Chapitre 7 : Hôpital de campagne

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— Te voilà enfin ! Entre ! exigea-t-il, sans même un bonsoir.

J'obéis sans dire un mot, oubliant toute la haine que j'avais pour lui, tant j'étais intimidée par la situation. Il ferma la porte derrière moi et j'observai la pièce dans laquelle je venais d'atterrir. C'était une grande chambre, bien meublée avec une salle de bain attenante. Trois hommes, en plus de Clemente, étaient présents.

L'un, grand et élancé, tournait en rond tel un lion en cage. Le second, portant des gants chirurgicaux, examinait le troisième allongé sur le lit, blessé et inconscient.

— Victoire, rejoins le Doc, il va t'expliquer, m'ordonna Clemente sans même me regarder.

Le docteur, un homme dans la cinquantaine, avait des cheveux noirs commençant à grisonner sur les tempes. Petit et souriant, il me semblait peu dangereux comparé aux individus installés dans le salon. Il s'adressa à moi d'un ton doux et posé.

— Désolé de vous avoir fait venir aussi précipitamment, mais comme vous le voyez, les circonstances font que nous avons besoin de vous.

J'observai un instant l'homme blessé. Sur son front perlaient des gouttes de sueur, ses yeux étaient clos et sa respiration saccadée. La situation éclipsait totalement mes inquiétudes et, tout comme lorsque je m'étais occupée de Clemente, je passai immédiatement en mode automatique, prête à aider.

— Comment puis-je vous être utile ?

Le médecin m'indiqua du regard l'homme allongé sur le lit et souleva un bandage gorgé de sang. Je pus apercevoir sur sa hanche un trou sombre causé par un impact de balle.

— On lui a tiré dessus ?

— Oui.

— Et je suppose que, comme pour Clemente, il ne veut pas aller à l'hôpital ?, répliquai-je en jetant un œil à ce dernier qui fixait toujours l'homme dans le lit avec inquiétude.

— Vous avez tout à fait raison, mais le projectile n'est pas ressorti, même si par chance, il ne semble pas avoir touché aucun organe vital.

— Et vous voulez le retirer ?

Le docteur acquiesça.

— Je dois opérer pour extraire la balle.

— Ici ? demandai-je surprise, en désignant la pièce d'un geste de la main.

— Oui, sur ce lit. J'ai une salle d'opération tout équipée dans mon cabinet, mais celui-ci est à plus de cinquante kilomètres et avec la neige, il est impossible d'y aller. Heureusement, j'ai toujours dans mon véhicule pas mal d'outils et d'équipements, dont des champs stériles, mais ce sera une opération de fortune.

— Et quel sera mon rôle dans tout cela ?

— Je ne peux pas opérer seul, j'ai besoin d'aide et vous êtes infirmière, vous êtes donc la candidate idéale.

— Je suis infirmière pédiatrique aux urgences, je n'ai pas mis les pieds au bloc depuis mes études.

— Vous êtes tout de même bien plus qualifiée que l'ensemble des personnes présentes dans cet appartement et je serai là pour vous guider. Comprenez-moi bien, je n'aurais pas demandé à Clemente de vous faire venir si la situation n'était pas si critique, et sachez qu'il a été difficile à convaincre, bien qu'il tienne énormément au patient. Aucun membre de mon personnel n'aurait pu être ici aussi rapidement, nous n'avions pas vraiment d'autre choix.

J'observai cet homme allongé. Il ne paraissait avoir que légèrement plus de trente ans. Ses cheveux noirs relativement longs étaient éparpillés sur le lit. Sur son torse tanné et relativement musclé s'étalaient de nombreux tatouages. Marquer son corps semblait être un effet de mode parmi ces hommes.

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