Chapitre 15

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J'avais vu son ancienne chambre, des anciennes affaires qui avaient moisis ici

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J'avais vu son ancienne chambre, des anciennes affaires qui avaient moisis ici. J'avais supposé que cet immeuble n'était plus habité à cause des risques d'effondrements. Tout ça m'avait choqué et rendu triste, mais l'état de Justin me prenait aux tripes. Nous étions sortis au bout de quelques minutes, et il s'était assis sur le bord du trottoir pour ne rien faire : à vrai dire, il regardait le vide, et j'avais remarqué qu'il pressait ses mains contre ses genoux pour éviter de trembler. Je faisais toujours ça pour que les autres ne voient pas mon mal-être. Je décidai de m'asseoir à ses coté pour rester avec lui, mais aussi pour mes jambes qui me faisaient mal. Je commençais à m'en vouloir, car j'étais triste pour Justin, mais j'étais heureuse car je me sentais moins seule désormais. C'était comme un mal pour un bien, mais je culpabilisais plus que quiconque.

-Viens, on y va.

Son regard rencontra le mien : il se voila, je retrouvai alors son regard habituel qui me coupait toujours le souffle. Il se leva rapidement puis me tendit la main pour que je l'attrape. Je ne me fis pas attendre et l'agrippai pour retrouver sa peau chaude et douce. Je frissonnai. La petite rue était toujours vide et silencieuse : c'était comme si nous étions seuls au monde. Nous nous dirigeâmes dans le sens opposé pour rentrer chez moi. Je vis Justin regarder une dernière fois son ancien immeuble, puis la rue. Cet endroit avait rouvert une blessure en lui.


*C'était le soir, encore. La nuit peignait sur les façades ses motifs les plus effrayants, dont les couleurs s'étaient éclipsées. Le jeune homme se trouvait dans un petit parc miteux de sa rue, juste à quelques pas de son immeuble. Il était accompagné de personnes de son quartier, des personnes avec qui il partageait une vie semblable. Ils cherchaient les problèmes, ils fumaient, ils n'étaient pas respectueux envers les inconnus, mais Justin savait que ces personnes-là connaissaient la vraie valeur de la vie. Il leur confiait la plupart de ses secrets, car ils étaient identiques à lui : ils souffraient, ils avaient besoin de soutien eux aussi.

-Alors Jay, tu as ramené de la drogue ?

Comme d'habitude, il secoua négativement la tête. Il ne voulait pas toucher à ce genre de chose, de plus, le tabac était amplement suffisant. Il était même de trop.

-Allez, tout le monde sait que tu fais partie de la clique à Carsten.

Son regard se porta sur ses bras, là où ses tatouages étaient exposés : le signe du 18th street Gang ainsi que celui de la clique de South Central. Il porta ensuite son regard sur son ami, Brent, pour l'inciter à le secourir. Lui aussi faisait partie de cet énorme groupe de délinquants.

-As-tu déjà gagné sa confiance, Jay ? As-tu déjà tué quelqu'un ?

Le jeune homme tressaillit. Il ne savait pas quoi répondre, quoi penser. Le regard fixé sur son ami, il se demandait jusqu'où ils devraient aller pour survivre à tout ça. *


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