Je n'ai pas envie d'être un héros.
Le matin, je me cache derrière mes écouteurs dans le bus scolaire rempli à ras bord d'autre lycéens qui se cachent eux aussi derrière leurs propres écouteurs. On écoute tous quelque chose de différent (sauf Lucie et Laura, ces deux là font tout en commun, ça en devient apeurant). Une idée différente passe dans la tête de chacun. Des fois, j'aime me dire qu'à quelque mètres de moi, il y a quelqu'un dans un autre univers.
J'aime beaucoup la chauffeuse Luisa. Elle était mannequin quand elle était jeune, qu'elle répète souvent, et une très douée ! Elle m'a une fois dit qu'elle avait fait la couverture de Vogue et que ses enfants en étaient très fiers. J'aime bien faire sentir à Luisa que je la crois, même si ce n'est pas le cas, parce que c'est important de soutenir les réalités des autres. On vient tous d'un univers différent, non ?
La ligne de mon bus fait pleins de détours inutiles dans des petits villages où deux personnes attendent par arrêt, mais ça ne me dérange pas. Je regarde par la fenêtre les arbres, nuages, soupirs et sourires défiler pendant que le temps danse autour de nous. Parfois, je prends un livre, mais je n'aime pas forcément lire dans ce genre d'endroit. Les livres, c'est mon intimité, et lire face aux autres c'est comme si je me mettais à nu devant eux. Et dieu sait que les autres aiment profiter et se moquer de ceux qui se sont dévoilés, alors je me cantonne à la musique.
Je n'ai pas envie d'être un héros, ni un grand homme, et c'est dans le bus 12 bis que cette réalité me frappe. Je veux être avec les autres, avec ceux qui font la tête, qui rient ou qui copient. Avec ceux qui oublient lentement ou se rappellent trop vite. Parmi ceux qui ont peur et ceux qui s'en moquent. On devrait tous avoir cette chance, non ? Etre la, avec les autres, et avancer ensemble.
La vie paraît tellement bizarre hors du bus, et je comprends que Luisa soit devenue un peu bizarre avec tout ça. Rien qu'au lycée, il se passe des choses que je ne peux expliquer, alors dans la vie... Tout va trop vite en dehors du bus.
Je pense beaucoup et doute que d'autres voient l'engin comme je le vois, mais qu'est ce que cela peut faire ? Ici, je suis dans mon univers, mêlé à ceux des autres dans un cosmos un peu brouillé qu'on appelle l'adolescence. Dehors, je suis seul, j'ai un père qui boit un peu trop et un grand frère qui ne donne plus de nouvelles. Une maman qui n'est pas là et des notes qui ne suivent pas.
Il va bien falloir descendre, à un moment où un autre. Se bousculer et quitter cette singulière bulle pour redevenir nous-mêmes. Ou arrêter de l'être.
En dehors du bus, on est tout seul, et même la plus belle des musiques ne me le fait pas oublier.
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HEYYYYY
Désolé pour cet écart immense entre ma dernière nouvelle (vu la longueur, est ce que je peux les appeler ainsi ?) et celle-ci, mais la suppression accidentelle du recueil, associé à mes doutes, le travail que j'ai à faire et la vie en général ne favorisait pas ma plume.
Me revoilà avec un très court morceau de mon adolescence, encore une fois, qui j'espère vous plaira. Je ne peux pas vous promettre d'écrire à la même régularité que je le faisais pendant les vacances comme je ne peux pas vous dire ce qui fait que j'écrive toutes ces histoires.
Les mots viennent d'un coup, sans prévenir et viennent remplir ma page Word. Je suis moi-même dans mes personnages et à la fois totalement extérieur à eux. Quoiqu'il en soit, ces quelques mots sont comme des témoins de mes pensées, et j'aime les partager.
En vous remerciant de tout vos gentils commentaires,
Hugo
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Morceaux d'adolescence
Cerita PendekRecueil de (très, très) courtes nouvelles sur l'amour, la jeunesse, l'art, les doutes et l'amitié.