il me coupe la parole.
-C'est bon j'ai compris, mais ce n'est pas ce que tu crois. C'est le bar à tapas avec la plus belle vue du monde à mes yeux.
-Nathan, ou est ce qu'on est?
-On est dans la ville ou j'ai grandit, princesse.Je le suit en silence pendant que le mot prin-ce-sse résonne encore et encore dans ma tête et je me met soudainement à l'imaginer petit, avec son skate dans cette petite rue. Et marchant avec son sac à dos pour aller à l'école. Je l'imagine acheter son premier paquet de cigarette dans ce vieux tabac au loin et embrasser sa première copine sur le petit banc en bois recouvert de tonnes d'inscriptions et de dessins.
Quand on passe la porte du restaurant, l'intérieur n'a rien à voir avec l'extérieur. Ce n'est pas très grand mais j'apperçois un énorme jardin avec des tables blanches, vertes, oranges et mêmes roses installées.
Il me laisse un instant et fais une accolade à une des serveuses. Le rouge me monte aux joues, je tente de cacher ma jalousie autant que je peux. Il me fais signe de le suivre et nous nous installons dehors. Je découvre alors une vue imprenable sur le lac Saint Louis. De loin j'aperçois tout Montreal éclairé et sur la terrasse des musiciens sont là. C'est merveilleux.
Il me regarde gentiment et demande:-Ca te plait?
-C'est à couper le souffle. Mais qu'est ce que je fais là?
-C'est mon dernier soir, on ne pouvais pas manger des pizzas sur ton canapé.
-Qu'est ce que je fais vraiment là Nathan? C'est pour rendre tes ex petites copines jalouses?
-La serveuse? C'était ma babysitter. Tu es là parce que c'est un de mes endroits préférés et que j'ai bien peur que tu sois la seule personne à qui j'ai envie de montrer cet endroit.Je me sens tout à coup idiote. Je sais au fond de moi que c'est un garçon bien. Il allume sa cigarette quand l'apéritif et les tapas arrivent. Un élan de courage me vient alors.
-Nathan, tout à l'heure tu m'as dis qu'un jour je fumerai devant toi, lorsque j'aurai confiance.
-Oui, j'ai bien dis ça.
-Le truc c'est que, je n'ai jamais dis que si je ne fumais pas devant toi c'est que je n'avais pas confiance.
-Oui c'est exact.
-Alors pourquoi avoir dis ça?
-Parce que je le sais, c'est tout.Devant mon air interrogateur, il bois une gorgée de bière et continu:
-Il est évident, qu'il y a un rapport avec le décès de ta mère. Peut être qu'elle fumait beaucoup, et que pour te sentir plus proche d'elle tu fais de même.
-Maman n'a jamais touché à une cigarette.
-Alors c'est pire, tu te punis. Tu te sens coupable pour je ne sais quelle raison et ce n'est pas la cigarette qui pourrait te rapprocher de ta mère, mais le cancer. C'est ça n'est-ce pas?
-Tu dis n'importe quoi.
-Et toi tu fais n'importe quoi.
-Nathan, pourquoi ma mère est plus là? C'était quelqu'un de bien. Moi j'ai un mauvais fond, je ne m'attache à personne.Je finis mon verre et me lève de table. Il dépose un peu d'argent et m'entraine à la sortie du bar.
-Et fumer c'est la seule solution que tu as trouvé pour te punir? Pour prendre ta revanche sur le décès de ta mère, c'est ça Raphaëlle, hurle-t'il. Et pourquoi ne pas le faire devant les autres, hein? POURQUOI?
-Parce que...
-Parce que tu as tout de même honte malgré tout. Parce que c'est un moment ou tu te sens proche d'elle. Parce que tu ne fumes pas pour faire la belle devant les gens ou pour te donner un style.
-Parce que je met ma vie entre les mains d'une cigarette. Parce que c'est la seule qui a le pouvoir de me détruire, et que je ne veux plus jamais que quelqu'un d'autre en ai le pouvoir. J'ai aimé, parfois. Et je l'ai payé cher, à chaque fois. Tout le monde est parti, tout le monde m'a abandonné.Je lève les yeux aux ciel pour qu'aucunes larmes ne coulent. Nous rentrons dans la voiture.
-Raphaëlle, quand est ce que tu vas comprendre. Ta mère ne t'a pas abandonnée. Ta mère t'a aimé. Ta mère n'a pas eu le choix.
-Et Tahlia? Et Noé?
-Tahlia n'était pas une réelle amie et Noé fait juste sa vie, comme tu vas la faire. Il sera toujours là.
-Et toi?Son souffle se coupe et ma respiration s'accélère d'avoir osé demander.
-Quoi, moi?
-Tu pars aussi. Je t'ai fais fuir.
-Je ne pars pas à cause de toi. Et pourquoi ça te touche autant?
-Tu sais pourquoi, Nathan.
-Non je ne sais pas.
-Parce que peut être que tu as pris de l'importance.
Il hésite à couper le moteur mais une musique de kodaline retentit et il sait à quel point je l'adore.
Il se gratte la nuque, hésite à démarrer la voiture et partir, mais se rétracte. Sans me regarder, il chuchote:
-J'ai de l'importance?Je lui lève le menton de mes doigts afin de voir briller ses yeux turquoises et je lui murmure:
-Oui Nathan, tu as de l'importance.Avant même d'avoir réalisé l'impact des mots que je venais de lui avouer et de m'avouer à moi même, je sens un frisson parcourir tout mon corps. Il attrape ma tête avec sa main et vient coller ses lèvres contre les miennes. Je sens son autre main se poser délicatement sur ma taille et m'entrainer sur lui. Le volant me tape contre le dos et pourtant je ne sens que sa bouche, ses mains et sa peau collée contre la mienne. Il mordille ma lèvre et je sens alors mon coeur prêt à exploser. C'est fort, c'est beau. C'est tendre, c'est sauvage. C'est romantique, c'est excitant. C'est comme un film, mais c'est réel. C'est Nathan, c'est Raphaëlle. Mais c'est au moment ou nos regards se croisent, qu'on réalise. Il est presque devenu le fils de mon père, il est censé être comme mon frère.
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SMOKE
RomanceRaphaëlle ne sait pas grand chose de la vie, à part qu'elle craint. Passer sa vie à sortir, faire semblant d'être une autre et fumer, c'est tout son quotidien. Nathan vient de perdre son père, il n'a plus de famille, plus personne. Il ne sait p...