Je repris le travail le jeudi matin et pendant ma pause déjeuner, la collègue à qui j'avais demandé des informations sur le collaborateur de Clemente m'interpella. Elle m'informa que ce dernier n'avait pas survécu à la nuit de mercredi et était décédé aux premières heures du jour précédent.
— Quelqu'un est venu réclamer le corps ?, l'interrogeai-je.
— Non, et sans son identité, nous n'avons pu prévenir personne. Le corps restera à la morgue pendant une semaine, puis il sera enterré anonymement dans une fosse commune si personne ne se présente. Le connaissais-tu ?
— Pas vraiment, je l'ai juste croisé brièvement et je ne connais même pas son nom. Cependant, je sais qui est son patron.
— Peut-être devrais-tu le contacter. Il saurait probablement qui prévenir. C'est triste de finir de cette manière.
J'acquiesçai, tout à fait d'accord avec elle. Personne ne méritait de mourir dans l'anonymat, sans famille ni des funérailles appropriées.
Après avoir pris un café et un sandwich dans un distributeur de l'hôpital, je m'assis sur un banc à l'extérieur malgré le froid. L'air sec me faisait du bien et m'aidait à réfléchir. Il était fort probable que Nero ait informé Clemente de l'admission de cette personne aux urgences, mais était-il au courant de son décès ? Avait-il prévenu sa famille ? Avait-il même une famille ? J'avais bien trop de questions et pas assez de réponses.
Malgré mon aversion pour Clemente, je décidai de lui envoyer un SMS. J'avais conservé son numéro, bien que j'aie souvent hésité à le supprimer. Devoir le recontacter me déprimait profondément, et je n'éprouvais aucun sentiment positif envers le défunt. Cependant, je savais que si je n'intervenais pas, je m'en voudrais longtemps.
"Bonjour Clemente. L'homme blond qui était dans ta cuisine est décédé hier à l'hôpital où je travaille. Il semble que sa famille n'ait pas été prévenue non plus. Victoire."
La réponse de Clemente, aussi surprenante que cela puisse être, ne tarda pas à arriver.
"Je pensais que nous étions d'accord pour ne plus avoir affaire l'un à l'autre et que tu nous oublies. Nero te l'a déjà rappelé la dernière fois à l'hôpital.
Il n'avait même pas pris la peine de me saluer, du pur Clemente.
"Je ne demande que ça, mais ce serait plus simple si tes problèmes ne me tombaient pas dessus à tout bout de champ. Vous collectionnez les blessures et j'ai l'impression qu'à chaque fois, je finis éclabousser."
Je grognai en lisant le bref message qu'il m'envoya. Un simple "mêle-toi de tes affaires". Je répondis presque immédiatement, ne contenant pas ma colère.
"Ce sont devenus mes affaires quand j'ai croisé cet homme chez toi. Préviens au moins sa famille pour qu'ils puissent prendre en charge son corps et l'enterrer dignement. Et s'il n'avait personne, alors sois responsable et occupe-toi de cela. Il travaillait tout de même pour toi. Ça ne coûtera rien de contacter l'hôpital et d'organiser des funérailles pour lui."
Sa réponse mit plus de temps à arriver que ses précédents messages.
"Il est mort. Il n'en a rien à faire d'avoir des funérailles ou un nom sur sa tombe ! M'occuper de ça n'est franchement pas ma priorité."
C'était un message écrit, pourtant j'avais l'impression d'entendre sa voix agacée et de voir ses yeux froids en le lisant. Il continuait dans sa lancée, me surprenant toujours plus par sa noirceur et sa cruauté. Franchement, à quoi m'attendais-je avec lui ? Clemente n'avait pas seulement un problème avec les femmes, il semblait avoir des soucis avec l'humanité tout entière. Ce n'était pourtant pas trop demander de rendre son identité à un homme décédé. Son manque d'humanité m'écœurait totalement et c'est avec rancœur que je lui envoyai un dernier SMS que je regrettai presque immédiatement.
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Four Aces Of Cards
RomanceLorsqu'un soir Victoire soigne un bel Italo-américain blessé, elle est loin de se douter de l'impact que cet homme aura sur sa petite vie tranquille. À première vue, Clemente, directeur d'un casino, semble être un homme sans histoire et un véritable...