Morceaux d'adolescence

Jeunesse désoeuvrée

Je déteste ce genre de soirée.

Nous sommes tous collés les uns aux autres, nos téléphones accrochés à nos mains tandis que du rap passe en fond. Alors que des univers entiers sommeillent en chacun de nos yeux, des murs se forment, que seuls quelques selfies ou cigarettes parviennent à briser.

Est-ça, la nouvelle jeunesse ? Les « j'aime » sur Instagram devancent les longues conversations, les échanges d'idées ? Et ces rappeurs, qui ne récitent que des insultes et font l'apologie de la violence, qui les apprécie sincèrement ? Tant de questions face à une adolescence que personne ne comprends, pas même nous.

Je ne demande qu'à mettre du disco, à danser, à m'amuser. Est-ce si complexe à imaginer ? On préfère se donner un faux air blasé plutôt que de montrer la réalité de nos sentiments : la superficialité apporte cette sécurité. Le fait de s'asseoir sur un canapé, à ne rien faire, sans profiter des autres, est devenu une triste réalité.

Et ces filles, que les garçons ne cessent de maltraiter, insulter, qui se critiquent entre elles. Elles continuent de chercher à se faire désirer par eux, elles ne cessent de s'y attacher. Est-ce du masochisme, ou la révélation d'une réalité, celle où l'on préfère se donner l'illusion d'être aimé plutôt que d'embrasser la solitude ? Je me questionne sans cesse sur ce qui peut bien manquer dans nos coeurs d'adolescents pour qu'on se comporte d'une telle manière, pour qu'on recherche l'amour au mauvais endroit.

Entre eux, les garçons refoulent leurs réels sentiments : il faut savoir être un homme. On touche des fesses, on insulte, on ne dit jamais à personne qu'on les aime, on dénigre nos parents, tout ça dans une profonde et cruelle illusion que cela est normal. Ceux qui sont trop féminisés sont insultés, et ceux qui cherchent à se démarquer sont rejetés.

Les rires sonnent faux alors que la fumée de cigarette quitte nos poumons, et il n'est pas tellement étonnant que l'alcool coule à flots : il nous permet à tous de mieux supporter la superficialité de la réalité de notre génération.