Chapitre 6

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Lorsque que j'arrive devant l'école d'Emma, je sent qu'elle commence à être nerveuse. Le fait d'avoir changé de maison lui oblige aussi à changer d'école. Elle me sourit gentiment et sort doucement de la voiture. J'aime vraiment cette petite fille, je la trouve énormément courageuse. Nathan me sort de mes pensées en prenant la place de sa sœur à l'avant de la voiture. Il me dévisage pendant ce qui me paraît être une éternité est fini par rire, rire comme le ferait un stupide petit garçon.

- Tu as du dentifrice de partout se moque-t-il.

Le rouge me monte aux joues et je me jette sur le rétroviseur pour admirer les dégâts. Il continue de rire et même si j'ai beaucoup de mal à l'avouer, je suis heureuse de le voir sourire. C'est un trait de caractère que je ne lui connaissais pas encore. Un silence gênant s'installe ensuite dans la voiture et je me décide enfin à le briser.

- Tu es prêt pour ton premier jour?

- Oui j'espère que je vais me faire pleins d'amis et on pourra faire des goûters d'anniversaires ensemble ce sera trop top!

- Te moques pas s'il te plaît, j'adore les goûters d'anniversaire, dis-je ironiquement.

- Mais oui beauté, évidemment.

Ce petit surnom me met quelque peu mal à l'aise mais je prend sur moi pour ne pas lui montrer. Il me regarde quelques secondes et sors son paquet de cigarette.

- Je peux fumer? demande t'il.

- Oui, mais ouvre la fenêtre s'il te plaît. Dis Nathan, je peux te poser une question?

- Mais regardez ça, ma jolie colocataire veux qu'on deviennent intime, c'est tellement chou.

- Abruti. Je ne suis pas ta jolie colocataire.

- Ah oui excuse moi. Tu es juste ma colocataire. Dire jolie serait mentir.

Je lui fais un doigt d'honneur et monte le son de la radio. Quel débile.

En arrivant devant le lycée, à peine garé, il sort brusquement de la voiture. Ce garçon est réellement un mystère pour moi. Je sors à mon tour et ferme la voiture à clé. Je l'observe de loin traverser le parking en direction du lycée. Je remarque que quelques filles se chuchotent des choses dans les oreilles et le dévisagent de haut en bas. On pourrait croire qu'elles se moquent du petit nouveau mais je sais que non. Je connais par cœur ces regards, mon frère recevait les même. Elles le trouvent beau, c'est certain. Il est vrai que Nathan est le garçon typique qui pourrait faire tomber un nombre incalculable de filles amoureuses de lui. Il est grand, a l'air musclé et à une démarche assez sure de lui, ce qui est, d'après Tahlia: "irrésistible" chez un garçon. Je commence à m'avancer vers le lycée et de loin, je l'aperçois changer de direction. Mais ou peut-il bien aller? Il sèche déjà alors que c'est son premier jour ici. Je déteste tous les mystères qui se dégagent de ce garçon, je n'arrive pas à le cerner. Et ça ne m'arrive jamais.

Lorsque j'arrive dans ma classe, je m'assois à côté de Tahlia et pour la première fois, elle n'a pas l'air très bien. Je la connais, elle me sourit gentiment mais je sais que quelque chose cloche.

- Qu'est ce qu'il se passe Tahl?

- Mes parents divorcent...

- Oh mon dieu...

- Je n'ai rien vu venir... Tout allait bien, je profitais de la vie pendant que leur couple était en train de se détruire, et je n'ai même pas pu essayer de les aider.

- Tu ne peux pas toujours avoir la situation en main, tu ne peux pas toujours être la pour tout le monde. Ce n'est pas ta faute. C'est la faute de la vie, du temps qui passe, de l'amour qui s'enfuit.

Elle détourne les yeux. Je sens qu'elle s'empêche de pleurer. Elle veut rester forte, courageuse mais ses jolies yeux noisettes qui brillent trahissent son mal être. Je ne peux pas la voir comme ça. C'est trop dure. Alors je lui serre fort la main comme pour lui dire que tout s'arrangerait, comme pour lui dire que je serai toujours là. Et son petit sourire témoigne qu'elle le sait déjà.

Les cours se finissent à 12h30 et nous apprenons qu'un de nos professeurs est absent. Nous avons donc notre après-midi pour nous. J'avoue qu'une partie de moi à envie de rentrer à la maison, de dormir et de ne rien faire mais il faut que je reste avec Tahlia. Elle est toujours d'un énorme soutien, c'est à moi de m'occuper d'elle cette fois.

Nous partons alors faire les boutiques toutes les deux, choses que l'on a rarement fait, et nous n'en finissons plus de parler. Je lui racontes la mort de Marco, la peine que j'ai pour Papa et Emma, le comportement de Nathan et les bizarreries de Noé. Je ne suis pas habituée à parler de moi, mais je sens qu'aujourd'hui, il faut que je lui change les idées.

Vers 16h30, je me souviens que je ne suis pas venue au lycée toute seule et qu'il faut que j'aille récupérer Emma et Nathan. Je suis en route pour le lycée quand je réalise que Nathan peut se débrouiller tout seul, et qu'il n'est peut être même pas au lycée puisqu'il a séché. Je change donc de direction et récupère Emma au passage, toute sourire.

- Alors ce premier jour?

- C'était cool, je me suis faites déjà trois copines et je me suis bien amusée!

Je suis vraiment contente pour elle, elle le mérite.

Arrivées à la maison, nous courrons jusqu'à la cuisine afin de prendre le goûter. Je me trouve alors un autre point commun avec Emma, la nourriture. Nous nous engloutissons des tonnes de tartines de Nutella en un temps record et je perçois alors Papa rentrer du travail en vélo. Il a l'air vraiment épuisé et se joint à nous pour ce quatre heure.

- Quelle journée horrible, s'esclaffe-t'il.

- Thierry, est ce que je pourrais-te poser une question?

- Bien sûr Emma, qu'est ce qu'il y a?

- Est ce que on pourrait appeler maman ce soir? Elle me manque un peu.

Évidemment. Quelle pauvre petite fille. Papa m'a raconté hier qu'Emma ne pouvait pas aller vivre chez sa mère parce que celle ci voyageait beaucoup. Il m'a dit que même si Nathan ne lui parlait plus, Emma voyait encore sa mère lorsque celle ci rentrait ici. C'est bien qu'elles restent en contact, c'est bien qu'elle ait une maman.

- Évidemment ma chérie. Je te fais le numéro tout de suite!

Emma se précipite dans le salon et attend que sa mère réponde. Papa me regarde quelques secondes et scrute la maison autour de lui avant de me demander où est Nathan. Je lui réponds que je n'en ai pas la moindre idée et celui ci me fusille du regard.

- Tu aurais pu le ramener Raphaëlle, c'est pas cool du tout. Je n'aime pas quand tu fais ta peste comme ça.

Je lui fais une moue triste. Mais je sais qu'il a raison, je l'ai fais exprès, et je suis plutot fière de moi. J'aimerai lui dire que c'est un idiots, qu'il sèche les cours toute la journée. Mais je ne suis pas une cafteuse, et il m'arrive de faire pareil. Je jette un coup d'œil à Emma qui déborde de joie de pouvoir raconter sa journée à sa mère et soudain, quelque chose me vient à l'esprit.

- Papa?

- Oui?

- Où est ce que vont-ils aller après ces 2/3 semaines à la maison?

- Je ne sais pas, avoue-t'il. Sûrement dans un foyer ou quelque chose comme ça. Leurs grands parents sont trop vieux pour s'occuper d'eux...

Quelle horreur... Pauvre petite fille... Je monte dans ma chambre, pensive et peinée pour elle. Elle ne mérite pas ça, personne ne le mérite évidemment, mais elle n'a que 10 ans. La vie est tellement injuste et sadique. La vie n'a aucune pitié. 

SMOKEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant